Et bien celui-là, on ne l’avait pas vu venir… Retrouvées de manière inopinée par son fils John Carter Cash, une dizaine de démos de Johnny Cash refont aujourd’hui surface et composent le disque posthume Songwriter. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons de The Mystery of Life, son « dernier disque » avant l’ère Rick Rubin ? La réponse est affirmative. Sont-elles d’un meilleur niveau que les chansons d’American Recordings publiées le 26 avril 1994 ? La réponse est négative.
Réécouter The Mystery of Life est une gageure. Surtout, réécouter ce disque publié en février 1991 (et enregistré en 1986) permet de comprendre le fait que Cash se soit retrouvé sans aucun contrat avec une major. Rattrapé par la réalité, Cash commence peu à peu sa mue. Enregistrées en 1993, principalement dans les studios LSI de Nashville, les démos aujourd’hui compilées sur Songwriter, commencent à dessiner le nouveau visage de Johnny Cash. Les surplus FM de ses dernières productions ont disparu. L’épure des chansons commencent à apparaître. Quelles étaient les réelles intentions de Johnny Cash en enregistrant ces morceaux ? Cherchait-il un nouveau label ? Ont-elles croisé la route de Rick Rubin ? Aucune idée.
Ces démos ont été retravaillées par David Ferguson pour leur donner une teinte American Recordings. En 1993, Cash avait recruté une dizaine de musiciens pour se faire. Ferguson a, quant à lui, fait appel à Dan Auerbach et Vince Gill pour faire de Songwriter une sorte de préquelle à la saga des American Recordings. Deux des chansons présentes sur ce disque posthume sont d’ailleurs présentes sur le premier disque enregistré avec Rick Rubin. En effet, une écoute comparative de Drive On et de Like a Soldier permet de comprendre le rôle du pygmalion que fut Rubin. Elle rappelle aussi le rôle essentiel de certains producteurs. Qui se rappelle de Dave Batchelor, le premier producteur de Definitely Maybe, exfiltré par Bonehead ? Que serait devenu Blur sans Stephen Street ? Joy Divsion sans Martin Hannett ? Le destin de Johnny Cash n’aurait sûrement pas été bousculé si ces chansons avaient été publiées en 1993. Les réécouter aujourd’hui permet de comprendre la métamorphose naissante de Cash et le rôle du Barbu.