Essaie de comprendre 5/8

Échantillons d’une histoire du label Lithium, prélevés dans l’édition spéciale du fanzine Langue Pendue #11, Les Années Lithium

L’année dernière a vu refleurir la tombe de Diabologum avec une réédition bienvenue des premières œuvres du groupe toulousain. C’est le label Ici d’ailleurs qui a pris l’initiative de regrouper la discographie officielle pré #3 sous la forme d’une très belle compilation au titre délicieusement explicite : La jeunesse est un art. Anne Tournerie, chanteuse et clavier, raconte pour Les Années Lithium, ses années d’insouciance passées avec Michel, Pierre, Arnaud et Den’s, notamment autour d’une émission de radio qui va se transformer en quelque chose d’imprévu. 

Anne Tournerie :  Je ne sais pas si on peut vraiment parler de « méthode de travail » mais c’était très collectif, on passait beaucoup de temps ensemble. Difficile de dire d’où venaient les idées, elles surgissaient toutes seules. On mettait un disque, on pensait à quelque chose, qui en entraînait une autre… Michel et Arnaud apportaient l’essentiel, ils étaient géniaux, très inventifs, mais je crois que la complicité entre nous jouait aussi ; on pensait à plusieurs. On fonctionnait par collages, par détournements, on se laissait surprendre par le hasard un peu à la manière surréaliste, ou à la Burroughs. Je n’ai aucun souvenir des idées que j’ai amenées sur ce premier disque, de toutes façons, je disais à l’époque que mon rôle principal était de refaire du café. Je me souviens du jour où Michel est arrivé et a dit : « Tu as deux minutes ? On va avoir besoin d’une voix de fille ».

Il était question à ce moment-là d’une émission de radio, avez-vous abordé C’était un lundi comme un programme de cette émission ?

Anne Tournerie : Il y avait une émission de radio, INFRA ; c’est par cette émission que ça a commencé, quand Pierre y a rejoint Michel et Arnaud. Je n’en faisais pas partie, j’ai dû y aller trois ou quatre fois. Je l’écoutais, par contre, toutes les semaines ; et j’étais totalement dans le bain, puisqu’autour de la table de l’appartement, on la préparait, on lisait les textes, on imaginait des situations, des performances radiophoniques ; la plupart étaient d’ailleurs totalement irréalisables ! Je n’irais pas jusqu’à dire que le disque a été pensé comme un programme d’émission, non ; mais quand même il me semble qu’au début il était question de faire des bandes-sons pour INFRA, mais que c’est parti sur autre chose… En tous cas, certainement que c’était le même état d’esprit, le même type de démarche : le bricolage, l’expérimentation, l’envie de partager et de combiner les choses qui nous plaisaient, en mélangeant cinéma, littérature, peinture… On y retrouve le goût pour la provocation, pour le second voire troisième ou quatrième degré, pour les trucs un peu extrêmes et radicaux ; et le refus du « professionnalisme », de l' »esprit de sérieux » ; il s’agissait avant tout de s’amuser, et franchement on se marrait beaucoup, même si ça ne faisait pas rire tout le monde. INFRA, c’était une émission mais aussi une attitude, voire presque un manifeste.

Photo : Anne Tournerie & Arnaud Michniak, collection Philippe Dumez


Quand et comment rencontres-tu les garçons avec qui tu vas former le groupe ?

Anne Tournerie : Pierre et moi, nous faisions nos études au même endroit, à Toulouse, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Nous étions ensemble depuis un moment quand nous avons croisé Michel, dans le local d’une émission de radio étudiante où on trainait à l’époque. C’est loin, mais si mes souvenirs sont bons, Pierre a d’abord rejoint Michel à INFRA, faire de la radio le tentait bien. Là, il a fait la connaissance d’Arnaud. Puis Arnaud a débarqué un jour à l’appart de manière assez fracassante, un peu « ça passe ou ça casse », et c’est passé, on a trouvé ça très drôle et on s’est donc tout de suite très bien entendus. On avait un appartement très bien situé, c’est vite devenu un vrai QG, il y avait tout le temps du monde qui débarquait, donc effectivement on faisait pas mal de café et on vidait pas mal de cendriers ! Avec Michel et Arnaud, on est devenus très amis, c’était avec eux une ambiance stimulante, pleine d’énergie, de curiosité, on découvrait sans arrêt de nouvelles choses. A force de passer nos journées ensemble à écouter des disques, à discuter sans fin, et à boire du café, il fallait bien qu’on finisse par fabriquer quelque chose, par faire de la musique. Que faire de mieux ? Au début, je me tenais en retrait, un peu sur le côté, mais de fil en aiguille… (La suite dans Les Années Lithium !)


HIT HIT HIT 5/8 : 5 rééditions

(Proposez-nous vos sélections thématiques les plus surprenantes, les plus pointues, et gagner un volume des Années Lithium !)

01. Diabologum, La jeunesse est un art (Ici d’ailleurs)

02. Peter Parker Experience, LP, EP’s & Bonus (Green UFOs)

03. Dominique A, Le détour (Labels)

04. Perio, Icy Morning In Paris (Objet disque)

05. Lucievacarme, tba (Captured Tracks)


JE ME SOUVIENS DE LITHIUM

L’anecdote de Philippe Dumez

Je me souviens qu’à la sortie du Goût du jour, Diabologum tapisse les alentours de la Fnac Montparnasse de stickers fabriqués à la photocopieuse : “Diabologum mâche ses mots”, “Diabologum Starmania”, “Diabologum : 3 doigts”, “Diabologum sent l’esprit jeune”.

 


Les Années Lithium, Langue Pendue n°11. Sortie : mai 2021

2 réflexions sur « Essaie de comprendre 5/8 »

  1. bonjour je cherche à réserver les années lithium de langue pendue mais sur le site je ne trouve pas de contact – merci de m’aider svp

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