« J’écrirai un livre sur
les vacances de mon enfance,
un chef-d’oeuvre de la littérature,
il y aura 100 000 pages vides »
Après un très bon essai avec Poupard, duo domestique avec son amie Poupard (justement) il y a quelques mois, David Litavicki a rejoint son ami Gheno (peu importe le prénom, il change tout le temps) pour remettre Churros Bâtiment sur le métier. De Grenoble, le duo diffuse ce rock un peu sale, un peu grunge, remis vaguement au goût du jour : des boîtes à rythmes pour bébé, de l’autotune achetée sur le dark web… C’est sauvage, c’est libre, ça gueule (Esclave, hypnotique métal hurlant), ça rigole jaune (Médicaments), ça chante quand ça veut parfois. Le monstre à deux têtes de la capitale du suicide (je ne sais plus qui m’a raconté ça un jour, à cause des montagnes qui enserrent la ville, je ne sais pas si c’est vrai, à vérifier dans Wikipedia) nous envoie dix cartes postales dans la figure, sans adresse et sans timbre, directement dans l’œil. Il n’est donc pas question ici de s’enticher de styles ou d’écoles esthétiques, le groupe enregistre ce qui lui passe par une tête pas très bien faite.
On est dans un truc à la limite de la vulgarité, du gag collant, de la vanne poisseuse, mais il faut bien avouer qu’on y trouve un plaisir certain. Il s’en dégage un certain dynamisme, celui qui nous entraîne dans un quotidien qui devrait nous engluer (il le fait) mais nous libère dans le même temps. Les guitares ne sont même pas trop grasses, bien 1990 comme il faut, ça nous rappelle des copains de Mulhouse, des connaissances de Toulouse, quand il s’agit de s’approprier sans se prendre la tête les mondes de Seattle, de NYC ou d’Austin. Évidemment au final, ça se marre pas vraiment et la noirceur finale qui se dégage de l’exercice n’invite pas trop non plus à faire le clown. C’est ça qui est bien, on ne fantasme pas trop en écoutant la musique de Churros Bâtiment, on regarde juste la vie avec ce qu’il faut de recul, en soulignant ses aspects les plus foireux (Pendre, en catharsis ultime), et en passant à autre chose. Parce que ça vaut quand même le coup, et qu’un rock un peu débile et infantile, ça fait du bien : « c’est très coco, c’est très papa, c’est très popo, c’est très caca« . Bah oui, je vous avais prévenu, aussi.