« Il y a tout ce monde autour de moi, je me demande ce que j’fais là »
Nina, Eva, Sandra et Mélanie reprennent le flambeau d’une pop à guitares primitive et mélodique laissées plus ou moins en jachère depuis les années 80 disons (et disons repris en pointillé notamment par les rockers parisiens des 2000) . Bien sûr, on abusera de la comparaison avec les Calamités, parce que c’est des FILLES (et on jouera le jeu de l’Histoire officielle en admettant que le girl group est un style, pourquoi pas, je ne suis pas trop armé pour la déconstruction), et sans doute aussi grâce à ce son de cave si spécifique d’A bride abattue (la fameuse anti-production de monsieur Lionel Herrmani, ami des Dogs et des Olivensteins). Mais l’énergie véritablement punk d’Alvilda laisse peu de place aux harmonies Beatles si chères aux demoiselles de Dijon, et les chansons apparaissent plus comme des cailloux aiguisés projetés par une fronde que comme les pépites scintillantes (lien Nuggets) d’un temps plus ancien. Nina, la bassiste, vient d’ailleurs du groupe Bromure, plutôt oï punk, ça pose un CV. Bref, Négatif, Cinéma, Kylie et Demain jouent de leurs qualités : quatre petits missiles fuselés tirés du garage en direction des étoiles, les guitares font shling shling, la voix trace sur un tempo enjoué, route droite, légèrement pentue. Notre préférence ira à Demain parce que tous les niveaux s’alignent pour un petit tube de power pop, forcément au parfum un peu patiné, qui pourrait ravir les adeptes de pop guitare rapide, de punk-planche à roulettes agile ou de rock vénère.
« Tu m’fais pleurer, tu m’fais rire, tu m’fais parler sans avoir rien à dire »
Un plaisir matinal et estival : se lever un samedi pour aller travailler et découvrir, au petit déjeuner, la mixtape sortie durant la nuit par Telly*, second alias de Gabriel Piotrowski plus connu sous le nom de Biga Ranx. On avait déjà écrit ici que lorsque le toaster virtuose de Tours s’aventurait dans son idiome local, il gagnait alors une nouvelle dimension d’originalité qui nous parlait directement. La chose se vérifie ici, l’expression en français devient majoritaire, et c’est un plaisir de se confronter à l’écriture unique de Telly* qui joue de ses techniques vocales comme une ceinture noire perfectionnée en Jamaïque auprès de maîtres imaginaires (et surtout de son imaginaire tout court). Sur Feuilles mortes, sur Le soleil fume, il étale toute l’ élégance de sa diction et les mots rebondissent dans sa bouche comme des petites boules « chinoises », dans un jeu parfait avec les sonorités bulles des productions. Toujours un petit bruit qui éclate à droite, à gauche, dans des instrus jamais parodiques, mais légers comme des volutes d’un Chaï chaud un peu spécial. Un pur brin d’énergie positive, une bonne vibration d’1/4 d’heure pour commencer la journée.