Cette chanson, racontent-elles, elles avaient l’habitude de danser dessus dans les clubs où elles sortaient plus jeunes – comme si elles étaient âgées ! –, à Pampelune, la capitale navarraise. Cette chanson, continuent-elles, fait l’unanimité au sein du groupe, ce groupe qu’on a découvert un dimanche d’automne 2017, étourdis par les accords à cœur et les guitares tourbillonnantes de Una Voz, pierre angulaire d’un premier album qui laissait voir la vie en rose. Depuis les quatre amies ont réalisé une suite épatante publiée au printemps 2020, dont le titre s’est avéré trop visionnaire — Días Raros, “Jours étranges” en VF.
Aujourd’hui, alors qu’elles reprennent enfin le chemin des concerts – avec une halte attendue à La Station parisienne le 9 juillet prochain pour le festival Garage Mu –, ces héritières de Stereolab et d’une certaine idée de la pop accidentée ont enregistré la toute première reprise de leur jeune carrière – à la demande d’une émission de télé qu’on ne remerciera jamais assez. De Stephan Eicher, elles ne connaissent que le titre de ce groupe formé avec son frère et deux autres comparses, Grauzone, titre auréolé à sa sortie en 1981 d’un succès improbable et devenu depuis un peu plus que culte. À la réécoute de l’originale, on n’est pas étonné qu’elles s’en soient amourachées tant on y retrouve une passion déraisonnée pour la rythmique qui hypnotise, les basses qui vrombissent et les claviers (analogiques, les claviers, avec Moog à la clé) qui chaloupent. Dans la langue de Cervantes – Eisbär devient Osa Polar –, Melenas fait souffler le chaud et le froid et donne surtout l’envie immédiate de se retrouver sur une piste de danse brinquebalante, avec boule à facettes éventrée en guise de ciel étoilé.