Là, j’allais dire tragique, mais cette pauvre bête était antivax et anti-masque. La disparition de Meat Loaf, même si elle agite à divers dosages de statines quelques souvenirs plus ou moins avouables, renvoie tout de même à quelques mémoires éparses, quelques génances devant des choix de cassettes dans les rayons discographiques d’une pré-adolescence peu glorieuse. Et qui mieux que les super(be)s héros de Kiss, alors à un point critique de leur carrière, après le velcro disco victorieux (Dynasty, 1979) et une lassitude des onguents colorés dont Afida Turner n’aura jamais idée (Lick It Up, 1983) pouvaient assimiler et tenter d’égaler en pure perte (mais non sans panache) avec quelques maladresses (et nonobstant 3 ans de retard) la pavlova improbable que fut Bat Out of Hell (Meat Loaf, 1977) ?
Considéré assez unanimement comme un ratage absolu, Music from « The Elder » (déjà ce jeu de con au niveau des guillemets, ça part en trombe) n’est pourtant pas qu’une expérience tout à fait détestable. Parce que niveau riff il y a au moins déjà, une belle occlusion intestinale, sur un morceau navrant (The Oath) mais peu importe, un talent visionnaire (il n’est pas exclu que les danois Mercyful Fate aient intitulé leur second album en référence à icelui) et une méchanceté qui annonce le potentiel chef d’œuvre final (Creatures Of The Night, 1982). Et ce qui les sauvera de justesse du ridicule pour les années sans make-up : cette science du riff, méchante et obtue, dont les glorieux Melvins furent les meilleurs séides, telles des phalènes dans l’obscurité qui peu à peu scindent notre monde entre l’enfer et le portnawak.
Par contre, pour se sauver du ridicule , « The Elder » ne renâcle jamais à la tâche. C’est un assez peu ragoutant festival de prétention, rarement probant, et de fait l’un des disques les plus fascinant de ses auteurs, peut-être même, oserais-je, leur disque le plus personnel. Pour l’accord mets/vins on peut facilement suggérer une vieille moussaka servie dans une station de ski albanaise déjà désaffectée à l’époque, assortie d’une petite portion de frites à l’huile de vidange, le tout arrosé d’un cubi d’Aquavit/crème fouettée, un solide estomac étant de rigueur, vous l’aurez compris. Et puis, surtout, vous n’êtes pas obligés. Mais ne venez pas vous plaindre après. Mais si d’aventure vous vous sentez d’attaque, sachez que Lou Reed a co-signé deux morceaux. Oui, le vrai Lou Reed du Velvet Underground, pas son cousin séph’ de Bezons, bourricot. Ah, on fait moins les Jacques, de suite. Oh, c’est bien, c’est « trésor caché » du coup non ? Non. C’est une merde. Une merde fascinante mais une merde tout de même. Mais un grand disque pop contrarié. Qui sort (fun with flags and facts) juste trois jours avant Movement de New Order. Imaginez ce magnifique facing obsolète dans les échoppes dédiées.
A titre d’exemple, A World Without Heroes, l’un des deux morceaux auquel Loulou a participé si l’on l’écoute avec attention (je parle de la version instrumentale) c’est presque un vague mélange entre Felt (arpèges Reine des Neiges) et Père Ubu (basses contrites), non mais vous voyez un peu le niveau ? Vous voyez Maurice Deebank dévalant à ski un terril de caoutchouc entièrement nu avec juste des guêtres fantaisie ?
C’est dans ce disque, ça n’est pas que le fruit de mon imagination, ça existe. Alors, certes, je ferais tout ou maintes choses par amour, sauf vous conseiller de jeter au moins une oreille sur ce disque intriguant. Dont on évitera sciemment de vous narrer la trame grotesque en tant que concept album, on est pas des sauvages comême.
chacun ses casseroles ,moi durant ma courte periode de lecteur de Best j’etais fan de carved in sad de mission et quand je pense que Simon Hinkler fut aussi guitariste de Pulp (sur IT mon album preferé de pulp) c’est le mega grand écart