Bobby Caldwell, Bobby Caldwell (1978, Clouds)

Bobby Caldwell nous a quitté mardi dernier, le 14 mars 2023. Si sa disparition est passée quelque peu inaperçu en France, le chanteur américain était une référence incontournable au Japon ou dans le hip-hop américain. Bobby Caldwell est né à Manhattan mais a grandi à Miami. Le jeune musicien baigne dans un environnement musical riche et varié. Sinatra, Bob Marley, la musique cubaine passent ainsi dans les oreilles du chanteur. Il débute sa carrière musicale au début des années soixante dix au sein du combo Katmandu. Repéré par Little Richard, il accompagne ce dernier sur scène avant de tenter sa chance à Los Angeles. Il est finalement repéré par TK, un label de Floride. En pleine vague disco (1978), Bobby Caldwell publie son premier album solo sur Clouds, une structure hébergée au sein du label d’Henry Stone.

Bobby Caldwell
Bobby Caldwell

Sur l’élégante pochette, ses contours se dévoilent en contre-jour : une volonté de la maison de disque pour ne pas s’aliéner le public afro-américain. Bobby Caldwell est blanc, mais sa musique a de solides racines soul et r&b. Disque cross-over par excellence, Bobby Caldwell s’inscrit parfaitement dans son époque, quelque part entre les débuts de Toto (Georgy Porgy), l’émancipation de Michael Jackson (Off The Wall) ou les succès des Doobie Brothers, sous la houlette de Michael McDonald. Le tempo est généralement alangui, parfait pour développer un groove tranquille et terriblement sensuel. La voix de crooner de Caldwell y fait merveille. Elle évoque alors autant le Rat Pack que Teddy Pendergrass. Parfois le chanteur hausse un peu le tempo et s’essaye à la disco. Special To Me et Love Won’t Wait surprennent ainsi par leurs pizzicatos de cordes et leurs rythmiques soutenues pour la piste.

La spécialité de Bobby Caldwell reste cependant les midtempo indolents et généreux. À ce jeu là, difficile de surpasser l’incroyable What You Won’t Do For Love, tube en or massif de l’album. Il a été enregistré à la dernière minute car le disque manquait d’un single fort. Le label a eu raison d’insister : la chanson entre dans le top 10 américain et porte l’album au statut de double platine. Quarante cinq ans plus tard, le morceau est toujours aussi vibrant et excitant, une merveille de raffinement portée par la voix envoutante de Bobby Caldwell. Au delà d’un remarquable single, l’album surprend par sa densité. Le court instrumental Kalimba Song convoque Earth Wind & Fire tandis que Can’t Say Goodbye déclenche quelques lascifs pas de danse. My Flame et Down To The Third Time sont, quant à elles, d’autres petites perles yacht rock. Si la carrière de Bobby Caldwell se fera plus modeste après son excellente trilogie initiale, son succès au Japon, pays de la City Pop ne se démentira pas. Samplé par de nombreux artistes hip hop (J Dilla, 2 Pac, Aaliyah, Notorious B.I.G.Lil Nas X, A$AP Rocky…), sa musique a traversé les âges et continuera de nous inspirer.


Le premier album solo eponyme de Bobby Caldwell  est sorti en 1978 sur le label Clouds.

 

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