Stranger Teens #30 / Guest : Pete Astor

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

J’allais avoir douze ans dans quelques jours. Le transistor était allumé, comme toujours à l’époque, même dans cette banlieue fraîchement construite, captant je ne sais quel signal à la dérive. C’était probablement BBC Radio 1 qui diffusait le London Rock And Roll Show, en direct de la Wembley Arena. Le MC5 avait joué un peu plus tôt dans la journée mais je ne les connaissais pas. J’étais un gamin passionné de Pop qui grandissait sous l’emprise de Slade, T-Rex et Bowie. Mais, cet après-midi là, je suis tombé sur quelque chose que je n’avais jamais entendu auparavant. C’était Little Richard qui chantait Lucille. C’est la version qui figure dans la version filmée du concert. D’une façon ou d’une autre, mon cerveau d’enfant de bientôt douze ans a réussi à reconnaître la source la plus brute du Glam Rock que j’écoutais depuis tant de mois. Aussi brilliant soit-il, la plupart du temps, ça, c’était autre chose. Essayez donc d’écouter Lucille les yeux fermés – les images du concert sont magnifiques, mais elles ne faisaient pas partie de mon expérience en cet après-midi d’été. Ce sont le groove et la puissance de cette musique qui font tout même si, à cet instant du concert, juste après avoir subi les martellements de Jerry Lee Lewis, j’entends bien à présent que le piano n’était plus accordé du tout. Mais c’est bien là l’essentiel : il sonnait mieux ainsi et, dans certains passages de la chanson, Little Richard semble pousser encore un peu plus loin l’exploration de cette atonalité. C’est tout cela et aussi la voix et cette stabilité implacable. Une lumière s’est allumée dans ma tête qui ne s’est jamais éteinte.


Lucille par Little Richard est sorti en 1957 sur l’album Here’s Little Richard chez Specialty.

Des premières années cruciales et influentes du label Creation avec The Loft et The Weather Prophets jusqu’à son grand retour, dans les années 2010, à ce format de la chanson classique et intemporelle dans lequel il a toujours excellé, Pete Astor a traversé avec une classe inaltérable quatre décennies au service de son art. Il s'apprête à publier, en octobre, son nouvel album solo Time On Earth (Tapete Records) et sera en concert à Fontenay-aux-Roses le 4 septembre avec Life Is A Minestrone.

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