Sous surveillance : Concordski

Concordski / Photo : Clémence Catherine
Concordski / Photo : Clémence Catherine

Qui ?

Concordski, c’était le petit nom moqueur donné à l’avion Tupolev, dont la légende voulait qu’il soit copié sur le fameux Concorde. Si Eugénie Leber l’a endossé, c’est un peu par malice et surtout comme un hommage à des racines russes, familiales et lointaines, perdues dans les limbes de l’histoire. Après une formation académique au piano, plusieurs expériences de bassiste dans diverses formations depuis 2011 (« Quand les copains montaient des groupes, ils étaient contents d’avoir une fille à la basse ») et un déménagement, elle s’est mise à écrire et à composer seule. D’abord à la guitare (« en mode éclaté, garage »), puis avec des synthés, dont le microKORG (« le premier synthé pour plein de gens, compact, facile à prendre en main, avec un vocoder pour s’amuser »), et notamment la réédition du prestigieux Prophet-5le plus beau synthétiseur ») sur lequel ont été principalement composées et jouées les chansons de Concordski. Avec dans ses bagages une tradition post cold wave (« j’aime beaucoup ce que réalise Martial Canterel ou son duo avec Liz Wendelbo, Xeno & Oaklander ») et une certaine admiration pour Etienne Daho, Christophe ou La Femme, Concordski délivre une pop synthétique qu’elle n’aime pas trop voir associée aux années 1980, parce qu’elle se sent bien dans son époque, entre ses collègues contemporaines, proches dans leur démarche, comme Saintes et A Trois sur la Plage.

Où ?

Normandie. Après avoir quitté la région parisienne, Eugénie s’est posée à Caen, derrière l’hôtel de ville où elle a ses habitudes, « avec un bar cool où je passe des disques parfois, avec une vraie vie de quartier ». Elle s’est récemment investie dans Biches Club, réseau de femmes qui œuvrent à la visibilité des minorités de genre dans la musique, à l’exemple de Cartelle à Rennes, une rencontre qu’elle souligne comme décisive dans sa prise de conscience de ces problématiques, ou des Sales Polyvalentes à Lille (dont fait partie l’amie Joni Île). A Caen, Concordski côtoie des artistes telles que Blank \\ ou Querelle, a joué dans Torrent d’amour et suit les aventures des Passagers. 

Quoi ?

C’est d’abord L’incendie, la contribution de Concordski au volume deux de la maison Cartelle qui nous a intéressés. Je qualifiais alors la chanson de « synthpop minimale évolutive » : je voulais dire que derrière la simplicité apparente des premières secondes, se développait une chanson sur un territoire plus vaste que prévu, s’extirpant rapidement de la redite d’un genre codé par un mètre-étalon tel que Suis-je normale de Nini Raviolette. C’est aussi à rebours l’excellent EP éponyme paru sur le label Entre-soi (qui vient de sortir Danse avec les Shlags d’Antonio Emmanuel, d’ailleurs, autre exemple de la façon dont les nouvelles générations s’emparent des outils anciens de la pop), paru en 2022, avec des trucs pop übercool comme Intercité et ses décrochements eurodance (« ça se présente souvent mal, le son des ongles sur le métal »), ou Appolo, synth gazeuse et planante.

Dernière sortie + tube absolu

L’incendie, donc, paru ce mois-ci sur la compilation Cartelle ainsi que sur la fameuse maisonnette de disques caennaise  WeWant2Wecord et son sampler 2024.

Futur Proche

Un EP est prêt, des négociations se déroulent à l’heure actuelle : plusieurs labels sont prêts à soutenir la sortie physique de Salon des arts ménagers, enregistré (pour les voix) et mixé par Cyrill Maudelonde (du Studio Télémaque) qui creuse cette passion pour « la course au progrès ». Des concerts à partir de la rentrée (programmateurs intéressés, c’est par ici : Les Tontons Tourneurs), après avoir surmonté cette petite appréhension de la vie solitaire en tournée, sur la route, « dans la Renault Scenic ».

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