Les confinements se suivent et se ressemblent, à quelques modalités près, et c’est peut-être une aubaine pour la prolixité de Charles Virot (dont on a pu entendre le tonitruant et complexe son de basse dans Clara Clara, et le clavier bien tempéré au sein de Vika Orline), qui continue d’envoyer, avec une belle régularité, des nouvelles sur son compte Soundcloud. Des pistes expérimentales âpres et épurées, des improvisations à la basse ou au synthé, des reprises inopinées, et des chansons aux canevas subtils, souvent bouleversantes, où affleure le désenchantement le plus implacable, que Charles écrit, ou improvise aussi parfois (L’air gelé notamment). Après la reprise d’Heures hindoues, de Daho, avec son groupe Vika Orline parue chez nous il y a quelques mois, et après une version remarquable du Golden Hours, de Brian Eno, avec l’américaine Kinrisu, postée sur Soundcloud, voilà qu’il nous offre, toujours avec Kinrisu au chant, cette jolie reprise du Oh My Love de John Lennon. Sur une instrumentation réalisée par Charles Virot, Kinrisu a su donner vie au morceau en dupliquant sa voix, puis une autre et cela sonne comme une guérison instantanée, pour qui se donne la peine de s’ouvrir pleinement.
Signalons au passage la parution du premier EP solo de Charles, Le bourdonnement du moteur chez La Souterraine. Six chansons sur lesquelles on découvre un Charles Virot autotuné et au top de sa forme, les textes sont, comme toujours, tranchants comme un opinel rouillé et balancés comme une bouteille à la mer.