Certains artistes ont le don très rare de ne jamais décevoir. C’est le cas de l’indispensable Simon Love, qui vient tout juste de nous livrer son troisième album solo Love, Sex & Death, sorti sur Tapete Records. Depuis ses premiers pas avec son groupe The Loves, il y a plus de 20 ans, le londonien n’a jamais changé d’obsession : écrire des tubes pops au classicisme assumé, dans le sillage des Beatles, des Kinks, des Monkees ou encore de Bob Dylan, sans renier bien sûr l’héritage britpop. Et comme tous les petits maîtres, Simon Love a su, en s’inspirant de ses idoles sans jamais les singer, développer son propre univers, fait d’humour décalé, d’autodérision, de textes doux-amers et de mélodies immédiatement accrocheuses.
Une fois encore, avec Love, Sex & Death, l’inspiration ne semble pas le moins du monde connaître de baisse de régime. Sur les douze titres de ce nouveau disque, composés aux alentours de 2018-2019 – avant que tout se mette à partir en vrille -, pas un seul n’est à jeter. Et pour tout dire, il y a longtemps que je n’avais pas écouté un aussi bon début d’album. Dès Me And You – authentique tube potentiel, dont le solo de guitare atteint un sommet de coolitude – on est emporté. Suivent alors deux autres petits bijoux pop : I Will Dance, avec sa rythmique Motown et ses guitares buzzantes, puis l’excellent hymne The Fuck Up – dont les chœurs sont assurés par Suzy Borello des Wendy Darlings. (NDLR : le groupe de l’auteur de ce texte) L’esprit des Rolling Stones plane sur North Road, chantée en duo avec la chanteuse d’Allo Darlin’, que l’on confondrait presque avec June Carter. Sur la très catchy You’re On Your Own, c’est plutôt aux titres les plus countrysants de Bob Dylan auxquels on pense, mais aussi au Turner Cody période First Light (2008).
On peut aussi tirer notre chapeau à la superbe ballade The Worst Way to Die, suivie par L.O.T.H.A.R.I.O., un des hits les plus évidents du disque. Les deux titres suivants méritent les même éloges, notamment la très touchante Au Revoir My Dude, que l’on croirait habitée par le fantôme de Ray Davies. Réussite totale pour ce disque printanier qui ravira les amateurs d’orfèvrerie mélodique et d’arrangements somptueux. Ajoutons que cet album doit aussi beaucoup aux fidèles Old Romantics qui accompagnent Simon Love en studio aussi bien qu’en tournée, et qui se révèlent ici au meilleur de leur forme. Section de cuivres avec trompette, orgue, cloches, parties vocales très soignées, Simon Love et ses musiciens ont sorti le grand jeu. Comme nous l’avions déjà précisé il y a quelques années dans Section 26, on imagine tout à fait qu’une chanson de Simon Love puisse se retrouver dans la B.O. d’une bonne comédie romantique. Alors, industrie du disque et du spectacle, si tu m’entends : transforme Simon Love en rock star millionnaire, il le mérite !