En six albums et désormais dix ans de carrière, le groupe originaire de Melbourne aura marqué son époque. Post-punk anxiogène et cold wave narcotique avant tout le monde (ou longtemps après), Albert Wolski aime injecter de-ci de-là quelques doses de dub, de free-jazz ou de rythmes motorik, histoire de ne pas filer droit et de forger une véritable identité sonore à un groupe reconnaissable entre mille et qui n’a pas d’égal. L’an dernier, The Map And The Territory (coucou Michel) a encore franchi un palier avec un album où Wyatt et Eno semblent convoler en de justes noces cotonneuses. Pour célébrer leur tournée européenne, on a décidé de s’adresser à lui pour savoir ce qu’il écoute ces temps-ci, jusqu’au fond de son van.
01. Armand Schaubroeck Steals, Buried Alive
Ce titre est dingue. La mélodie est plutôt belle, et comprend des « ooohs » interprétés par un chœur féminin avec un type fou qui gueule par-dessus. C’est en gros du rap. Si vous n’êtes pas familier avec ça, jetez une oreille à l’album. Il s’appelle Ratfucker, et date de 1978.
02. Loose Fur, You Were Wrong
Loose Fur est un projet parallèle de deux mecs de Wilco et Jim O’Rourke. Les albums sont un peu inégaux, mais ce morceau a d’excellentes parties de guitare. Je pense qu’ils bastonnent l’harmonie et que le timbre est assez discordant, mais c’est finalement très beau. J’ai un point faible pour Wilco depuis avoir écouté ce délire krautrock de 10 minutes sur A Ghost Is Born called Spiders (Kidsmoke). Ça vaut le coup d’écouter celui-là aussi car il comporte un des plus grands solos de guitare de tous les temps.
03. Black Sabbath, It’s Alright
Sur leur septième album Technical Ecstasy, le batteur Bill Ward a tenté le coup d’écrire et de chanter sur un morceau. Et il s’avère que c’est peut-être l’un des meilleurs morceaux de Black Sabbath à cette époque. Je ne me suis jamais trop aventuré après les cinq premiers albums, donc découvrir ce bijou a été une vraie surprise. C’est une superbe ballade qu’on pourrait presque imaginer sur un album des Wings.
04. Błoto, Prostactwo
Je me prends toujours la tête sur ces mecs. Du coup, celui-ci est un projet parallèle des membres de EABS de Wrocław en Pologne. Ces types sont évidemment très talentueux, et connaissent bien leurs instruments. Mais sur cet album, j’ai l’impression qu’il y a un peu plus de retenue que sur ce que j’ai pu écouter de EABS. Pour le ramener à quelque chose, ça sonne comme des instrumentaux de Kool Keith des années 90. Vraiment génial.
05. Nisennenmondai, Destination Tokyo
J’ai vu ce groupe un certain nombre de fois, dans trois continents différents. ils jouent des boucles de guitares sur des rythmes solides de krautrock. Le batteur est minuscule, mais quel plaisir à le voir jouer. Il vole un peu la vedette. Dommage qu’ils ne jouent plus. Ce titre est une bonne entrée à leur musique si vous êtes curieux.
06. Fabulous Diamonds, untitled
Ce morceau nommé untitled track se réfère au premier titre de leur second album Fabulous Diamonds II. Toutes les chansons de cet album s’appellent untitled, donc ne vous trompez pas en écoutant les autres morceaux untitled. Je plaisante, ils sont tous bien. Je suis sur que les Fab D’s en ont assez qu’on les qualifie d’hypnotiques, mais je m’en tiens à ce terme pour décrire ce titre.
07. Pulp, Wickerman
Sur leur dernier album studio de Pulp produit par Scott Walker, ce morceau est particulièrement scottwalkeresque, dans le sens orchestral. Et Jarvis Cocker amène un baryton aérien qui évoque une rivière dangereuse.
08. Lewsberg, Cold Light of Day
On a eu le plaisir de jouer dans un festival aux côtés de Lewsberg lors de notre précédent tour en Europe. Ils étaient formidables en concert, mais le guitariste qui restait planté comme une statue durant tout son set était plutôt fascinant. C’était assez drôle d’entendre cette chanson débouler dans une scène du biopic d’Alan McGee il y a quelques années. Creation Stories n’était absolument pas un film mémorable, mais entendre ce morceau dans une scène de fête était définitivement un de ses points culminants.
09. Eternal Dust, Candy
Eternal Dust se sont malheureusement séparés peu de temps après la sortie de leur premier album. Un très bon groupe de Sydney, un peu goth sans l’être. Pensez aux Smiths en termes de jeu de guitare riche, mais avec des vocaux féminins qui vous tournent la tête.
10. William Doyle, And Everything Changed (But I Feel Alright)
Un ami m’a fait écouter ce morceau alors qu’on était en train de boire dans son atelier d’artiste, et je lui ai immédiatement demandé de le rejouer. Encore et encore. William Doyle est basé en Angleterre et vient juste de sortir un nouvel album qu’il faut que j’écoute. J’ai pas mal de temps à tuer dans le van pendant la tournée donc je le ferai certainement à ce moment-là.
Un très beau choix très inspirant de morceaux.