Il y a un an, nous évoquions ici-même le 45 tours posthume du très bon groupe étasunien The Yetis, publié par la charmante maison de disques Discos de Kirlian (des amateurs de Le Mans à n’en pas douter !) Le label barcelonais confirme à chaque sortie être de ceux que nous souhaitons chérir longtemps. La structure défend une certaine idée de l’indépendance, romantique, détachée de certaines contingences matérielles, proposant des disques pop dans l’âme. Nous ne les évoquons ainsi pas suffisamment, mais nous écoutons chacune de leur sortie avec la plus grande curiosité. Dernière bonne surprise à leur catalogue : Dois, un groupe de Vigo en Galice, cette partie de l’Espagne imbriquée entre le Portugal et l’Océan Atlantique. La formation, composée d’Oscar Raña, José Nòvoa, Fer Areal et Guillermo Portas, pratique une indie pop anguleuse et aigre-douce aux accents post-punk, dans la langue de Cervantes. Dois évoque des groupes nord-américains contemporains comme Omni (en moins énervé et heureusement moins linéaire) ou Corridor (en plus lo-fi) et peut être une certaine école pacifique actuelle (Dick Diver, Twerps …) et passée (The Bats). Il y a chez les Espagnols ce même goût pour les entrelacs de guitare au son cristallin (Viejas Imàgines), ce sens de la mélodie enjôleuse mais pas vulgaire (la très réussie No Veràs). Après un premier album en 2017 (Està Bien déjà chez Discos de Kirlian, en association avec Orphan Records), le groupe espagnol revient avec Fenòmeno, un 10 pouces six titres d’excellente tenue. Les compositions offrent de la sorte un ensemble harmonieux et intrigant. Sur une assise rythmique simple mais efficace combinant une basse au son medium et une batterie sobre, deux guitares se répondent et se complètent, offrant des mélodies à tiroir intéressantes et originales. Chaque chanson surprend agréablement. Si Fenòmeno n’a pas tout à fait la maturité des groupes cités ci-dessus, Dois trouve toujours une petite idée pour rendre ses compositions attachantes et mémorables, depuis les harmonies vocales du pont de Garanga en passant par le solo de guitare de Cosas marqué de l’influence de Television (jamais une mauvaise chose !) Ya Se Acabò conclue l’EP sur une note douce et cotonneuse portée par des voix féminines et des effluves presque sixties dans ses mélodies. Sans révolutionner le genre, Dois dessine une perspective intéressante en insufflant à leur rock indé contemporain la sonorité original (dans le contexte) de l’espagnol. Une jolie surprise.
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