LA PLAYLIST DES NOUVEAUTES DE MAI 2021

La playlist du mois de mai 2021

Ne vous laissez pas avoir par l’intitulé : bien que le muguet soit déjà là, ce sont bien nos sorties favorites du mois d’avril qui constituent cette nouvelle sélection mensuelle. Quelques zones de froid subsistent, avec la voix sépulcrale d’Anika, les boucles synthétiques de Veik ou le punk saturé de The Serfs. Elles seront toutefois suivies de belles éclaircies, qu’il s’agisse de la pop sucrée de Molly Burch, d’une balade feutrée de Kings Of Convenience ou du groove dansant de John Carroll Kirby. Joyeux printemps.

Écoutez cette playlist sur votre plateforme favorite : YouTube, Deezer ou Spotify. Et aussi, sur agnès b. radio.
NDLR : Les playlists Deezer et Spotify ne comportent pas l’intégralité des 34 titres de cette sélection.

1. Crumb, BNR (Crumb Records)

Le trio psych-pop de Brooklyn est de retour avec un second album, produit par l’incontournable Jonathan Rado (The Lemon Twigs, Weyes Blood, Alex Cameron, …). On y retrouve la créativité et la modernité grâce auxquels Jinx, leur premier, c’était distingué. Le tout en autoproduction, en bons Millénials qu’ils sont. On leur prédit un bel avenir. (CG)

2. Tirzah, Send Me (Domino Records)

Retour ultra attendu du r’n’b expérimental de l’Anglaise, toujours épaulée par le génie Mica Levi. Ce premier titre lascif au final sonique nous fait littéralement fondre d’impatience. (TS)

3. Anika, Finger Pies (Invada Records)

Après huit ans d’absence, Anika effectue un retour réussi avec ce titre au groove obsédant sur lequel elle pose un chant détaché. Le single sort chez Invada, le label irréprochable de Geoff Barrow. (DJ)

4. N0v3l, Notice Of Foresclosure (Meat Machine Records / Flemish Eye)

Les Canadiens ont dans les cartons un deuxième album à paraître fin mai, bien cadencé comme on aime. Le combo guitare-saxophone mélancolique rend la chose entêtante. (VDPJ)

5. Veik, Château Guitar (Fuzz Club Records)

Deuxième single qui frappe fort pour les Caennais de Veik, où machines et guitare produisent puissance. On en reparlera bientôt puisque l’album arrive à la fin du mois. (VDPJ)

6. The Serfs, Dissection (Market Square Records)

Nouvel EP pour la bande de Cincinnati, après un super album repressé à plusieurs reprises, Sounds Of Serfdom. Voici donc un titre lourd et chirurgical, paru sur l’excellent Market Square Records, le label de Paul Messis (Suburban Homes, Higher State). (VDPJ)

7. Set-Top Box, Maxx Headroom (Weather Vane Records / Polaks Records)

Stef Polaks ne s’arrête jamais. Aficionado de projets océaniens, il sort ce 45 tours des furieux Set-Top Box de Sydney : saturation dans le rouge, chant nasillard et claviers rappellent la scène Midwest de The Coneheads et, forcément, Devo. (VDPJ)

8. Nathan Roche, Brocante à Belleville (Gone With The Weed Records)

Quel sacré bonhomme de chemin de traverse emprunte ce cher Nathan Roche, qui, au fil de son pèlerinage français, semble convoquer Mark E. Smith et Kevin Ayers (nos apôtres également) avec tant de nonchalance et de cœur que cela force le respect et le ravissement. Dans son baluchon de grand voyageur, cette belle allitération en initiales B.B. que n’aurait pas reniée le beau Serge. (PN)

9. Sports Team, Happy (God’s Own Country) (Universal-Island Records)

Une vidéo, parodie réjouissante de The Wicker Man, accompagne la sortie du nouveau single post-punk de Sports Team, plus enragés qu’abattus après le confinement et remplis de cette « frustrated energy of live performance without a stage ». (CM)

10. Spread Joy, Semantic (Feel It Records)

Nouvelle bombinette made in Chicago, 1 minute 54 qui fuse comme l’éclair, la tête se met à hocher automatiquement, c’est simple mais efficace. L’album est paru sur Feel It Records, l’excellent label et disquaire de Richmond, Virginie. (VDPJ)

11. Gwendoline, Chevalier Ricard 

Gwendoline – deux Bretons qui balancent des chansons en français et remercient « les nombreux bars rennais, source d’inspiration quotidienne ». Mais sous l’apparente nonchalance « schlag wave » des deux compères se cache une vraie machine à pépites, comme en témoigne l’entêtant Chavalier Ricard, qui sera forcément le prochain titre sur lequel boire et danser – Daho en mode sarcastique. Album en octobre. (CM)

12. A Trois Sur La Plage, Nuage Nuage (Gone With The Weed Records)

Essai transformé, après un 4 titres en 2019, voilà l’album chez Gone With The Weed introduit par ce Nuage Nuage prometteur. De la synth pop squelettique habitée des fantômes d’Elli et Jacno et des bons morceaux ? On vote pour. (TS)

13. Lonelady, (There is) No Logic (Warp Records)

La Mancunienne, amoureuse des espaces industriels désolés dont elle tire magie et sens, vient de sortir, après deux albums et cinq EP, un single au groove sec et élégant, qui plaira aux fans de Cabaret Voltaire. (CM)

14. Kero Kero Bonito, Well Rested (Polyvinyl Records)

Pièce maitresse du deuxième opus de leur série d’EP intitulés Civilisation, Well Rested voit Kero Kero Bonito jouer la montre sur une odyssée house exceptionnelle, entièrement articulée autour de synthétiseurs analogiques aux sonorités magiques, pure transe écologiste gorgée d’un optimisme mystique pour abattre les murs de la morosité ambiante. (EV)

15. Molly Burch, Control (Captured Tracks)

Nous avions espéré un nouvel album produit par Wild Nothing, à l’image du très efficace Emotion. C’est pourtant Tennis qui s’est chargé du changement de cap sonore de Molly Burch. A l’écoute de ce nouveau single, on ne peut que s’en réjouir. (DJ)

16. Waxahatchee, Streets of Philadelphia (Merge Records)

Il y a un an paraissait Saint Cloud, l’album de la consécration pour Katie Crutchfield, qui semble enfin récolter toute la reconnaissance qu’elle mérite. A cette occasion, trois nouvelles chansons sont venues rejoindre la dernière édition du disque : des reprises, dont une de ce tube de Springsteen, ode à la ville d’origine de la jeune femme. Les « na na na na na » vont résonner dans l’immeuble. (CG)

17. Charlie Martin, Swirl (Grand Jury Music)

Charlie Martin est l’un des membres d’Hovvdy, ce duo d’Austin qui, depuis 2017, nous caresse de sa bedroom pop douce et mélancolique. Son premier album en solitaire, Imaginary People, pourrait presque passer pour le successeur du sublime Heavy Lifter (Hovvdy, 2019), ce qui n’est pas pour nous déplaire. (CG)

18. Current Joys, American Honey (Secretly Canadian)

S’il mène à la baguette le groupe Surf Curse (littéralement, puisqu’il y chante et y joue de la batterie), l’Américain Nick Rattigan se dévoile plus intimement au travers de son projet solo, Current Joys. Avec sa voix éraillée et sa guitare, il signe depuis plus de huit ans des morceaux simples, enregistrés sommairement, mais troublants. American Honey, sa dernière sortie, ne déroge pas à la règle. (CG)

19. Field Music, Do Me A Favor (Memphis Industries)

Pour ce huitième album très réussi intitulé Flat White Moon, les frères Brewis ne se débarrassent pas de leurs influences (Talk Talk, XTC, The Human League, …), mais il serait injuste de les limiter à cette seule caricature d’érudits arty de Sunderland. Un peu comme chez les Wings (l’ombre de McCartney n’est jamais très loin), c’est dans l’apparente simplicité de certains titres que se confirme leur talent, comme dans Do Me A Favour, quatrième extrait qualifié par Pitchfork de « bland platitudes with a mid-tempo AM radio rock arrangement that goes nowhere » (ou « platitudes fadasses avec des arrangements mid-tempo mainstream qui ne mènent nulle part », en français). (PR)

20. Kings Of Convenience, Rocky Trail (Virgin Records)

Long time no see, boys. Le duo norvégien culte du début 00 revient par surprise, et c’est une bonne surprise. Toujours aussi désarmante, leur association harmonies vocales, guitare sèche et chanson crève-coeur… (TS)

21. Green-House, Find Home (Leaving Records)

Après avoir éclairé 2020 avec le très bel EP Six Songs for Invisible Gardens, doux essai new age dans le sillage de Mort Garson, Olive Ardizoni nous propose enfin un premier album, Music for Living Spaces, à paraitre début mai. Si on y retrouve encore un sens de la mélodie synthétique en apesanteur pour apaiser les cœurs, c’est également l’occasion pour l’artiste non-binaire venu.e de Los Angeles de donner de la voix, évoquant la beauté pastorale de Virginia Astley. (EV)

22. Charles, Remember Blushing (Babe City Records)

Charlotte aime aime la vapeur de ses rêves. Elle embrume ce second extrait de Let’s Start A Family Tonight : un merveilleux laisser-aller nostalgique et sensuel. Avec un certain Ariel Rosenberg (sic) à la basse. (XM)

23. Piroshka, Scratching At The Lid (Bella Union)

C’est une mélodie qu’on pense avoir entendu des centaines de fois, et pourtant, il y a toujours ces frissons qui bousculent les certitudes… Entre légèreté pop et arrangement en douce apesanteur, Scratching At The Lid – première chanson dévoilée du deuxième album de Piroshka – est comme un rêve éveillé, une petite pirouette entre passé et futur. (CB)

24. CFCF, Punk Song (autoproduction)

Disque-somme, autant peuplé de rêves d’hier que de souvenirs de demain, le nouvel album du canadien CFCF, le bien nommé memoryland, est un passionnant hommage à la fin du siècle dernier. Et aux côtés de longues pistes d’indietronica éthérée ou de house scintillante, on y retrouve également de petites perles noisy comme ce Punksong doux-acide. (EV)

25. Limiñanas, Laurent Garnier, Saul (Berreto Music / Laurent Garnier)

De Lourmarin (84) à Cabestany (66) ça fait une bonne petite trotte, même motörisé. On ne sent pourtant pas le poids de la route sur ce premier extrait cold kraut à haute teneur cinématique, qui laisse présager un album commun de haute volée, intitulé De Película et à paraître à la rentrée prochaine. (EG)

26. Goldfinger, I Broke A Mirror In London (autoproduction)

Un nouveau projet à suivre, initié par les deux frères Loïs et Timothée, qui sortent un 3 titres auto-produit, dont un remix par Tore. « Toujours plus de rêveries et de venin », voilà un beau programme. (CM)

27. Sven Wunder, Impasto (Mr Bongo)

Sven Wunder est un musicien suédois actif depuis quelques années à travers son label Piano Piano Records. Impasto annonce un troisième album, Natura Morta. Le multi-instrumentiste reprend tous les codes de la musique de film des années 60-70 avec un certain talent. La délicatesse des arrangements et la finesse de la composition font en effet de ce titre instrumental une charmante rêverie, loin du stérile exercice de style souvent relié à ces influences. (AGF)

28. Spellling, Little Deer (Sacred Bones Records)

Attention, ça sent sérieusement le coup de génie orchestral empoweré de Dame Cabral dite Spellling (oui avec trois « l »), aux manettes d’un nouvel album à paraître le 25 juin chez Sacred Bones. Et oui, toute petite biche aussi, je l’attends de pied ferme celui-là. (PN)

29. Todd Rundgren, Sparks, Your Fandango (Cleopatra Records)

Cinquante-et-un ans après avoir produit le premier album de Sparks, Todd Rundgren retrouve les frères Mael pour cette collaboration, qui est en tous points ce qu’on pourrait attendre des retrouvailles du trio, qui ne nous invite plus à un Simple Ballet, mais à danser Your Fandango. Du clavecin aux castagnettes spectoriennes en passant par l’opérette, le morceau ravira les fidèles du groupe, qui sont la preuve bien vivante que la créativité et l’humour sont le secret de la véritable jeunesse. A savourer en attendant Annette, le prochain film de Leos Carax, comédie musicale signée Mael & Mael avec Marion Cotillard et Adam Driver, qui fera l’ouverture du prochain festival de Cannes. (PR)

30. Little Simz, Introvert (Age 101)

C’est en ordre de bataille que nous revient Little Simz avec son ambitieux nouveau single Introvert, bien loin de l’être avec ses luxueux arrangements orchestraux dont l’extravagance ne fait qu’élever plus haut le flow précis et puissant de la rappeuse anglaise, comme galvanisée, lâchant au sommet d’un crescendo ces quelques phrases définitives : « I’m a Black woman and I’m a proud one/We walk in blind faith not knowing the outcome/But as long as we’re unified then we’ve already won ». (EV)

31. Villagers, The First Day (Domino Records)

Si les premières secondes de The First Day et de la video qui l’accompagnent, à l’esthétique très nineties, peuvent évoquer Your Woman de White Town, le morceau s’étoffe de nappes et de cuivres pour s’embarquer sur un chemin plus psychédélique, entre Joe Hisaishi (le compositeur des studios Ghibli) et The Polyphonic Spree. En attendant Fever Dreams, nouvel album à venir le 20 août, Conor O’Brien et ses Villagers proposent ici un très beau morceau. (PR)

32. Charlotte Cardin, Je Quitte (Parlophone)

La montréalaise Charlotte Cardin sort enfin un premier album, après plusieurs titres remarquables et remarqués, tant la jeune femme possède une voix particulière, soul et sensuelle, délicate et fragile. Ce titre, le seul en français du disque, quelque part entre Ne Me Quitte Pas et les textes de rupture de Sophie Calle, convoque la mélancolie et l’élégance d’une histoire qui finit, l’ambiguïté de ce qu’on préfère laisser derrière soi sans pour autant parvenir à l’oublier. (LB)

33. John Carroll Kirby, Rainmaker (Stones Throw Records)

Du guest à gogo dans le clip (coucou Mac) pour un instrumental funky très réussi. John Carroll Kirby est l’une des signatures les plus prometteuses du très bon label Stones Throw qui continue sa politique d’ouverture à des artistes venus de l’indie. (AGF)

34. Ross Gay, Mary Lattimore, Burial (Jagjaguwar)

Ross Gay, le poète de la communauté de Bloomington, Indiana, spoken-worde ses meilleurs vers chez Jagjaguwar, en conversation avec les élégantes cordes pincée de notre Mary Lattimore adorée — la poésie dilate le cœur à ce qu’il paraît, on ne saurait contredire cet adage. (PN)

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *