Inclassable Misha Panfilov

Misha Panfilov / Photo : DR
Misha Panfilov / Photo : DR

La procrastination et la dérive au gré des plates-formes de streaming peut parfois mener à des contrées enchantées dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Alors que je suivais nonchalamment le courant de l’algorithme, je me suis ainsi tout récemment retrouvé sur l’île merveilleuse de Misha Panfilov, multi-instrumentiste surdoué, aussi prolifique qu’inspiré. Dans la vraie vie ce petit génie estonien qui réside au Portugal n’a cessé de sortir des disques à un rythme frénétique, sans pourtant que la qualité de ses productions n’en soit le moins du monde affectée.

Depuis 2016, ce touche-à-tout stakhanoviste qui a dû sortir au moins 20 albums et autant de E.P., se plaît à explorer différents territoires esthétiques, à rebours de toutes les modes et tendances. Pour ma part, le tube garage Dusty de Penza Penza m’a donné la clé du monde de Panfilov, pour découvrir après plus d’approfondissements que ce n’était qu’une partie infime de son œuvre luxuriante et vraiment pas la plus représentative de sa discographie.

Sa musique, entièrement instrumentale, oscille essentiellement entre deux pôles : d’abord une lounge atmosphérique aux sonorités rétrofuturistes rayonnant du charme vintage des disques de Broadcast, rappelant également certains titres du légendaire Joe Meek comme The Bublight ou Valley of No Return. Ainsi avec son premier E.P. Kallaste Electroonline Muusika (2016), sur l’album Frutaria Electronica (2024), avec la très onirique BO Music for the Film Who Am I (2025), ou encore tout dernièrement avec To Blue For Grey in May (2025), Panfilov aime à développer pendant parfois dix minutes des boucles hypnotiques qui nous projettent dans des mondes imaginaires, sans qu’on voit pour autant le temps passer. On entend parfois ici et là des sons chéris par Stereolab ou Alain Goraguer, ou plus récemment Bobby Would, avec une aura d’étrangeté et de mystère captivants.

D’autre part, notre touche-à-tout estonien s’aventure dans un univers plus jazz, se rapprochant de celui de Sun Ra, voire dans un style carrément funk et groovy, en particulier avec son impressionnant septuor ou avec son alter-ego américain basé à Londres Shawn Lee (dont on parle régulièrement dans nos pages via son groupe Young Gun Silver Fox, ndlr). Dans cette veine, il faut écouter sans mesure des disques comme En Route (2017) ou Astral Schlagers (2019). Chaque album se trouve soigné dans le moindre détail et joué par des musiciens aussi virtuoses que dotés d’un feeling hors pair, tout en étant servi par une production toujours racée et exigeante. Au vu de ses faits d’armes passés, on sait que les prochaines sorties de Misha Panfilov ne pourront être qu’excitantes.


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