Le club du samedi soir # 40 : Revolutionary spirit — Liverpool, 1978-1989

Echo And The Bunnymen
Echo And The Bunnymen

C’est comme un conte de fées. Comme un film de Frank Capra. Comme un fantasme. Voilà : c’est ce genre d’histoire improbable qui a priori ne peut pas être vraie, avec des héros qui n’ont pas des corps d’athlètes mais des têtes de dieux grecs, des héros qui ne marchent jamais seuls. C’est la fin des années 1970, dans une Grande-Bretagne déjà meurtrie. Ce sont des jeunes gens qui n’ont pas beaucoup d’avenir – “On n’a pas le choix pour s’en sortir : footballeur ou rock star” (rock star martyr était aussi une option) –, écrasés par le passé de leur ville portuaire – un passé incarné par un quatuor qu’on n’a pas le droit de ne pas aimer sous peine d’être excommunié. Oui, mais.

C’est toujours la fin des années 1970 et dans le pays, certains groupes mènent plus de 45 révolutions par minute et laissent entrevoir un (no) futur à ces gamins qui ont presque tous vécu le passage de David Bowie à Top Of The Pops en 1972 comme une épiphanie. Ils ont un disquaire (Probe Records, une caverne d’Ali Baba post-punk où ils étoffent une culture qui va devenir ahurissante) et un club (le Eric’s) comme points de chute, de dispute, de discute. Ils fricotent ensemble, tirent des plans sur la comète, jouent assez mal des instruments qu’ils ont choisis, chantent plutôt faux. Mais tous ont cette conviction qui permet d’ouvrir toutes les portes. Ils forment des groupes au line-up dingo (The Crucial Three, Big In Japan), très vite victimes des querelles des ego surdimensionnés de la plupart de leurs membres. Ils érigent The Fall comme modèle, s’acoquinent avec le label indépendant du coin (Zoo Records, dirigé Dave Balfe – qui signera Blur quelque temps plus tard – et le fantasque Bill Drummond – un gars ayant la réponse à la seule question qui vaille, What Time is love?), piquent des noms dans les comics américains, chantent les louanges de Robert Mitchum, pensent que Scott Walker – dont tout le monde alors se contrefout – est un génie, écoutent en boucle Forever Changes et l’intégrale de Burt Bacharach. Alors, c’est une histoire où les plus grandes gueules réalisent leurs rêves, chantonnent en français, fricotent avec une Courtney Love même pas majeure ou affirment enregistrer le meilleur album de tous les temps. Une histoire où des surdoués ne sont pas reconnus à leur juste valeur, où des gamins s’habillent en boys-scouts, où des chanteurs qu’on croit destinés aux teenagers manquent de sombrer dans la folie (avant de revenir à la vie), où le plus timide de la classe finit par tutoyer le sommet des charts, où certains ne cessent de se réinventer  – musicalement comme physiquement –, où d’autres meurent beaucoup trop jeunes. C’est une histoire aussi triste et aussi belle que ça. C’est une histoire à laquelle aujourd’hui presque plus personne ne croit. C’est une histoire dont on a adoré qu’elle soit vraie.

TRACKLIST

01 The Wild Swans — Enchanted
02 Echo & The Bunnymen – Rescue
03 The Pale Fountains – Just A Girl
04 The Lotus Eaters — It Hurts (extended version)
05 Troy Tate – Love Is… (Dance Mix)
06 The Teardrop Explodes – Trahison (c’est juste une histoire)
07 Dead Or Alive – The Stranger
08 Orchestral Manœuvre’s In The Dark – Julia’s Song
09 Lori & The Chameleons – Touch
10 The Lightning Seeds – Pure
11 The Mighty Wah! – The Story Of The Blues
12 The Wild Swans — Revolutionary Spirit
13 Echo & The Bunnymen – Back of Love
14 Julian Cope – Bill Drummond Said
15 The Lotus Eaters – You Don’t Need Someone New
16 The Turquoise Swimming Pools – The Winds
17 Big In Japan – Nothing Special
18 Shack – John Kline
19 Dalek I ‎– Dalek I Love You (Destiny)
20 The Teardrop Explodes – Passionate Friends
21 Care – Flaming Swords
22 Ian McCulloch – Proud To Fall
23 Echo & The Bunnymen – The Killing Moon (Play At Home version)
24 Dead Or Alive – You Spin Me Round
25 Julian Cope — World Shut Your Mouth
26 FGTH – The Power Of Love (Extended Version)
+ morceau caché

2 réflexions sur « Le club du samedi soir # 40 : Revolutionary spirit — Liverpool, 1978-1989 »

    1. Merci ! Sinon, au vu de l’état de la presse musicale, il y a peu de chances que cela arrive… Habituez-vous plutôt à nous rendre visite sur le site !

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