Un été en clair obscur entre soleil de braise et pluie battante ; et une playlist un peu tardive, mais qui ensoleillera la seconde moitié de votre mois d’août avec nos plus belles cartouches de saison. Saluons au passage nos équipes toujours aussi avides de nouveautés, histoire de se dire que la pop moderne est un éternel recommencement et qu’on est bien loin de se dire que c’était mieux avant. Rendez-vous à la rentrée pour de nouvelles aventures.
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NDLR : Les playlists ci-dessus ne comportent pas l’intégralité des titres de cette sélection.
1. Melenas, Dos Pasajeros (Trouble In Mind / Mushroom Pillow)
Ce deuxième signe avant-coureur du troisième album des épatantes Navarraises (Ahora, sortie prévue en septembre) fait grandir l’impatience. Si Bang montrait à nouveau à quel point le gang des quatre de Pampelune excelle dans la rythmique robotique et les harmonies hypnotiques sur fond de synthés analogiques, Dos Pasajeros rappelle que Melenas sait aussi habiller la mélancolie avec une rare élégance. Comme une petite sœur de l’inusable Una Voz (la chanson avec laquelle tout a commencé par ici), Dos Pasajeros et sa mélodie douce-amère s’écoutent en boucles (vous l’avez ?), les yeux dans les vagues et les pensées qui vagabondent. CB
2. Holy Wave, Nothing in the Dark (Suicide Squeeze Records)
Sixième album pour les Texans de Holy Wave, le groupe qui après deux premiers albums tendus et rugueux, avait ralenti le tempo et composé des chansons plus aériennes. Nothing in the Dark, en plein dans le mille avec ses guitares jangly, ses voix et son ambiance solaires. Ils tourneront en Europe en décembre, présenter ce qui s’annonce être un petit bijou à paraître en août chez Suicide Squeeze. VDPJ
3. Rocky, Repeater (Lulu’s Disco Club)
Raven Mahon de Grass Widow et The Green Child et Xante Waite de Terry et Primo! se joignent l’une à l’autre pour un premier album qui sortira chez Lulu’s Disco Club (label et disquaire australien de qualité). Repeater, seul morceau en écoute pour l’instant est, comme son nom l’indique, minimaliste et groovy et les voix s’y entremêlent comme du velours. Hâte d’écouter les huit autres titres… VDPJ
4. Katie von Schleicher, Overjoyed (Sipsman Records)
Un mois à peine après le charmant Elixir en duo avec Lady Lamb, l’artiste de Brooklyn sort Overjoyed, dont le clavier très Supertramp et la fausse légèreté en font une parfaite chanson d’été. PR
5. Amor Blitz, Sur Quel Pied Danser (October Tone Records)
La première fois que j’ai écouté ce morceau, je l’ai remis immédiatement dans la foulée. Amor Blitz, en plus d’avoir la justesse de chanter en français fait une excellente pop moderne avec des accents presque progressifs et un indéniable groove. Vivement l’album ! AGF
6. The Mountain Goats, Clean State (Merge Records)
En 2002, John Darnielle sortait All Hail West Texas, probablement son meilleur album contenant précisément sa meilleure chanson, The Best Ever Death Metal Band in Denton. Ce nouvel album en serait la suite, plus de vingt ans plus tard. Pour le moment, on se contentera de cette plutôt bonne chanson en attendant, non sans impatience, le reste du disque. EG
7. Angelo De Augustine, Another Universe (Asthmatic Kitty Records)
A Beginner’s Mind, la collaboration d’Angelo de Augustine et Sufjan Stevens, était l’un des plus beaux albums de 2021. Angelo revient en solo avec ce qui pourrait en être la continuité : Toil and Trouble, de son premier à son dernier titre, n’est que douceur et réconfort. CG
8. Spirit Fest, Lost & Found (Morr Music)
Spirit Fest est le projet de membres de The Notwist, Tenniscoats et Jam Money. Leur nouvel album Bear In Town sortira le 8 septembre. En attendant, ils balancent un premier single délicat et mélancolique. CM
9. Ora Cogan, Cowgirl (Prism Tongue Records)
La musicienne de l’île de Vancouver publiera son huitième album le 25 août. Cowgirl en est le premier single ; une sublime ballade dans laquelle transparaissent un peu de Neil Young et du Nights in White Satin des Moody Blues. CG
10. Big Thief, Vampire Empire (4AD)
Depuis un an et demi et la sortie du double album Dragon New Mountain I Believe in You, Big Thief a repris son Never Ending Tour, scruté également par les fans pour les chansons inédites qui apparaissent et disparaissent des set lists, évoluent, visitent aussi les concerts solos d’Adrianne Lenker les jours où le groupe ne joue pas, finissent parfois, comme ici, sur un 45 tours à paraître physiquement en septembre. Vampire Empire est passée chez Colbert et a donc touché les réseaux plus que d’autres – on ne désespère pas de pouvoir écouter Sadness as a Gift (quel titre) sur un disque –, les débats sont déjà vifs quant à savoir quelle version est la bonne – la quoi ? – avec les meilleures paroles – celle-ci, sans les muscles mais avec les cris, nous touche peut-être plus, plus intime, plus bricolée, la vie bricole – watching TV tired, bleeding on the bed / you turn me inside out and then you want the outside in / you spin me all around and then you ask me not to spin – beau comme Bob, ou comme Barney ? CC
11. Joanna Sternberg, I’Ve Got Me (Fat Possum Records)
Cela faisait longtemps que je n’étais pas tombée sous le charme d’un disque aussi délicat, poignant et honnête dans l’expression des joies ou des peines de l’existence. Pour son deuxième album intitulé I’ve Got Me, l’artiste new-yorkais.e Joanna Sternberg évoque évidemment Kimya Dawson, mais également The Magnetic Fields, Carole King ou Loretta Lynn, avec une humilité et un talent remarquables. PR
12. The New Eves, Original Sin (Slowdance Records)
The New Eves: New York, 1976 ? Non, Brighton, 2023. Merci les filles. EG
13. Cut Worms, I’ll Never Make It (Jagjaguwar)
Je ne me lasserai jamais de vanter le talent de Max Clarke qui, s’il était né cinquante ans plus tôt, serait – j’en suis sûre – une légende de la pop. Quelle force mélodique ; quel groove. CG
14. Emma Anderson, Bend the Round (Sonic Cathedral)
Après la fin en eau de boudin de la reformation de Lush en 2016, on pensait que c’en était fini des aspirations artistiques d’Emma Anderson, une femme pas manchote à l’heure de composer des ritournelles pop et rêveuses – son projet Sing-Sing en avait lui aussi dit long quant à ses dons. C’est par surprise que la dame revient aujourd’hui avec ce premier single qui résonne comme la bande son idéale des crépuscules d’été et annonce un album automnal, joliment titré Pearlies. CB
15. Slowdive, Skin in the Game (Dead Oceans)
C’est vrai : d’ordinaire, je n’aime pas les reformations – ou peut-être que j’admire surtout les groupes qui ne se reforment pas, parce qu’ils ne veulent pas récrire l’histoire, quelle qu’elle soit. Heureusement, quelques exemples me donnent tort et Slowdive est bien sûr de ceux-là. Le groupe mené par Neil Halstead et Rachel Goswell prend surtout son temps de puis son retour en 2014. Six ans après son quatrième album, le quatuor va publier le 1er septembre Everything is Alive, un disque qui devrait séduire les admirateurs (dont je fais partie) de Souvlaki (30 ans !) à l’aune des deux extraits déjà dévoilés, dont ce Skin in the Game qui érige une nouvelle fois la mélancolie en idéal (for Living). CB
16. Yeule, dazies (Ninja Tune)
La musicienne et productrice de Singapour a déjà dévoilé quatre titres de son album softscars à paraître en septembre. C’est tout en variations d’intensité, en ruptures rythmiques ; très nineties. CG
17. Palehound, The Clutch (Polyvinyl Records)
L’Américaine El Campner et son groupe reviennent avec Eye on the Bat, un quatrième album folk-rock très réussi, dont The Clutch est le titre le plus explosif. CG
18. Zzzahara, Girls on SSRIS Don’t Cry (Polyvinyl Records)
C’était vers 2007 – juste avant ou juste après peut-être – et j’avais décidé que les meilleurs groupes britanniques étaient en fait américains. Parmi eux, Minks avait fait les choses en grand : des chansons qui auraient dû être des hits intemporels (Painted Indian dans le rôle du I Melt With You du XXIe siècle) et une reprise de Felt – c’est dire… Avec ce nouveau single, Zzzahara – projet de l’hyperactif.ve guitariste Zahara Jaime (aussi présent.e au sein de Eyedress, U.S. Velvet ou The Simps – dont Coralie Gardet a déjà vanté les mérites par ici) ravive le souvenir du duo new-yorkais : sur fond de guitares virevoltantes et d’une basse rebondissante, la mélodie a ce pouvoir dingue de nous rendre nostalgiques d’une époque qu’on n’aurait pas vécue. Frais et faussement léger, c’est un hit pour l’été. Et bien plus si affinités. CB
19. Axolotes Mexicanos, Amarre (Elefant Records)
Ils sont de retour, nos précieux petits Axolotes Mexicanos, petits génies espagnols d’une twee-pop survitaminée et multicolore, avec un nouveau single plus flamboyant que jamais, Amarre. Une mélodie naïve, répétée à tue-tête par des synthétiseurs de Super Nintendo, où se croisent énergie pop-punk jubilatoire et production racée façon j-pop. Tube de l’été. EV
20. Stuart Pearce, Forza Garibaldi (Safe Suburban Home Records)
En Angleterre, depuis Total Victory, il était dur de proposer un post-punk simplement efficace et sans artifices. C’est chose faite avec Stuart Pearce, du nom du défenseur anglais fan de punk. Une voix à la Mark E. Smith, une basse tendue, un clavier et une guitare dans l’urgence ; parfait. VDPJ
21. Balladur, Ca m’a tellement manqué (Carton Records / Le Turc Mécanique / Another Records)
Quatre ans après La Vallée Etroite, le duo composé d’Amédée et Romain revient avec un quatrième album à paraître chez Carton Records et Le Turc Mécanique. Ca m’a tellement manqué, premier titre en écoute, transpire l’été et les levers de soleil après de douces soirées arrosées. VDPJ
22. Getdown Services, Come On (Breakfast Records)
Crisps, le premier et très attendu album des so cool lads de Getdown Services, Josh et Ben, sortira le 9 novembre. Ils envoient d’ici là un single psych-funk impeccable, Get Back Jamie, pour fustiger Jamie Oliver et l’hypocrisie de celui censé aider les gens à cuisiner des repas sains. « I was thinking about this once when I was watching Jamie’s 15 Minute meals. The angle of the show is that no one has any time or money to prepare nice food anymore and for some reason millionaire campervan twat Jamie Oliver is going to help us with that. » Humour caustique et talent indéniable à balancer des tubes qui conjuguent « disco apocalyptique » et rythmiques que n’auraient pas renié The Fall, c’est le menu de Crisps. CM
23. Vox Low, We Walk (Born Bad Records)
Motorique, synthétique et obscur, le nouveau single de Vox Low appuie là ou ça fait mal. Les voix martiales en chœur, dont celle de Patrick Blain (Charles de Goal), sont annonciatrices d’un album glaçant à venir pour l’automne. VDPJ
24. Depeche Mode, Wagging Tongue (Wet Leg Remix) (Venusnote Ltd.)
Depuis le début des 80’s, les remixes de Depeche Mode sont attendus avec impatience par leurs fans hardcore. Si ces dernières années leur qualité ou leur pertinence n’est pas toujours au rendez-vous, certains nous réservent de bonnes surprises, comme celui de Wet Leg qui prend un malin plaisir à réinventer le morceau pour le faire passer d’une soirée batcave à un indie club. DJ
25. Róisín Murphy, You Knew (Ninja Tune)
Elle a tout : l’indépendance, le style, la voix, le groove lancinant, hypnotique et dubby. Róisín est une reine. TS
26. Wet Tuna, Party in the House (Feral Child)
PARTY PHONE extended play de WET TUNA
Matt Valentine et Myriam Gendron? L’association peut faire saliver. Qu’elle surprenne à ce point, en revanche, n’était pas prévu. Entre The Pastels et Saint Etienne, un tube estival discret mais entêtant. EG
27. Pip Blom & Personal Trainer, Kiss Me by the Candlelight (Heavenly Recordings)
Oui : c’est bien avec ce morceau que Pip pourrait tout casser. Après deux albums tendance indie pop et deux mois après la sortie d’un single lascif avec Alex Kapranos, la Néerlandaise revient cette fois avec son compatriote Willem Smit de Personal Trainer, le temps d’une chanson d’électro déviante et aguicheuse – le refrain est taillé pour devenir un hymne des dancefloors délabrés – qui annonce un troisième album émoustillant nommé Bobbie. CB
28. Sextile, New York (Sacred Bones Records)
On pensait que Sextile était de l’histoire ancienne après la disparition de son guitariste Eddie Wuebben. On ne cache pas notre joie de les retrouver avec ce single qui s’éloigne de l’EBM pour se rapprocher d’une acid house à la limite de la mélancolie. DJ
29. Robin Saville, Belfry (Morr Music)
Robin est la moitié du duo Isan. Il traque les bruits de la nature dans l’East Anglia où il réside, le vent, les oiseaux, la pluie… et le résultat est très beau. Son quatrième album solo, Lore, vient de sortir ; à écouter en buvant du thé ou du whisky. CM
30. Vanishing Twin, Afternoon X (Fire Records)
Les électrons libres de Vanishing Twin continuent leur quête d’exploration spacio-temporelle avec cet excellent single au groove répétitif et poisseux. DJ
31. The Homesick, Soola (Sub Pop Records)
Le troisième album du trio hollandais sortira le 8 septembre ; une rentrée qui s’annonce donc bien, à l’écoute du single. CM
32. Blur, Barbaric (Parlophone)
Exact – une récente chronique laisse entendre que je trouve le nouvel album de Blur très bon – voire même un peu plus que ça. Il s’en dégage beaucoup de mélancolie, de romantisme désuet mais il y a surtout une ribambelle de chansons qui filent le tournis. À l’instar de Barbaric tenez, dont la fausse légèreté (malgré une rythmique introductive piquée à She’s Lost Control de Joy Div – comme on disait jadis) est accentuée par une mélodie davidbowiesque, des guitares qui tourbillonnent et des chœurs qui donnent une idée assez exacte du bonheur. CB
33. French Cowboy & the One, Plus rien (Musazik / Kuroneko)
Le retour de nos cowboys préférés avec cette chanson désabusée mais tellement groovy. L’album sort le 15 septembre, et on peut dire qu’on l’attend avec impatience (et qu’on est contents, aussi). CM
34. Lol Tolhurst, Budgie et Jacknife Lee, Los Angeles (feat. James Murphy) (PIAS)
Dans le genre retour inattendu, on a rarement fait mieux. Si Budgie est revenu aux affaires avec les Banshees depuis plusieurs semaines, le Cure historique Lol Tolhurst avait semble-t-il remisé pour toujours sa batterie (et ses autres instruments)… Oui mais non, donc. Avec son ami de plus de quarante ans et l’ex-Compulsion devenu producteur à succès Jacknife Lee, le voici au cœur d’un nouveau projet dont le premier titre – interprété par James Murphy – est au propre comme au figuré percutant – et obsédant. Suffisamment intrigant en tout cas pour avoir envie d’en savoir plus – ça tombe bien : un premier album est annoncé pour l’automne. CB
35. Mini Skirt, Squeeze Down (autoproduction)
Déflagrateur et à vif , le dernier morceau de Mini Skirt envoi dans les cordes. Ils sont, comme bon nombre de leurs compatriotes australiens, en tournée en Europe cet été. VDPJ