Les narcisses pointent leur joli nez ensoleillé, mais nous vivons toujours avec cette triple épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Nous avons peut-être tendance à nous répéter, mais quelle meilleure cure que la musique ? Ce mois-ci, beaucoup de jeunes pousses autoproduites, c’est la raison pour laquelle nous vous encourageons vivement à vous détourner des plateformes de streaming au bénéfice de notre playlist mixée sur Mixcloud, où tous les titres sont présents. Beaucoup mieux pour biner dans le jardin les mains libres.
Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer, Spotify ou en version mixée sur Mixcloud. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Savarah, Monde SéquenCiel (autoproduction)
Sahara est devenu Savarah, et pourtant le groupe de Bordeaux ne change rien à sa pop prog, épique et passionnée. La preuve avec Monde SéquenCiel, tiré de son nouvel EP, Computer Talk !. RS
2. Dent May, Crying Laughing (autoproduction)
Dent May est de retour avec une chanson soyeuse et mélancolique dont il a le secret. CM
3. The Hepburns, Seagulls on a Frozen Lake (Elefant Records)
Les Gallois nous enchanteront toujours – une mélodie bossa suave et entrainante avec des paroles superbement noires qu’il faut vraiment écouter. « Seagulls on a frozen lake / A vision of hell by William Blake ». CM
4. Vika Orline, La loueuse (autoproduction)
Second album du groupe lyonnais, plus power pop que ne l’était Tu fais partie des humains, le précédent, J’m’emmerde est un parfait manuel de survie en zone tant périurbaine que néo-rurale. La loueuse est la chanson d’amour de l’année. TG
5. Fievel is Glauque, Elsewhere (La Loi)
Enfin du neuf de la part de Fievel is Glauque, le combo de pop pointilliste et pétillante, formé par Zach Phillips et Ma Clément, avec deux singles sortis ce mois-ci, affichant une production soignée après leur premier opus God’s Trashmen Sent to Right the Mess et ses instantanés de répétitions. Si Espíritu Burlón est une charmante petite douceur, c’est vers Elsewhere que l’esprit revient magnétiquement. Une minute au compteur pas plus, avec des accords qui jouent à la marelle sur les gammes et une mélodie d’une jubilante clarté. L’amour sans ombres. EV
6. Clair, Tout est dans la tête (La Maison Magique)
Clair, première signature du nouveau label de Katerine, fait dans l’exercice de style de la maison (magique) : simplicité des paroles, mélodie accrocheuse, détails accrocheurs. En cette période électorale, je vote : Président Bird, bien sûr. RS
7. Joni Île, 1 sur 1 (Langue Pendue)
Bien sûr, Joni Île sort une cassette sur mon label bientôt, mais je reste totalement objectif et professionnel : sa pop à guitare concise et désarmante de simplicité va casser des coeurs, 1 sur 1 en exemple parfait de ce qui vient. RS
8. Neutrals, Gary Borthwick Says (Static Shock Records)
Le groupe de San Francisco balance un post-punk extrêmement réjouissant dans un EP qui fait irrésistiblement penser à Half Man Half Biscuit – référence ultime. « Gary Borthwick Says is a song about a full time bullshitter ». CM
9. Kuli, Dreams Come True (autoproduction)
Le jeune groupe orégonais aux guitares bringuebalantes nous propose un nouveau morceau pas piqué des hannetons. VDPJ
10. Vintage Crop, Double Slants (Upset The Rhythm/Anti Fade)
Quatrième album pour la bande de Melbourne : toujours aussi tendu, rythmiquement solide et urgent. Hâte d’écouter le reste de l’album. VDPJ
11. Kurt Vile, Hey Like A Child (Verve Records)
Deuxième single du prochain album, et donc deuxième apparition consécutive de l’Américain dans notre playlist mensuelle. La faute à ces boucles de guitares : une fois dans la tête, il est impossible de s’en défaire. CG
12. Kevin Morby, This Is a Photograph (Dead Oceans)
Retour aux essentiels pour Kevin Morby avec un titre qui respire l’introspection et le retour aux racines de son enfance. DJ
13. Golden Daze, Nobody Else (Lucky Buckeye Records)
Trois ans après le sublime Simpatico, nous retrouvons le duo formé par Ben Schwab – dont nous avions adoré l’EP paru en octobre sous le nom de Sylvie – et Jacob Loeb. La magie opère toujours autant : c’est chaud et enveloppant, comme la lumière de l’été en pleine golden hour. CG
14. Emmanuelle Parrenin, La rêvelinière (Johnkôôl Records)
« Parrenin délivre une musique non seulement ancestralement contemporaine mais également singulièrement personnelle », écrivait justement Pauline Nuñez dans nos pages. « Aiguillée par ce chemin en aller-retour incessant allant de la culture emmagasinée du savoir à son appropriation, par l’expérience intuitive et sensorielle du « faire » ». Pas mieux. RS
15. Stephan Eicher, Autour de ton cou (Universal)
16. Hemlock, Talk Soon (autoproduction)
Talk Soon est le nom de ce titre, mais aussi de l’album dont il est extrait, dernier-né de Caroline Chauffe aka Hemlock. Un album très doux et réconfortant, enregistré dans la petite ville d’Astoria, en Oregon. La jeune femme, originaire de Louisiane, semble y explorer l’idée du chez-soi, du foyer. Les titres sont entrecoupés de messages vocaux laissés par sa famille et ses amis proches et en les écoutant, c’est sa propre mère, son propre grand-père qu’on reconnaît. « Talk to you soon. I love you. Bye bye. » CG
17. Lucy Dacus, Kissing Lessons (Matador)
En attendant son quatrième album, Lucy Dacus offre avec Kissing Lessons une confidence inspirée de l’univers secret des (pré)adolescentes, avec tout le charme d’un dessin griffonné sur une pochette de cours. Elle sera sur scène le 15 avril à la Maroquinerie. PR
18. Wednesday, Perfect (Smashing Pumpkins) (Orindal Records)
Le groupe d’Asheville, Caroline du Nord, rends ce mois-ci hommage à ses influences avec un album de reprises, Mowing the Leaves Instead of Piling ’em Up. Cette version noisy du tube des Smashing en est sans aucun doute le point d’orgue. CG
19. Hovvdy, Everything (Grand Jury Music)
Les Texans sortaient l’an dernier leur quatrième album, True Love qui, dans la même lignée que ses prédécesseurs, et dans le sillage d’artistes comme (Sandy) Alex G, sonnait comme une douce caresse. Everything donne envie de tourner sur soi-même avec une longue robe ; est-ce libérateur ou un peu niais, telle est la question, mais Hovvdy fait toujours autant de bien. CG
20. Tess Roby, Up 2 Me (SSURROUNDSS)
La Montréalaise nous offre une hypnotique chanson de son prochain album Ideas of Space, qui sortira le 22 avril. CM
21. Plastic Candles, Pacific Blue (Paisley Shirt Records)
Un morceau atmosphérique de la formation de San Francisco, qui sort un album sur Paisley Shirt, un label dont on parle souvent. Longue plage iodée qui laisse rêveur… VDPJ
22. Jenny Hval, Classic Objects (4AD)
Dans la catégorie jeune norvégienne lettrée, revoici Jenny Hval avec un disque tout à fait attendu, Classic Objects, son premier pour 4AD. TS
23. Gwenno, An Stevel Nowydh (Heavenly Recordings)
Gwenno sort son deuxième album consécutif en cornouaillais. Plus introspectif que le précédent, il ne perd cependant pas en en inventivité et en mélodies qui font mouche. DJ
24. Mattiel, Blood in the Yolk (Heavenly Recordings/PIAS)
Pour ce troisième album, justement intitulé Georgia Gothic, Mattiel vient enluminer leur blues-rock de références 60’s. La voix grave de Mattiel Brown s’essaie à de nouveaux genres, mais loin de se perdre, la diversité de l’album ne fait que montrer l’étendue de son talent. Elle sera en concert le 18 mai à la Maroquinerie. PR
25. Société Etrange, Sur la piste de danse (Les disques Bongo Joe)
« Musiques hybrides et mutantes », souvent des termes pour planquer son jazz rock tout rance, ça n’est pas le cas ici : rugosité, dérive, noirceur, bagarre, on retrouve tout ça dans ce post-dub de blanc-bec un peu crispé. Relax, au max. RS
26. The Smile, The Smoke (Dennis Bovell RMX) (XL Recordings)
Dub Be Good To Me. Lorsque le vétéran Dennis Bovell remixe un titre du nouveau groupe de Thom Yorke, il le dépoussière et lui donne une puissance insoupçonnée dans sa version originale. DJ
27. Nilüfer Yanya, Midnight Sun (ATO Records/PIAS)
Une intro prog à la Beak, des guitares plus brutes sur le refrain, une voix soul profonde, cette jeune compositrice et interprète britannique propose une musique hybride, difficile à définir, mais terriblement entêtante. Son album, PAINLESS, paru ce mois-ci, est pour l’instant ma révélation de l’année. CG
28. Dr Pong, Pale Blue Eyes (Full Time Hobby)
La pop de Dr Pong se fait hypnotique sur ce titre sous influences kraut et new wave. Ce jeune trio du Devon est à surveiller de près. DJ
29. Alexandre Bazin, Four Steps (Umor Rex Records)
Nouvel EP d’Alexandre Bazin sur l’excellent label mexicain Umor Rex. Minimalisme électronique et méta-dancefloor sont ici les territoires explorés, pour notre plus grand plaisir ! VC
30. Ezra Furman, Point Me Toward the Real (ANTI- Records)
La formidable Ezra Furman est de retour, avec Shannon Lay et Debbie Neigher aux chœurs, John Congleton à l’emballage soul, le groupe toujours en groupe. Il paraît déraisonnable de ne pas écouter cette chanson en boucle les deux prochains mois comme les deux siècles à venir. CC
31. Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Ceci n’est pas un cliché (Deewee Records)
Découverte avec une poignée d’EPs spectaculaires (Zandoli en tête), Charlotte Adigéry transforme l’essai sur son premier album, Topical Dancer, en duo avec son partenaire de toujours Bolis Pupul. Une petite merveille qui réussit l’exploit d’être aussi drôle qu’entêtante, servant son ironie très politique sur des beats minimaux et débordants d’idées. Sur Ceci n’est pas un cliché, Charlotte Adigéry aligne les phrases les plus éculées de la pop moderne (« I was walking down the street/When I woke up early this morning ») avec un charisme impossible tandis qu’un riff de quatre notes vous martèle le tympan. Déconstruire, reconstruire. EV
32. Overmono, Gunk (XL Recordings)
Quand deux jeunes anglais revisitent les sons electro des décennies précédentes, cela donne un morceau étonnamment moderne, efficace et sans concession. DJ
33. Rosalía, CUUUUuuuuuute (Columbia)
Attendue au tournant près de 3 ans et demi depuis son miraculeux El Mal Querer, Rosalía a décidé de prendre les attentes de tout le monde et d’y répondre exactement en même temps. Le résultat est un de ces disques pop modernes fragmentés et instables, capable de passer d’une ballade sensible à une transe migraineuse sans aucune transition. Un programme bien résumé sur ce CUUUUuuuuuute, bordélique au possible. EV
34. They Hate Change, From The Floor (Jagjaguwar)
They Hate Change casse les barrières en mélangeant drum & bass, hip hop et post punk. Le résultat est aussi catchy que psychédélique. DJ
35. Étienne Jaumet & Fabrizio Rat, Soffiare Insieme (Bureau B)
Étienne Jaumet n’arrête pas, pour notre plus grand plaisir. Après la sortie de Vae Vobis de Zombie Zombie, il enchaîne avec Fabrizio Rat – album impeccable. CM