Selectorama : Julien Gasc

Julien Gasc
Julien Gasc / Photo : collorantstudios

Pour fêter la sortie de son troisième album solo, (L’appel de la forêt, ce vendredi 31 janvier sur Born Bad Records), nous avons demandé à Julien Gasc (membre d’Aquaserge, entre autres) de nous donner son Selectorama. Ceux qui connaissent l’animal savent que sa culture musicale est impressionnante, et particulièrement en matière de pop. Gasc est un vrai boulimique de musiques, de films, de littérature, d’art. Ses influences sont palpables, mais jamais écrasantes. Son Selectorama reflète assez bien ce qui fait la quintessence de sa musique : de la pop électronique brésilienne qui rend lascif, des vocaux soul pour garder la joie, du soft rock pour sangloter, du bricolage pop pour faire la fête… En attendant de vous parler un peu plus de L’appel de la forêt dans les jours à venir, voici donc onze titres qui ont inspiré cet enfant des bois.

Pour les bruxellois (ou pour ceux que la route n’effraie pas) : il y aura deux releases-parties au lieu Un Peu, à Bruxelles, Julien Gasc jouera accompagné de tous les musiciens ayant participé au disque vendredi 31 janvier et dimanche 2 février, et seront exposées les oeuvres de Sophie Vendryes, qui a réalisé la belle pochette de « L’appel de la forêt » . (info : https://www.unpeu.info/).

Teto Preto, Pedra Preta (2018)

Parce que la musique populaire brésilienne n’a jamais été aussi riche depuis que les généraux sont au pouvoir.

Système, Système (2016)

C’est la femme que j’aime qui m’a fait découvrir ce disque étonnant, autour d’un verre de vin et d’une cigarette dans le salon de mon appartement.
« Bien qu’uniquement à l’origine de la dégénérescence des systèmes technologiques primaires, les hommes se félicitent de la grandeur de notre système. Cette dérive de leurs croyances est une source d’énergie, pour l’heure, intarissable. Notre organisme global est, aujourd’hui, en mesure de faire évoluer les hommes hors des contraintes de l’existence. Ils sont prêts pour ce service à sacrifier leur raison, leurs passions, leurs folies. Les hommes se laissent encore séduire par leur insensé. Ceux qui n’ont d’adulte que l’adultère, ceux qui trompent leur instinct avec leur volupté volatile, ceux-là même sont perdus aux yeux des maîtres de la vie. Nos commutateurs se nourrissent de l’inconscient des hommes. Le design parfait de nos prismes optiques ne renvoie l’unique et transcendante beauté de la transparence. Hier encore, les êtres humains évoluaient le pied sur terre guidés par l’existence. A une certaine époque, ils étaient maîtres d’un ensemble d’étranges contraintes qu’ils nommaient l’Art de vivre. »

Lesley Duncan, Love Song (1970)

J’ai bossé l’année passée avec les amis Aurélie Mestres et Rick Walker en studio, ce dernier nous a parlé d’un projet autour d’une seule et unique chanson, et il nous a proposé d’enregistrer une version en français. Le projet s’appelle 100 Love Songs. Moonboots, qui est dj et qui s’occupe du label Aficionado Recordings à Manchester compile depuis plus de dix ans des versions de cette chanson. Il va bientôt sortir ce livre, ce disque et peut-être aussi un documentaire filmé autour de cette gemme.

Sault , Don’t Waste My Time (2019)

Ne gâche pas mon temps, ça claque bien comme titre. C’est Narumi qui m’a fait écouter ça avant qu’elle parte en tournée en Chine et au Japon.
C’est funky fresh quoi, on en a besoin en ce moment.

 The Moments, If I Didn’t Care (1970)

Le groupe que j’ai le plus écouté depuis un an et demi, il a même accompagné mes séances d’écriture « cut-up » pour l’élaboration des textes de l’album L’Appel De La Forêt. J’avais à la base pensé écrire l’entièreté du disque en anglais d’ailleurs, je me suis arrêté à six, sept essais, puis j’ai tout repris depuis le début en français. Cette chanson est tirée de A Moment With The Moments produit en partie par la légende Sylvia Robinson, qui devait adorer faire chanter les hommes dans les suraigus à l’époque. Il y a plein de trouvailles dans ses productions pour Stang Records, puis quelques années après ça elle a monté Sugar Hill Records. Merci pour tout Madame Robinson.

Tipsy, Hey ! (2000)

Tiré de leur disque Uh-Oh !, besoin de fun et de musique bricolée, besoin de pochette multigenre, besoin de me remettre sur la platine ce que j’écoutais il y a vingt ans.

Marker Starling, Playin’ Along’ 99 (2017)

Mon cher ami Chris Cummings que j’aime et qui me manque, en attendant la sortie de son nouvel album produit par Sean O’Hagan, voici un petit rappel, selon moi il est l’un des meilleurs auteurs-compositeurs du nord-est américain. C’est simple, le gars écrit classique sur classique depuis des années. On a fait deux dates ensemble dans son fief en Ontario il y a deux ans, c’était drôle.

The Impressions, Fool For You (1968)


« Je n’ai jamais aimé personne
qui soit méchant avec moi
j’ai le cœur plein de pierre
et je déteste la misère
après tu es arrivé
tu m’as encore plus détruit
fait monter le labeur et le conflit… »

Pipes You See Pipes You Don’t, Karaoke Free (2001)

Une chanson de Peter Erchick, encore un auteur bien trop sous-estimé. Il jouait notamment avec The Olivia Tremor Control, groupe qui m’a sauvé la vie quand j’étais ado. J’ai eu la chance de le voir deux fois en concert à New York, lors de la réunion des groupes d’Athens Georgia. Le groupe s’appelait Elephant 6 Holiday Surprise Tour, ils étaient une douzaine sur scène au max. Ils jouaient deux heures et demi chaque soir, sacrés moments de grâce.

The Flaming Lips, Lightning Strikes The Postman (2016)

Les rêves d’enfant-adultes feront toujours des bonnes chansons. J’aime cet album, j’aime cette chanson, j’aime ce groupe.

The Beach Boys, It’s Over Now (1993)

Comme écrire votre journal et le mettre en musique, comme le rendre magique. J’ai découvert cette chanson il y a à peine deux mois et depuis elle ne me quitte plus. J’adore le pont à 1:38, une de mes voix préférées, c’est celle de Marilyn Wilson-Rutherford, le moment ou elle débarque reste haut, haut là-haut, le temps s’arrête un instant.

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