Enregistré dans une caravane, le premier disque solo de Nick Power des The Coral est publié ces jours-ci pour la première fois en physique via AV8 Records. Un excellent prétexte pour évoquer de nouveau ce joli disque sorti en 2017.
De 2002 à 2007, les The Coral ont enregistré cinq albums. Un disque par an (si les mathématiques ne nous trompent pas). Et quels disques… Sans l’arrogance des Gallagher et sans la malchance des Head, ce groupe de Hoylake a permis aux fans d’Oasis de sortir des années 90 et aux adolescents des années 2000 de retourner dans le passé avec quelques références dans les poches. Mais quel était le secret de jeunesse de ces Scousers ? Comment expliquer ce rythme effréné ?
Le soutien de leur label Deltasonic et la présence du Lightning Seeds Ian Broudie ne pouvaient pas tout expliquer. L’étude scrupuleuse des livrets des albums permettait de percer le secret de ce groupe. L’écriture des chansons, si elle était, et est toujours partagée, est dévolue en grande partie au plus discret du groupe, à savoir Nick Power. Dissimulé par sa casquette, assis derrière ses claviers, Power est le plus souvent caché par l’ombre des guitaristes du groupe. Mais, pour ainsi dire, c’est lui qui tient (en partie) la boutique.
Cet aspect des choses se révèle évidemment avec le disque Caravan. Enregistrées dans un isolement relatif, les chansons sont dans la droite lignée de la philosophie d’un certain Lee Mavers, à savoir l’épure. Les conditions d’enregistrement y sont certes pour beaucoup. Mais des chansons comme Hurricane ou comme Jennifer Said produisent les mêmes vagues mélancoliques que celles provoquées par les La’s.
La tricherie est impossible avec ce genre d’aventure solo. Aucune esbroufe. Aucun bluff. Si la chanson ne tient pas, si l’écriture se fait paresseuse, l’écoute se révèle laborieuse voire impossible. Lee Mavers ne pouvait pas tricher. Il ne l’a jamais fait d’ailleurs. Nick Power est fait du même bois et tient ici une ribambelle de belles chansons. Ce disque avait été un des plus beaux disques de l’automne 2017. Sa réédition vient de le propulser comme l’un des disques de l’été 2022.
