Je ne sais plus comment le lien est arrivé dans mon champ de vision virtuel, je ne sais pas plus pourquoi j’ai cliqué – ou peut-être que je sais finalement : parce que la consonance hispanique du nom, parce qu’un sixième sens, ce drôle de sixième sens qui me guide toujours en aller simple vers des chansons taillées sur mesure, des chansons coup de foudre. Je me souviens très précisément de quelques « dernières fois » : à peu près dans le désordre, Swimming d’Ultracrush, Not Going Back d’Henry Nowhere, Una Voz de Melenas, After You’ve Had Your Fling de The Intrepids, Everything I Wanted de Billie Eilish, des chansons qui tournent depuis en boucle. Des chansons dont on ne se débarrassera pas. Un dimanche, sans doute pas bien différent d’un autre dimanche : c’est un jour comme ça que le lien en question s’est offert à moi ; c’est un jour comme ça où j’ai décidé de cliquer ; c’est un jour comme ça où j’ai entendu une guitare en apnée qui portait beau la mélancolie, une basse à la puissance discrète, un clavier en guise de ligne de nouvel horizon, une batterie qui fait battre le cœur au ralenti – un cœur qui pourtant s’emballe –, des effets au charme suranné enrobant une mélodie comme en apesanteur. Une de ces mélodies qui flotte, un peu cotonneuse, un peu rêve éveillé, un rêve porté par deux voix qui n’en font qu’une, deux voix d’une mixité parfaite. Alors, Medusa est à la hauteur de sa réputation, une beauté folle donc, une beauté à laquelle on ne résiste pas, en particulier si Souvlaki de Slowdive est déjà assez haut dans votre Panthéon.
Depuis, j’en ai appris un peu plus, vu un premier concert un rien chaotique et donc parfait, compris qu’il s’agissait d’un trio clermontois qui se métamorphosait en sextette sur scène (et que seule la chanteuse était vierge de tout passé musical), écouté deux autres chansons – et avec Michel, nous avons pensé très fort aux Américains de Minks, ce qui venant de notre part, est sans doute l’un des plus beaux compliments qu’on puisse faire entre deux verres d’une soirée d’amitié… Depuis, Medusa de Montañita s’est installée dans un quotidien entre deux eaux. Et prend comme un malin plaisir à diffuser son spleen en guise d’idéal.