Le rêve américain au mitan des années 1980 a flingué l’inspiration – et le look, le look coco ! – de quelques-uns des fleurons les plus intéressants ayant émergé de la scène punk et new-wave britannique… Au hasard et sans aucun souci d’exhaustivité, il y a bien sûr The Psychedelic Furs dont le parfait Pretty In Pink de 1981 a connu une seconde vie (et une seconde version empâtée) grâce au film du même titre et à sa BO très fréquentable – et les frères Butler et leurs amis de s’attifer de cuir noir en prenant des poses rockandrollesques ridicules ; il y a eu Simple Minds, porté lui aussi par un film – The Breakfast Club – et une rengaine que les Écossais n’ont même pas composée, (Don’t You) Forget About Me, mais qui efface en quatre minutes leurs fantasmes de pop européenne bientôt remplacée par des envies pressantes de rock héroïque dopé aux hormones U2…
Mais juste avant, et un peu dans le rôle de l’éclaireur, il y a eu Billy Idol – William Broad pour l’état civil –, belle petit gueule de gouape repérée dès 1976 parmi les membres du Bromley Contingent, leader de Generation X, groupe power-punk aux morceaux bien fichus et aux références qui nous faisaient du gringue – morceaux choisis : Kiss Me Deadly, Valley Of The Dolls ou Your Generation. Après l’insuccès d’un troisième album, le chanteur traverse l’Atlantique, pose ses valises et sa coupe de cheveux péroxydée à New York, s’acoquine avec le guitariste Steve Stevens – son Jiminy Cricket à lui – et sort coup sur coup deux albums, Billy Idol (1982) et surtout Rebel Yell (1983) – tout deux produits par… Keith Forsey, qui travaillera un plus tard, tiens tiens, avec les Furs et Simple Minds. Sur ce dernier, le petit Billy, qui a fait de la muscu, travaillé son rictus hommage à Sid Vicious et porte le cuir comme Marlon Brando la peau de serpent, enquille les hits qui rutilent et scintillent, le temps de chansons qu’on adorerait détester et qu’on finit par détester adorer (malgré la production boursoufflée et la guitare qui en met partout), du pas commode Rebel Yell au torride Flesh For Fantasy. Sans oublier le slow moite et synthéchic Eyes Without A Face – jolie référence cinématographique, une fois encore –, sur lequel on n’a pourtant même pas réussi à séduire sa Vic à soi lors de la boum de fin de 3e – mais sans rancune.
C’est cette chanson que Miqui Puig et ses amis viennent tout juste de reprendre dans leur studio barcelonais. Miqui, c’est une figure incontournable de l’Espagne musicale, ancien leader des mythiques Sencillos, en solo depuis 20 ans, acteur, compositeur, chanteur, DJ, arrangeur… Un mélomane passionné et souvent passionnant, comme sur cette relecture chantée en… italien sur des arrangements en équilibre parfait entre romantisme italodisco et pop éternelle tirée à quatre épingles – option scooter et veste 3 boutons. Je ne saurais dire pourquoi mais depuis que je l’écoute (en boucle), je pense aux premières heures du Style Council, à Long Hot Summer, à un certain sens de l’hédonisme, à l’été sans fin… Et il ne reste alors plus qu’à s’avouer que c’est parfois vrai : Catalonians Do It Better.
Merci pour ce billet !
Du coup, j’ai failli pleurer devant ces 5 mn de classe complice absolue
Que du bonheur. Moi aussi j’ai eu ma petite larme.