On ne pourra pas dire qu’il ne nous a pas prévenu. Pour son retour après dix années d’absence, David Berman a balancé un titre sous forme de profession de foi abandonnée, All My Happiness Is Gone. On regrettera simplement que l’intro dudit scopitone soit absente du disque final, car elle avait une texture d’abandon et de tristesse dont seuls les soixante treize fans des Supreme Dicks (moi inclus) ont du saisir la vraie teneur, l’enchainement avec le morceau (un futur classique à n’en point douter, je me trompe rarement) arrangeant d’ailleurs tout le monde et tout cela dans une belle harmonie disjointe et avec une nappe de synthé new wave pas si incongrue. Continuer la lecture de « Purple Mountains, Purple Mountains (Drag City/ Modulor) »
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The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos)
Est-ce pour mieux s’aligner sur les festivités musicales institutionnalisées dans nos contrées ou, plus vraisemblablement, sur la survenue des premières chaleurs estivales ? Toujours est-il que la publication de ce troisième album de The Lunar Laugh le 21 juin dernier semble correspondre à la perfection avec le solstice de saison. Contrairement à ce que suggère son patronyme nocturne – emprunté, pour l’anecdote érudite, aux péroraisons astrologiques de l’album Cosmic Sounds de The Zodiac (1967)- le quatuor d’Oklahoma City propose en effet une réinterprétation résolument radieuse d’une tradition musicale dont les sources principales demeurent ancrées dans les années 1970. Continuer la lecture de « The Lunar Laugh, Goodnight Noises Everywhere (Kool Kat Musik/You Are The Cosmos) »
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Froth, Duress (Wichita Recordings)
Chaque semaine, je suis enthousiasmée par de nouvelles sorties et il me semble que le printemps qui s’achève a été, à ce niveau, plus fécond que jamais : Cate Le Bon, Vanishing Twin ou Crumb – pour ne citer qu’eux – ont chacun, avec une inventivité folle, rappelé comment l’on pouvait à la fois avoir des influences marquées et proposer une musique novatrice, totalement ancrée dans son époque. J’aimerais pouvoir écrire les raisons pour lesquelles ces albums ont été de tels coups de cœur, mais freinée par la peur de ne savoir leur faire honneur et le regret que l’exaltation soit une fièvre non-contagieuse, je préfère souvent parler de ces disques qui m’animent sans me passionner, ceux à propos desquels les avis contraires ne me causent pas d’éruptions cutanées. Froth sera l’exception à la règle puisque me voilà à tenter d’expliquer pourquoi Duress, dernier né du trio de Los Angeles emmené par Joo Joo Ashworth, représente tout ce que je peux espérer d’un groupe en 2019. Continuer la lecture de « Froth, Duress (Wichita Recordings) »
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Doggy, Radio .TP., (Kocliko & Jigsaw)
« J’m’en sortirai, comme d’habitude, en écrivant une bonne petite chanson bavarde »
Durant l’hiver 2018, j’écris le spécial Côte Ouest de Langue Pendue, qui raconte le quotidien de huit groupes pop (noisy/anorak) d’ici du début des années 90. Je m’entretiens alors avec les protagonistes uniquement par écrit, par courriels, par les réseaux sociaux. Ce n’est pas vraiment conscient mais de cette manière j’ai l’impression de communiquer avec des jeunes gens de 18-20 ans, des esprits, des fantômes captifs des archives photographiques rassemblées à dessein. Comme si j’avais actionné une machine à remonter dans le temps de ma jeunesse révolue. J’ai adoré ces moments. Continuer la lecture de « Doggy, Radio .TP., (Kocliko & Jigsaw) »
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Bill Callahan, Shepherd in a Sheepskin Vest (Drag City)
Il y a des jours où je me surprends à penser que mon idée des années 90 tient toute entière dans la discographie de Smog et je me demande parfois si, en tant qu’auteur et musicien autodidacte, j’ai été plus stimulé par qui que ce soit autant que je l’ai été par Bill Callahan, son art et ses manières brusques. Il aura peut-être représenté pour moi et presque à lui seul ce que le punk aura représenté pour la majorité de mes ainés. Si je pousse un peu, j’irais jusqu’à dire que Callahan a été mon Velvet, mes Rolling Stones, mon Dylan, mon Elvis (je laisse à part Leonard Cohen, qui est mon seul Leonard Cohen, bien que Callahan en soit à mes yeux, j’y reviendrai, l‘un des plus probables jeunes cousins). Continuer la lecture de « Bill Callahan, Shepherd in a Sheepskin Vest (Drag City) »
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Caio Falcão, Vulgar (Selo Risco)
À cause des beaux jours qui se sont attardés en région parisienne, j’observe tous les disques qui m’accompagnent avec suspicion. Que deviendront-ils les jours de grisaille revenus ? S’il existe d’excellentes références que l’on ne saurait écouter un jour de canicule, – et inversement – lorsque je pense aux musiques qui me saisissent dans l’allégresse d’un air trop chaud, je suis le plus méfiant des auditeurs. Les beaux jours ne portent-t-ils pas la saison maudite de la pop ? Continuer la lecture de « Caio Falcão, Vulgar (Selo Risco) »
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Spencer Radcliffe & Everyone Else, Hot Spring (Run For Cover)
Il y a un truc que les Américains savent faire, c’est avoir une sorte de singer-songwriter charmant dans chaque (aéro)port. Ici, c’est l’Illinois, c’est Chicago, ça pourrait être n’importe qui mais c’est Spencer Radcliffe et «Everyone Else», très précisément.
Il y a quelques années (2015), un des ces titres discrets qui ont tout pour se faire oublier avait rejoint ma sélection favorite quasi-instantanément, ça ronflait bizarrement dans le fond, ça rentrait dans la tête facilement, ça s’appelait Mermaid et c’était sur l’album Looking In, avec sur la pochette un poisson qui regardait très absurdement un chat dans un bocal. Continuer la lecture de « Spencer Radcliffe & Everyone Else, Hot Spring (Run For Cover) »
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Dois, Fenòmeno EP (Discos de Kirlian)
Il y a un an, nous évoquions ici-même le 45 tours posthume du très bon groupe étasunien The Yetis, publié par la charmante maison de disques Discos de Kirlian (des amateurs de Le Mans à n’en pas douter !) Le label barcelonais confirme à chaque sortie être de ceux que nous souhaitons chérir longtemps. La structure défend une certaine idée de l’indépendance, romantique, détachée de certaines contingences matérielles, proposant des disques pop dans l’âme. Nous ne les évoquons ainsi pas suffisamment, mais nous écoutons chacune de leur sortie avec la plus grande curiosité. Continuer la lecture de « Dois, Fenòmeno EP (Discos de Kirlian) »