La compilation d’EP et les concerts de Crack Cloud furent une claque en 2018. L’annonce d’un premier album accompagné des clips d’Ouster Stew et Tunnel Vision ne fit qu’amplifier notre impatience. Les deux chansons convoquaient le souvenir encore vif d’un post-punk sachant s’affranchir de ses références sans se trahir. Quand Pain Olympics est arrivé chez un de nos disquaires parisiens préférés, nous nous sommes pas posés la question, d’autant plus que les chroniques affleurantes ici et là étaient fort élogieuses… Sans être une catastrophe, nous nous devons de dégonfler un peu la hype sur un disque bancal, emphatique et dépassé par sa propre ambition.
Loin de nous de penser que chercher à sortir de sa zone de confort soit quelque chose de négatif, bien au contraire, cependant était-il utile de raviver le souvenir du lyrisme d’Arcade Fire et de l’indie défendu par Pitchfork dans les années 2000 ? Les choses démarrent particulièrement mal avec Post Truth (Birth of a Nation), le mélange entre post-punk et bandes originales de Disney ne prend pas du tout. Le malaise est réel, la chantilly s’accommodant mal du gazole. Bastard Basket rassure quelque peu, un morceau dans les canons du Crack Cloud que nous aimions tant. Somethings Gotta Give a elle plus à voir avec Everything Breath You Take que Gang of Four ou Wire… L’embarras atteint des sommets sur The Next Fix (A Safe Space). La rencontre entre Neon Bible et Contra provoque une certaine gêne et incompréhension. La face B, globalement solide, revient un peu plus au fondamentaux grâce à la fameuse paire Ouster Stew / Tunnel Vision. Les deux chansons choisies en single ravivent la flemme et l’excitation pour ce groupe qui promettait tant. Nous serons moins enthousiaste sur le rap mécanique et maladroit de Favour Your Fortune et le shoegaze engourdi d’Angel Dust (Eternal Peace).
Avec Pain Olympics, Crack Cloud cherche à se renouveler et ne pas s’enfermer, une très louable intention. Un disque se juge cependant non sur son cheminement mais sur son efficience et sa capacité à raconter quelque chose. À force de vouloir étonner et aliéner ses premiers fans, Crack Cloud échoue à proposer un disque cohérent qui dépasse la somme de ses influences. Il y a de l’idée, des très bonnes choses, mais force est de constater que le groupe est surtout pertinent quand il revient à ses fondamentaux post-punk vrillés plutôt qu’à chercher à concurrencer les grosses cylindrées canadiennes indie. Nous leur souhaitons une bonne continuation. Elle trouvera certainement son public. De notre coté, le groupe a perdu son blanc seing et devra à nouveau faire ses preuves pour nous enthousiasmer.