« Je veux être l’ennemi du soleil »
Le punk aux accents new wave semble retrouver une certaine vigueur en ce moment dans les diagonales du vide : avec Hinin ou les Oi Boys en figures de proue, les salles peuvent enfin re-pogoter en Slang tout en hurlant des refrains dynamiques ou la basse se fait porteuse comme jamais. Avec Baron Fantôme, on franchit encore une marche, tout droit vers le caveau. Les guitares se font stridentes, pilotées par des basses lourdes et menaçantes et une rythmique bien gardée. Et surtout, il y a cette voix, bien en avant, à la limite entre incarnation et emphase qui joue dans la reverb. Elle est là, sans fausse pudeur, ni second degré et nous entraîne jusqu’au bout de la nuit. Pourtant à la lecture de titres comme Bat-Love ou Le corbeau (dont l’intro est le cri geignard de ces volatiles, carrément), on pouvait craindre une Bérézina agitée par des petits malins humoristes. Il n’en est rien, les ambiances sombres et les moments de ferveurs s’enchaînent sans gêne, et on peut goûter à cette musique sans retenue, avec même sa complainte en chef : Bat-Love qui a tout du tube de caveau gothique, allez tous en chœur : « Au rythme du battement de vos chœurs » (adlib). Il y a aussi le très littéraire Journal du voleur (Genêt bien sûr mais aussi François Villon, Georges Darien…), la référence à Chris Marker (Les Statues meurent aussi) ou le puissant La mort gronde avec en invitée Léa Jacta Est, la grande prêtresse des Chansons cathartiques. CQFD. Disque étonnant de la part d’ex membres du groupe metal (et dérivés extrêmes) Satan, sur le label Throatruiner géré par un des membres de Fange qui s’ouvre à toutes les branches esthétiques des musiques extrêmes. Bel endroit de liberté et d’aventures en tous les cas.