Depuis 20 ans, Hypnolove cultive les grands écarts. Dès leur premier maxi hors commerce playlisté par le producteur vedette Jacques Lu Cont sur son mix FabricLive 09, les têtes pensantes du trio formulent une pop vitalisante aux meilleurs extraits de leur discothèque personnelle. Une sorte de touche française ouverte au vent du large, qui sait donc trousser régulièrement des hits mineurs : Eurolove donc en 1996 déjà à Mademoiselle en 2005, Holiday Reverie en 2011 jusqu’à La Piscine en 2016.
Si Henning Specht, l’âme allemande de la bande déplacée à Berlin, délivre de magistraux mais trop confidentiels recueils en solitaire, quelque part entre Robert Wyatt et François de Roubaix, tout en participant aux Desdemonas, le projet organique du manitou techno multicolore Matias Aguayo ou à d’autres projets plus synthétiques, il retrouve ses compères toulousains Thierry Moreira et Nicolas Sentenac pour continuer l’impeccable discographie d’Hypnolove. Le résultat est ce troisième et dernier Lp, Plexus, qui fait la part belle cette fois au chant en français, érotomane et lent dans l’esprit de Gainsbourg ou de Max Berlin, notamment sur ce titre en ouverture dont le phrasé résonne à la manière d’une version baléarique du Paris de Taxi Girl. Le néon grésille et le gin tonic se renverse sur le smoking blanc cassé des mélancoliques mal assurés. tension langoureuse sur le dancefloor usé de Marbella, que seul Somebody Else, en collaboration avec Cola Boyy, recouvre d’une note positive de soleil californien. C’est bien le côté sombre de ce paysage tropical et nocturne qui illustre cette mixtape concoctée pour Section26, comme l’exact négatif de la pochette de Club Tropicana de Wham!, dont Blue, la face B du disque, apparaît un moment dans la sélection du groupe toulousain. Blue-eyed soul, afro pop, hip-hop de lover, autotune funky, roucoulade ritale et j’en passe, en avant sur la piste sentimentale d’Hypnolove.