Parce que j’ai toujours voulu être Margot Tenenbaum, son carré blond parfait retenu par une simple barrette, sa micro-robe sous son manteau de fourrure, écrivaine qui pleure dans sa baignoire avec une classe folle. Parce qu’il s’agit d’histoires de familles compliquées et que pour moi aussi, la famille, c’est compliqué. Parce que j’aime retrouver à chaque film cette troupe d’acteurs, ces visages que je connais bien, ni tout à fait les mêmes ni tout à fait ceux des autres. Parce que cette fidélité aux comédiens, le réalisateur la voue aussi à ses compositeurs, Mark Mothersbaugh et Alexandre Desplat, qu’il convoque de film en film. Parce que toutes les chansons figurant au générique démontrent le goût sûr d’un gars sûr, d’ailleurs l’élégance du mec, excusez-moi du peu. Parce que c’est un cinéma dans lequel tous les adultes sont des enfants à qui les enfants montrent le chemin à suivre. Parce que j’ai beaucoup lu Roald Dahl et que je ne m’en lasserai jamais. Parce que c’est un cinéma très écrit et dans lequel l’écrit tient une place essentielle, partout des livres, des notes manuscrites, des lettres, des messages codés, des chapitres et une histoire romanesque. Parce que la voix de Georges Clooney quand il dit autre chose que What else ? Parce que j’ai eu un labrador pendant 14 ans et que j’adore les chiens. Parce que j’ai toujours rêvé de déambuler dans les couloirs d’un palace, où des grooms en tenue à boutons dorés m’accompagneraient dans l’ascenseur et où il y aurait des coffre-forts cachés avec des trésors dedans. Parce que j’ai toujours été un peu amoureuse de Jason Schwartzman. Parce que mes enfants rient aux éclats quand Tilda Swinton déclare : Action Sociale, j’écoute. Parce que ces deux gamins sur la plage, lui avec sa toque en raton-laveur et elle qui transporte son mange-disque dans une valise, s’embrassent pour la première fois avant de se déhancher sur Le Temps de L’Amour.
Parce qu’il y a toujours au moins un personnage dépressif, voire tous, et que ce sont ceux que je préfère. Parce que moi aussi j’ai entrepris un roadtrip avec ma soeur pour aller voir ma mère qui venait de mourir. Parce qu’Aline est mon second prénom. Parce que petite fille, je regardais les aventures filmées du Commandant Cousteau, avec son bonnet rouge. Parce que Steve Zissou c’est quand même un super nom de capitaine. Parce que je possède un badge du fan-club de Bill Murray. Parce que ces films sont tous réalisés avec une incroyable minutie et qu’on a beau les revoir inlassablement, il y a aura toujours un détail qu’on aura manqué, une scène qu’on redécouvrira, un dialogue qu’on entendra différemment. Parce que ces décors, ces costumes, ces regards, on ne les verra jamais ailleurs. Parce que le prochain film, The French Dispatch, sort bientôt et que, ne serait-ce que pour ça, il faut rouvrir d’urgence les salles de cinéma. Parce qu’on passe du rire aux larmes tout le temps, parce que la légèreté et la mélancolie sont de tous les plans, parce que c’est la vie en plus grand. Parce que j’aime d’amour ce réalisateur, parce que je ne connais pas de cinéma qui me fasse plus rêver à un autre monde, fantasque, joyeux, coloré et vivant, un monde que j’aimerais meilleur. Pour toutes ces raisons et pour mille autres que j’oublie, j’ai eu envie de partager avec vous cette toute petite sélection issue de l’univers sonore foutraque et merveilleux de l‘épatant Wes Anderson.