Neil Young, Oceanside Countryside / 1977 (Reprise Records)

Neil Young, Oceanside CountrysidePeu à peu, au fil d’un programme de rééditions (mais est-ce bien le mot ?) dont la forme et le calendrier échappent à toute espèce d’entendement, le halo de brume qui enveloppe une partie de la discographie de Neil Young semble enfin se dissiper. On le sait, l’homme est sujet aux toquades, caprices, volte-face et autres sautes d’humeur. Ce fut particulièrement vrai au milieu des années 1970, époque erratique sur le plan personnel, mais plutôt féconde d’un point de vue artistique. Ainsi, multipliant projets, collaborations et sessions d’enregistrement, Neil Young fit provision d’un riche corpus de chansons, avec lesquelles il entreprit d’assembler plusieurs albums. Certains, tels American Stars ’n Bars (1977) ou Comes A Time (1978) virent bel et bien le jour. D’autres, pour des raisons pas toujours très claires, furent tout bonnement enterrés. Homegrown (1974), Chrome Dreams (1974-77), Oceanside Countryside (1977)… autant de disques fantômes, longtemps objets de fantasmes pour les fans, même si l’essentiel de leur matière, déjà pas mal piratée, finit par émerger ici et là, au gré des humeurs fluctuantes du Loner. Il est des gens, comme lui, avec qui rien n’est jamais simple. Oceanside Countryside, donc… Retoqué en 1977, l’objet ressurgit ces jours-ci, dans une mouture différente (track listing, mix…) de celle incluse dans le plantureux volume III des Archives, mais dont Neil Young nous assure qu’il s’agit cette fois de celle qu’il avait en tête à l’époque. Comme son nom l’indique, le disque se scinde deux parties plus ou moins distinctes : une première face acoustique, enregistrée en Floride, au bord de l’océan ; une seconde plus étoffée en termes d’instrumentation, pour l’essentiel mise en boîte à Nashville, Mecque de la musique country.

Neil Young
Neil Young / Photo : DR

Pour compliquer le tout, certains morceaux (Goin’ Back, Human Highway) de la première face furent plus tard retravaillés dans l’esprit de la seconde, avec l’apport des chœurs de Nicolette Larson, brève petite amie du moment. En cela, Oceanside Countryside peut être considéré comme un brouillon du très soyeux Comes A Time, une sorte de premier jet sans doute plus spontané, à défaut d’être véritablement achevé. Un album dont les fans connaissent déjà toutes les chansons, mais qui ne s’adresse qu’à eux. Ils l’achèteront pour la pochette, une superbe photo du chanteur en mode space cowboy, pour le son, purement analogique, et puis, quand même, pour la musique, cet hybride hyper inspiré de folk et de country dont Neil Young faisait alors son beurre. Et tant pis pour les âmes chagrines, qui trouveront forcément à redire sur le procédé consistant à remettre tant et plus les mêmes morceaux (Captain Kennedy, Dance Dance Dance, Pocahontas…) sur le marché. Après tout, et qu’on le veuille ou non, c’est ainsi que Neil Young est grand.


Oceanside Countryside par Neil Young (1977), vient de sortir chez Reprise Records

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