Selectorama : Magon

Magon / Phooto : DR
Magon / Phooto : DR

Les astronomes savent que parmi les innombrables corps célestes qui peuplent la galaxie, se trouvent des planètes dites « vagabondes », mondes libres et solitaires qui ne sont rattachés à aucune étoile mère, mais qui errent dans l’espace à leur propre guise. Magon est une de ces planètes. D’abord parce que cet Israélien de parents irakiens, qui a vécu a Paris et a déménagé au Costa Rica semble avoir choisi d’être citoyen du monde, et par ailleurs parce que sa musique ne semble appartenir à aucune chapelle. Si on devine certaines de ses influences, aucun mimétisme n’est à déplorer. On est loin de ces groupes qui cochent toutes les cases d’un genre et auraient pu être générés par quelque CHAT GPT indie. Au contraire, Magon a sa propre identité, multiple certes, mais toujours singulière et cohérente. Écoutons par exemple King Of Nothing – qu’on trouve sur le premier album Out in the Dark sorti en 2019 -, titre proche de l’univers des Pixies période Bossanova, avec ses suites d’accord digne du Black Francis des meilleurs jours, morceau dont le chant, dans la partie finale, rappelle Jonathan Richman et ses Modern Lovers. L’esprit de Joey Santiago se retrouve également dans le son de guitare de l’excellente Forever de l’album In the Blue (2021), mais pour ma part, c’est avec l’hypnotique Right Here apparaissant sur le LP Did you Here the Kids sorti en2023 – genre de morceau qui donne envie de rouler sur une autoroute perdue lynchéenne – que je me suis laissé convaincre par Magon. L’irrésistible Stoned Seclusion Blues – single extrait de l’album World Peace à paraître dans le cours de ce mois de décembre -, rappelle quant à lui le meilleur de Ride et de la scène baggy mancunienne et montre la prédisposition de Magon pour la métamorphose. On signalera aussi la somptueuse Breaktrhough Blitz – qui apparaît sur The Writing’s on the Wall sorti en 2024, morceau qui empiète sur les plates-bandes de Pavement, et dont le pont s’avère d’une rare classe. Tous les disques de Magon sont truffés de petites surprises réjouissantes de la même eau et la prolixité de ce garçon talentueux laisse espérer un avenir fécond. Voici aujourd’hui dans Section 26 une sélection par Magon de quelques unes de chansons fétiches qui ont participé à la formation de sa sensibilité.

01. David Essex, Rock On


Ce morceau a toujours eu une longueur d’avance sur son temps. La ligne de basse hypnotique et l’interprétation de David Essex créent une ambiance à la fois intemporelle et futuriste. C’est une chanson vers laquelle je reviens sans cesse, un rappel de la force de l’innovation quand elle semble si simple en apparence.

02. The Incredible String Band, Air


J’ai découvert cette chanson en regardant le film Taking Off, dans la fameuse scène où l’on apprend “comment fumer un joint”. C’était une de ces combinaisons parfaites entre musique et images qui restent gravées en mémoire. The Incredible String Band est l’un de mes groupes préférés, et ce morceau reflète parfaitement leur énergie mystique et unique.

03. Love, A Message to Pretty


Il y a une tendresse et une simplicité désarmantes dans cette chanson, qui la rendent profondément personnelle. J’ai toujours admiré cette clarté émotionnelle, et je réfléchis sérieusement à l’idée de l’inclure dans un de mes prochains albums sous forme de reprise. C’est ce genre de morceau—un classique discret qui résonne encore et encore.

04. Jackson C. Frank, Yellow Walls


La musique de Jackson C. Frank a cette qualité brute et sincère que j’admire beaucoup. Yellow Walls donne l’impression de plonger dans les souvenirs de quelqu’un, à la fois vifs et mélancoliques. C’est une chanson qui me rappelle la beauté que l’on peut trouver dans la fragilité.

05. Moby Grape, 8:05


C’est l’une des chansons les plus magnifiquement mélancoliques que j’aie jamais entendues. Elle capture un instant fugace, comme voir le lever du soleil après une longue nuit. Sa brièveté la rend encore plus précieuse—elle dit tout ce qu’elle a à dire en moins de trois minutes.

06. The Incredible String Band, Painting Box


Encore un chef-d’œuvre de The Incredible String Band. Cette chanson ressemble à un tableau surréaliste qui prend vie, riche en couleurs, en textures et en émotions. Leur capacité à créer des mondes entiers à travers une chanson est quelque chose que j’admire profondément et que j’essaie de recréer dans ma propre musique.

07. Mark Fry, A Norman Soldier


L’album Dreaming with Alice de Mark Fry est un véritable trésor caché. A Norman Soldier possède cette qualité onirique et vaporeuse que j’adore. C’est à la fois délicat et mystérieux, comme entrer dans les pages d’un vieux conte oublié.

08. The Beatles, Flying


Les Beatles ont toujours été une source d’inspiration pour moi, et ce morceau instrumental ne fait pas exception. Il est à la fois ludique et onirique, prouvant une fois de plus que la musique n’a pas toujours besoin de mots pour évoquer des images et des émotions fortes.

09. Frank Zappa & The Mothers of Invention, Trouble Every Day


La critique acerbe de Zappa et l’énergie implacable de cette chanson sont incroyablement puissantes. C’est un rappel du pouvoir de la musique pour affronter des vérités dures, sans concession. À chaque écoute, ce morceau me pousse à réfléchir plus profondément sur le monde qui m’entoure.

10. Raimon, Som


La musique de Raimon est de la poésie pure. Sa voix porte une telle intensité émotionnelle, même si on ne parle pas couramment le catalan. Som m’inspire à aller plus loin dans ma propre narration, me rappelant l’importance des racines et de l’authenticité dans l’art.


World Peace par Magon est sorti et disponible via son bandcamp.

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