Selectorama : Melenas

Melenas

C’était un dimanche. Un dimanche soir plongé dans la correction des cahiers, mais à surveiller d’un œil distrait – est-ce bien sérieux ? – les réseaux. C’est exactement à ce moment-là que j’ai vu passer un lien, posté par un ami sur lequel je peux savoir compter. Un clic. Une claque. Sur la page Bandcamp de Melenas, je tombais directement sur la chanson Una Voz, le genre de petit miracle mélodique que l’on est condamné à écouter en boucle. Dont acte. Et forcément, l’envie d’en savoir plus sur ce groupe né en 2016 à Pampelune, Navarre, patrie d’Indurain chère à Hemingway et (presque) berceau familial.

On découvre alors quatre filles dont l’une porte le prénom que j’aurais souhaité un moment donner à la mienne (et puis, ça ne s’est pas fait, mais ce n’est pas très important) qui jouent une pop décomplexée un peu bruyante et souvent brillante, où les mélodies finissent toujours par trotter dans la tête. Dans la langue de Cervantes, Oihana (guitare, chant) Leire (basse, chœurs), María (clavier) et Laura (batterie) endossent avec une certaine élégance un costume qu’on aurait juré taillé pour les seuls Stereolab. Ce que vient confirmer un deuxième album au titre visionnaire (Días Raros, “jours étranges” en VF), annoncé entre autres par un single empreint d’une nostalgie jubilatoire, No Puedo Pensar. Mais pour mieux cerner les ambitions artistiques de ces demoiselles qui ont rejoint il y a quelques mois l’agence de management des très prisées Hinds et des übercool The Parrots, autant découvrir leurs chansons de chevet. Et ça tombe bien, ce sont souvent les nôtres.

01. Broadcast, I Found The F

Melenas : Découvrir Tender Buttons de Broadcast, l’album qui s’ouvre sur cette chanson, ce fut comme entrer dans un autre univers, un univers fait de synthétiseurs, de rêves et de cette voix, devenue depuis éternelle.

02. Stereolab, French Disko

Melenas : Nous avons peut-être choisi French Disko parce que cette chanson offre tous les ingrédients qui nous rendent folles… Mais de ce groupe, on aurait pu en choisir plein d’autres, Stereolab est un peu la quintessence de notre inspiration…

03. REM, Man On The Moon

Leire : J’écoutais cette chanson quand j’étais gamine, assise à l’arrière de l’Opel Kadett de mes parents. Et puis R.E.M., c’est mon premier concert, je m’étais faufilée parmi les tout premiers rangs et les gars de la sécurité ont dû me sortir de là parce que j’étais littéralement écrasée par la foule qui poussait sans répit… Aujourd’hui encore, cette chanson me donne des frissons.
Laura : Je prends aussi, même si pour moi, cette chanson est définitivement liée aux étoiles de cette nuit d’été qui a marqué la fin de mes années lycée… Et je dois ajouter que dans la vidéo, Michael Stipe est l’être le plus attirant que je n’ai jamais croisé. Il me rend folle, littéralement – si je puis me permettre.

04. B-52´s, Dirty Back Road

Leire : Tout, vraiment tout ce qui concernait B-52’s représentait le monde auquel je voulais appartenir. J’étais complètement fascinée par la beauté de ces vêtements, de ces coiffures improbables et de ces fêtes galactiques, pendant lesquelles je finissais toujours par me marier avec le batteur ou avec Cindy Wilson !

05. Young Marble Giants, N.I.T.A 

Leire : Élégant, sombre, sensible, joli, énigmatique… Rien ne manque, pas même la fumée des centaines de clopes qu’ils fument pendant qu’ils jouent.
Oihana : Dans mon top aussi. La simplicité hypnotique de cette basse si grave combinée à la voix et cette instrumentation un rien rudimentaire rendent l’ensemble énigmatique et fascinant, un ensemble qui se marie à la perfection avec leur attitude sur scène – parce qu’on est d’accord, ils sont géniaux, là, non ?

06. Loquillo Y Los Trogloditas, Cadillac Solitario

Laura : Je devais avoir six ou sept ans et c’est la première chanson qui m’a marquée. Elle m’a permis de rêver à des blousons de cuir, des palmiers et un vol en direction Los Angeles… Je crois que pour la première fois, j’ai été nostalgique de quelque chose que je n’avais pas vécue. Et c’est à ce moment précis que je me suis accrochée aux super-pouvoirs de la musique, celle qui te permet de te téléporter vers d’autres lieux, d’autres époques, d’autres états mentaux…
María : Cette chanson m’a marquée quand je l’ai redécouverte, à mes 26 ans, avec mon amie Silvia… On la chantait à tue-tête au bar Nébula, comme si le monde était sur le point de disparaitre.

07. Teenage Fanclub, Sparky’s Dream

Laura : Une amie m’a enregistré cette chanson sur une cassette, nous avions seize ans et je me souviens très précisément du moment où ces guitares lumineuses ont retenti dans mon casque : je me suis comme mise à planer, ça m’a donné un shoot de puissance et de joie infinies. À chaque fois que j’écoute cette chanson, j’éprouve la même sensation… Et puis, elle me renvoie directement à une période très cool de mon adolescence et à un élément essentiel de la vie en général, les amies.

08. The Magnetic Fields, I Don’t Want To Get Over You

Oihana : Entre nous, il existe quelqu’un qui écrit de meilleurs textes sur l’amour que Stephin Merritt ? On est au sommet de la pop. Des mélodies précieuses et cette voix qui te susurre des histoires qui te frappent en plein cœur : et voilà, tu es heureuse, en train de chanter et danser alors qu’en même temps, tu chiales toutes les larmes de ton corps. Et ça, c’est une formule toujours gagnante…
María : Impossible de ne pas partager cette chanson… Peu importe que je me sente bien ou mal, je finis toujours par pleurer quand je l’écoute. C’est tellement facile de s’identifier aux paroles et d’imaginer la personne qui te fait ressentir tout ça…

09. Carole King, A Road To Nowhere

Oihana : Dès que mon ami Tamu me l’a fait découvrir, j’ai su que j’allais aimer cette chanson pour toujours. Carole King est une référente absolue : une femme forte qui compose et joue au piano des chansons magnifiques… Des concerts des années 1970, quand elle était toute jeune, à aujourd’hui où à 80 ans, elle interprète chez elle So Far Away – alors que tout le monde est confiné – et la partage sur son compte Twitter, il existe un magnétisme et pouvoir dingues. Carole King a tout pour elle.

10. The Goon Sax, Sweaty Hands

María : D’accord, il ne veut pas sortir avec moi et donc, on fait quoi ? Eh bien moi, je m’écoute Sweaty Hands de The Goon Sax et je me délecte de ces instants amers et douloureux… La ligne de basse est un délice qui avec les paroles, me touche profondément : je n’en reviens pas qu’il existe des choses aussi belles en ce bas monde…

EXTRA BALL
Los Trotamúsicos, Los 4 músicos de Bremen


Melenas :
Et après tant d’intensité, il est temps de passer à confesse et d’avouer qu’en vrai, on adore cette chanson…  “1, 2 , 3, 4, nous quatre, quatre meufs, folles les quatre, la vie est une récréation, la vie est une chanson” !

Días Raros des Melenas est disponible sur Trouble In Mind ou via leur Bandcamp.

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