Aurait-on oublié ce grand groupe anglais ? Surtout pas ! Dans les années 90 et 2000, Pram jouait entre les genres et faisait découvrir des pans entiers d’innovations musicales. Toujours stimulante et hautement psychédélique, leur musique est à entendre ce mercredi 20 à Petit Bain. À l’occasion de ce concert rare, nous rééditons une chronique d’époque, sur un disque sublime et toujours d’actualité. Au diapason des frontières.
Il y a toute une flopée de personnes plus ou moins bien intentionnées qui rêvent, nuit et jour, de posséder la même discothèque que Pram. On se demande bien pourquoi : ils devraient se contenter des albums du groupe et, surtout, de ce petit dernier. La sympathie avouée pour Pram trouve ici, une fois encore, de quoi être confortée : synthétisant krautrock, jazz modal, musique électronique et pop, The North Pole Radio Station étale sur ses neuf morceaux, les preuves irréfutables de la maturité galopante d’un groupe hautement intéressant et qui, au fil des ans, semble de moins en moins préoccupé par ses influences. Les soucis premiers du groupe sont teintés d’un humour tragique : ce groupe, on le sent bien, joue comme il vit, et le titre même de The Doors of Empty Cupboards ne semble être rien d’autre qu’un commentaire désabusé sur la survie en milieu musical. Le ventre creux, Pram se forge, au fil des disques, une identité, c’est à dire un son et une empreinte qui fondent ici l’une des architectures musicales les plus attachantes et intéressantes de l’univers de l’après-rock. Les morceaux du groupe oscillent en permanence entre chamanisme rituel pour film d’horreur atmosphérique et ritournelles quasi-mécaniques, composées pour d’anémiques danseurs de samba. Tendus et inquiétants, ils ramènent la musique vers ses origines les plus rudes, quelque part entre Noah Howard, Ennio Morricone et Herbie le Robot !