Natif du New Jersey, Brian James Christinzio aka BC Camplight a tout plaqué au début des années 2000 pour s’installer à Manchester. En quittant son pays natal, il a renoncé à un début de carrière qui commençait à se dessiner avec des apparitions aux côtés de Sharon Van Etten et des War on Drugs. Dans la ville de New Order et d’Oasis, il a trouvé un peu de sérénité et surtout un label, la fidèle maison de Simon Raymonde de Cocteau Twins, Bella Union, qui lui fournit les moyens d’enregistrer des disques et surtout un cadre. C’est important le cadre, surtout face aux chansons de BC Camplight…
Les chansons écrites par cet expatrié n’ont guère d’équivalent, elles sont bordées par des références évidentes mais elles répondent à une règle simple : BC Camplight fait ce qu’il veut quand il veut. Nous étions déjà prévenus avec How To Die In The North, premier disque publié par Bella Union en 2015. La matrice de BC Camplight est déjà en place : les heures passées à écouter les chansons de Brian Wilson, le temps passé à dénicher des petites merveilles inconnues des années 70 chez le disquaire et ce besoin vital d’écrire des paroles codées et autobiographiques. Funambule, la douce folie de BC Camplight commence à fonctionner au Royaume-Uni : The Last Rotation of Earth a fait une entrée remarquée dans les charts en 2023 et les salles sont devenues d’une taille plus que respectable.
Sur ce nouveau disque, BC Camplight évoque la sobriété, la drogue et les abus sexuels dont il a été victime lors d’un de ses séjours lors d’une colonie de vacances. Évoquer ces agressions est le fondement même de ce disque aussi cathartique que lucide. La noirceur des propos est proportionnelle à la folie pop de son auteur. Il y a ce traumatisme qui ouvre et ferme l’album, qui le nourrit tout du long et qui se transforme en opéra pop dantesque.
C’est la première fois depuis la mort de Brian Wilson que l’on a envie de sourire.