Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , , , ,

Dois, Fenòmeno EP (Discos de Kirlian)

Il y a un an, nous évoquions ici-même le 45 tours posthume du très bon groupe étasunien The Yetis, publié par la charmante maison de disques Discos de Kirlian (des amateurs de Le Mans à n’en pas douter !) Le label  barcelonais confirme à chaque sortie être de ceux que nous souhaitons chérir longtemps. La structure défend une certaine idée de l’indépendance, romantique, détachée de certaines contingences matérielles, proposant des disques pop dans l’âme. Nous ne les évoquons ainsi pas suffisamment, mais nous écoutons chacune de leur sortie avec la plus grande curiosité.  Continuer la lecture de « Dois, Fenòmeno EP (Discos de Kirlian) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , ,

Cate Le Bon, Reward (Mexican Summer / Modulor)

De toutes les belles lignes qui frappent durant Reward, « solitude is wrinkles in the dirt » (la solitude est les replis dans la saleté), est celle qui vient soudain tendre l’air à l’écoute de ce nouvel album de Cate Le Bon. Je me souviens d’un passage dIdiotie dans lequel Pierre Guyotat racontait avoir pris conscience de sa puissance poétique en tentant de « rafraîchir l’air à la faveur des mots » : à mes oreilles, « solitude is wrinkles in the dirt », ça jette un froid. Du froid, il y en a pourtant peu dans ce Reward qui curieusement débute à Miami – quand bien même il n’y fut ni écrit, ni enregistré, bien au contraire – dans une luxuriante entrée au matière. Une fois les arrangements, et leur discrète étrangeté, installées, la chanteuse galloise joue du dispositif : il n’est question de la Floride qu’à l’arrivée du refrain, les couplets eux glissent l’auditeur dans un état rêveur et déconcertant qui ne s’approfondira que davantage. « Move with me » intime-t-elle lors de son introduction en territoire du rêve. Continuer la lecture de « Cate Le Bon, Reward (Mexican Summer / Modulor) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , ,

Walter & Lavergne (autoproduit)

« au petit matin blême, nous flottons quand même,
noyés sous les problèmes, nous flottons quand même »

Le dimanche, des gens se pressent dans des stades voir des clubs amateurs se défoncer sur des terrains stabilisés ou des gazons décatis. L’ouvrier fauche le prof de sport qui a juste le temps de décaler l’employé pour un superbe assist’ que le portier, boulanger du coin, ira chercher au fond des filets. C’est pas la Coupe d’Europe, ni la Coupe du monde. Personne, accoudé au rambardes blanches qui entourent le terrain, ne fait semblant d’être devant Bein Sport, et pourtant, personne ne manquerait le match de la semaine suivante… Je me suis toujours demandé ce que foutaient ces gens, qu’est-ce qu’ils attendaient au fond, de ces joutes amateures. Continuer la lecture de « Walter & Lavergne (autoproduit) »

Catégories chronique nouveauté, festivalsÉtiquettes , , , , , ,

Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars)

Big ThiefEn découvrant U.F.O.F. pour la première – mais aussi pour la deuxième et la troisième fois – on est d’abord saisi de l’envie irrépressible d’en interrompre le déroulement pour trouver refuge dans l’écoute d’une une copieuse compilation d’Emmylou HarrisAnthology : The Warner/Reprise Years (2001), pour être précis. Cette impulsion ne relève évidemment pas de ces associations formelles par lesquelles les échos des œuvres passées en viennent à résonner ostensiblement dans les prolongements actuels de leur descendance assumée. Au contraire. C’est plutôt que la fréquentation prolongée des vocalises éthérées d’Adrianne Lenker suscite, par contraste, le besoin impérieux de se confronter à une version infiniment plus incarnée de l’humanité. Continuer la lecture de « Big Thief, U.F.O.F. (4AD / Beggars) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , , , , ,

The Proper Ornaments, Six Lenins (Tapete records)

Presque dix ans de carrière discographique pour The Proper Ornaments et toujours le même sentiment diffus : le groupe semble être si fragile et pourtant il résiste fort bien. Peut-être que sa modestie n’y est pas étrangère, la formation évoluant régulièrement dans l’ombre des autres projets de James Hoare. Qui aurait misé un penny sur le duo formé par Max Oscarnold (ex-Let’s Wrestle et actuel membre de TOY) et le guitare de Veronica Falls à l’époque de la sortie du premier single sur le label Make a Mess ? Continuer la lecture de « The Proper Ornaments, Six Lenins (Tapete records) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Sunn O))), Life Metal (Southern Lord)

Les intéressés vous le diront tous, un concert de Sunn O))) est une expérience vraiment unique. Le groupe joue si fort que les fréquences basses ne font pas uniquement vibrer les tympans mais les corps tout entiers. Ces performances sont aussi jubilatoires qu’éprouvantes, à en juger par les sourires extasiés des uns et les flaques de vomi laissées par les autres (il se peut que ce soit les mêmes spectateurs). Et sur disque ? Que reste-t-il de cette musique lorsqu’elle est diffusée sur nos modestes sound-systems domestiques ? Est-il possible d’écouter Sunn O))) avec ses seules oreilles ? Continuer la lecture de « Sunn O))), Life Metal (Southern Lord) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Aldous Harding, Designer (4AD)

Aldous HardingQuand Aldous Harding mentionne le besoin d’un tatouage dans Pilot, l’avant-dernière chanson de son nouvel album Designer, c’est afin de se cacher, de se procurer un abri. L’envie est forte de lui faire parvenir une carte postale rassurante au dos de laquelle serait écrit : « Vous n’avez besoin d’aucun tatouage pour vous dissimuler, votre disque suffit. Bien amicalement. »
On avait fréquenté la Néo-Zélandaise il y a deux ans grâce à Party, disque suffisamment émietté et habité – contrastes, bruits, respirations –, suffisamment bizarre et fragile pour le laisser s’insinuer durablement. Continuer la lecture de « Aldous Harding, Designer (4AD) »

Catégories chronique nouveautéÉtiquettes , , ,

Igor Wakhevitch, Kshatrya (The Eye of the Bird) (Transversales)

Igor Wakhevitch KshatryaDès Lovesong to Ekalavya, « prologue  » qui ouvre Kshatrya, enregistrement d’Igor Wakhevitch datant de 1999 et revisité pour le label Transversales (Jonathan Fitoussi et Sebastien Rosat), c’est l’omniprésence du matériau modulaire et analogique qui s’impose tout particulièrement. Rien de très étonnant pour ce pionnier français de l’usage des synthétiseurs ARP2600, Moog et AKS, proche du Groupe de Recherches Musicales (GRM), de Pink Floyd, Soft Machine ou de Jean-Michel Jarre : il s’agit bien ici, avec l’exaltation caractéristique des grands défricheurs, d’aborder ces zones du psychédélisme électronique qui s’ouvraient alors à l’exploration. Aux côtés de Tangerine Dream, du Morton Subotnick de Silver Apple Of The Moon ou encore du Terry Riley période Les yeux fermés, le travail de Wakhevitch évoque ce moment si singulier de la musique de la deuxième moitié du XXe siècle au cours duquel esthétique planante et recherche avant-gardiste ont convergé. Continuer la lecture de « Igor Wakhevitch, Kshatrya (The Eye of the Bird) (Transversales) »