Vega, l’âme

Alan Vega en 1991 / Photo : Philippe Lévy

Canonisé de son vivant par les Anglais de Blast First Petite qui célébrèrent son soixante-dixième anniversaire en 2009 avec une série de reprises, notamment par Primal Scream, The Horrors, Dave Ball, The Klaxons, Sunn O))), Pan Sonic, Peaches ou… Bruce Springsteen, c’est cette fois la France qui honore Alan Vega, disparu il y a deux ans. Après le superbe album posthume It de 2017, le label Digging Diamonds réédite ses disques les plus rares des années 90. Universe, une exposition de ses œuvres à la galerie Laurent Godin à Paris à partir du 22 juin, précède d’un jour la soirée hommage au New-Yorkais (le 23 juin au Lieu Secret à Paris), avant que ne paraisse le 11 septembre Alan Vega. Martin Rev. Suicide. Five films By Marc Hurtado (La Huit), le coffret DVD de ce collaborateur de longue date du chanteur de Suicide et directeur artistique de l’hommage parisien. Marc Hurtado, musicien et cinéaste, co-fondateur du duo Etant Donnés, revient pour Section 26 sur ses souvenirs les plus marquants du « constructeur dans le chaos », comme il définit son ami, avant que d’autres participants de la scène française ne se remémorent leurs émotions de Suicide ou Alan Vega.

Alan Vega et Etant Donnés / Photo : Frédéric Brugnot

Comment as-tu rencontré Alan Vega ?

« Notre rencontre s’est faite en plusieurs étapes. Avec mon frère Eric, on avait donné un concert d’Etant Donnés à The Kitchen à New York en 1989. Le lendemain, on était tombés sur Martin Rev sur le Bowery, auquel on avait déclaré notre flamme, en fans absolus de Suicide. On en avait profité pour échanger nos adresses et lui offrir Un Poète A New York de Lorca, le livre qu’Eric trimbalait dans sa poche. Quelques mois plus tard, nous avons rencontré Alan Vega dans les loges d’un club peu fréquenté de Lyon. C’était pour moi une icône, un mythe, et je n’osais pas lui parler. Son poster était punaisé au-dessus de mon lit quand j’étais adolescent, au milieu de gens comme Rimbaud, Artaud ou Iggy Pop. Au culot, on a entamé la conversation, et c’est comme si nous nous connaissions depuis des années. On a devisé de poésie, de Barcelone, mais aussi de Camus, Genet ou Stendhal. Alan nous a avoué sa fascination pour ce dernier, et qu’il avait visité le musée Stendhal à Grenoble. On s’imaginait le voir déambuler en veste à paillettes dans le musée vide, avec la super dégaine qu’il avait à l’époque. En 1990, on lui avait passé notre album Aurore (1990) à l’occasion d’un festival en Suède ; ce n’était pas sa période la plus fastueuse, et il jouait souvent devant peu de spectateurs. Il avait sorti Deuce Avenue (1990), qui demeure incroyable pour moi, mais sans recueillir le type de succès qu’il avait pu avoir avec Juke Box Baby sur son premier disque solo de 1980. Il jouissait toujours cependant d’une belle côte d’amour, notamment en France, et le public français lui a d’ailleurs toujours été fidèle, avec de belles déclarations jusqu’à la fin de sa vie. Deux ans après ce festival, il nous avouait avoir beaucoup écouté le disque qu’on lui avait donné, et nous proposait de collaborer avec lui. J’ai pris ça pour une blague, mais quand on s’est revus plus tard, il nous a demandé si on avait vraiment commencé à composer ! »

Comment avez-vous conçu Re-Up (1999) avec Alan Vega ?

« Je me suis mis à enregistrer des sons de motos, et cela m’a pris longtemps pour façonner le disque que j’avais en tête pour lui. Un son très urbain avec une touche de magie, à la fois puissant, palpable et poétique. Cette sensation spatiale que l’on retrouve dans tous les disques qu’il a réalisés, qui m’évoquent des couleurs abstraites, contrebalancées de réflexions concrètes sur la mort, le tout dans une abstraction complète, à l’image de ses sculptures. C’était une révolution pour nous, car après Bleu (1994), qui terminait une trilogie avec Aurore (1990) et Royaume (1991), j’avais l’impression d’être arrivé à la fin de quelque chose. J’étais responsable du son d’Etant Donnés et j’avais une appréhension à toucher le moindre instrument. C’est au contact de Vega que je me suis plongé dans un nouveau mélange sonore, avec un sampler pour les sons électroacoustiques et le synthétiseur le meilleur marché d’alors. Cela a donné Re-Up (1999), pour lequel nous avons aussi travaillé avec Lydia Lunch et Genesis P. Orridge, une sorte d’hommage à ces grands artistes qui m’avaient nourris à l’adolescence. Comme Alan, qui ne voulait jamais se répéter et s’ouvrir à de nouvelles perspectives quitte à perdre son public, cela n’a pas loupé, puisque nous avons été rejetés d’une caste de puristes bruitistes qui a traité cette œuvre de disque de prostituées ! »

Alan Vega et Etant Donnés / Photo : Joseph Caprio

Souhaitiez-vous défendre ce disque sur scène ?

« L’envie de faire des concerts était réelle avec Vega, mais ne s’est pas concrétisée immédiatement. Il y a d’abord eu le festival Sonar à Barcelone, ou les Transmusicales de Rennes, avec P. Orridge mais sans Alan. Nous nous sommes retrouvés pour deux concerts à Beaubourg et au Lieu Unique à Nantes en 2004, et c’est à cette occasion qu’il a chanté pour la première fois sur scène avec Christophe. Le concert du Lieu Unique a été un moment de folie : Christophe et Alan ont chanté Surrender, avant le final sur Ghost Rider. Nous avions disposé six Harley Davidson pétaradantes sur scène : tu peux imaginer le son infernal et la fumée dégagée dans la salle qui a fait péter les plombs aux spectateurs. Un mec a tenté de plonger d’un gradin de dix mètres de hauteur, avant de traverser la salle avec une espèce de drapeau pour tenter de taper Vega. Alan m’a lancé un regard qui semblait dire « What the fuck? » mais lui aussi était dans une sorte de transe et plongeait son micro dans le pot d’échappement des motos. En essayant de maîtriser le spectateur déchaîné, mon frère Eric a bousculé une femme qui s’est brisée le coccyx en tombant. Un moment de panique au sens premier du terme, une folie du Dieu Pan dont nous nous souviendrons toutes nos vies. Le spectacle avait été filmé, mais les bandes ont malheureusement été perdues. »

Alan Vega et Marc Hurtado / Photo : Dom Garcia

A quel moment votre collaboration devient-elle vraiment régulière ?

« Après d’autres dates de concert avec Etant Donnés et Alan Vega, je lui ai proposé de l’interviewer et de le filmer au sujet de son travail de sculpteur, à l’occasion d’une Biennale d’Art Contemporain à Lyon. J’ai commencé à prendre de la distance avec Etant Donnés pour me consacrer à des projets plus personnels, comme ma parenthèse Sol Ixent, presque dance. J’ai décidé de lui proposer un disque, après un projet reporté avec Gabi Delgado de D.A.F. pour des histoires de contrat. Je lui ai envoyé quinze morceaux, et il en a retenu treize, ce qui a donné Sniper en 2010, sans doute le disque le plus rapide que j’ai sorti. C’est à partir de ce moment que nous sommes devenus véritablement amis. Je voulais interviewer les personnes qui soutenaient Alan Vega, comme Henry Rollins ou Bruce Springsteen, pour un projet de film. J’ai dû défendre l’idée devant une commission pour lever des fonds, mais on m’a retoqué, en prétextant que la mention de Springsteen était trop racoleuse ! Je me suis retrouvé à tenter de convaincre le membre de la commission que le rocker était fan de Suicide depuis 1981, et qu’il reprenait Dream Baby Dream sur scène. Mais ça n’a pas suffi à débloquer l’argent. D’ailleurs, Vega racontait que la première fois qu’il a écouté State Trooper, que Springsteen a enregistré sur Nebraska (1982), il pensait que c’était un de ses titres qu’il avait oubliés, tant Springsteen chante et feule comme lui dessus ! Il se raconte d’ailleurs qu’à la fin de l’enregistrement du deuxième album de Suicide dans le studio Power Plant à New York, une séance d’écoute fut donnée en présence d’un admiratif Springsteen, qui fut le seul à dire « It’s fucking amazing ! », dans un silence de mort. Longtemps j’ai suivi Vega avec une caméra, ou même Suicide pour un concert à Marseille en 2014. Malgré le refus des financiers, j’ai décidé de sortir le film moi-même : Infinite Dreamers en 2016, un portrait intime et spirituel d’Alan Vega et Martin Rev, qui me ressemble et décrit bien leur univers, sorte d’arte povera d’une époque, sans archive ni argent. On saisit bien leurs différences, entre l’énergie et l’humour volcaniques de Vega, et la tendresse rêveuse et la douceur de Rev, deux opposés qui étaient faits pour se retrouver, en un toboggan sur lequel tu fonces à 200 km / heure. »

Alan Vega / Photo : Joseph Caprio

Que retiens-tu d’Alan Vega ?

« Vega avait une très grande ouverture d’esprit et une vraie simplicité, mais il pouvait être très dur avec certaines personnes s’il n’avait pas ce qu’il voulait. Notre relation a toujours été teintée d’une simplicité et d’une incroyable générosité. Comme lui, je n’ai jamais répété et j’ai horreur de penser les choses. Rimbaud disait « On me pense », comme si les choses te traversent, sans qu’il y ait une réflexion derrière. Vega était ainsi, un instinct pur et sauvage, et c’est comme si l’on s’était reconnus. J’ai beaucoup travaillé avec lui, et notre rencontre est allée au-delà de la simple collaboration. C’était fou pour moi à la fin de faire partie de sa famille, alors que sa tête était punaisée au-dessus de mon lit en 1977 quand j’avais 15 ans ! J’ai fait le morceau Tangerine avec Christophe pour le disque Les Vestiges Du Chaos (2016), et ce dernier souhaitait que j’aille filmer Vega à New York pour utiliser la vidéo sur scène. Je pars le visiter mais ne le retrouve pas, car il s’était cassé le col du fémur. Je ne souhaitais plus le filmer mais il insiste vraiment pour que je le fasse quand même, sur son lit d’hôpital. Je lui offre un tee-shirt de l’album Sniper (2010), qu’il colle sur son torse en me disant qu’il avait des choses à me dire et m’enjoins de l’enregistrer. Il parle des tours du World Trade Center, de sa judéité, de choses très intimes qu’il avait rarement abordées, avant que je ne le quitte et qu’il me déclare : « I love you, Marc ». Un mois plus tard, il était décédé, et j’ai appris de sa femme Liz Lamere qu’il avait porté ce tee-shirt jusqu’au bout, ce même tee-shirt que Dante Vega, son fils lui aussi très talentueux, porte comme une relique sur scène. »

A l’occasion de la venue de Liz et Dante pour l’exposition Universe , Marc Hurtado a décidé d’organiser, le jour anniversaire de ses 80 ans, une soirée avec tous les artistes français inspirés par la musique d’Alan Vega. Rencontre avec quelques participants sur scène.

Marie MÖÖR

Votre premier souvenir d’Alan Vega ?

« Premier flash à Londres, dans un squat, une cassette démo, avec d’un côté My Way des Sex Pistols et de l’autre Suicide. J’écoutais en boucle. Plus qu’une voix encore : une fantasmagorie… Je suis rentrée en France avec ça dans les oreilles. Des incantations du cimetière indien sous la city. »

Votre disque fétiche d’Alan Vega ?

« Mettons le premier, celui de 1977 pour la montée de sève. Et l’inspiration de mon premier titre Pretty Day avec Barney Wilen. Avec les mécaniques cristallines et souffreteuses, genre bonbon à la nitroglycérine de Martin Rev, ou chevauchées sur harnachement de panthères enragées. »

Une anecdote au sujet d’Alan Vega ?

« Un type bourré a essayé de lui baisser son froc à Montpellier, on lui a jeté des marteaux, des canettes ailleurs. C’est lui qui brille dans nos mémoires. Plus qu’un phrasé exceptionnel, il a ce son, ce feulement continu de la bête blessée qui se bat avec la rage ce qui lui reste de sang. Une façon de vivre. Et puis il y a eu Bayon et ses articles, plume trempée dans le feu. Et puis plus tard à Paris, avec Marco sur scène, le duo avec Christophe à Beaubourg. C’est là qu’on l’a croisé, à l’époque de Rose & Noire. »

Pouvez-vous en dire plus sur votre participation à la soirée Alan Vega ?

« Le 23 juin, nous jouerons Rain Of Ruin, de l’album A Way of Life dont j’ai traduit le texte pour l’occasion, furieusement prophétique. La voix debout sur le galop électrique de la basse bien haletante de Laurent Chambert. »

 

Christophe Van Huffel

Christophe Van Huffel / Photo : Michel Planque

Votre premier souvenir d’Alan Vega ?

« La photo de Curtis Knapp en couverture de son album solo, première rencontre visuelle… avant le son. »

Votre disque fétiche d’Alan Vega ?

« Juke Box Baby, cette fois-ci pour le son ! Du rock’n’roll brut ! »

Une anecdote au sujet d’Alan Vega ?

« Nous jouions ensemble au L.U.F.F. à Lausanne en 2005 et j’avais des ‘tiags blanches, il m’a regardé et m’a dit : « J’avais exactement les mêmes en 80 à N.Y., man ! » Du coup je les ai toujours gardées, comme si elles lui avaient appartenu. »

Votre moment Alan Vega sur scène ou dans la vie ?

« En 2006 lui et moi sur la petite scène du Triptyque à Paris, un Ghost Rider halluciné, un tourbillon. »

Pour la soirée Alan Vega, pouvez-vous en dire plus sur votre participation ?

« Une cover du maître avec mon ami Jessie Chaton sur scène pour lui rendre grâce ! »

 

Tristesse Contemporaine

Votre premier souvenir d’Alan Vega ?

« En 2001, le concert de Suicide donné à la Fondation Cartier pendant l’exposition de William Eggleston, un photographe qu’on aime beaucoup. Alan Vega, fan d’Eggleston lui aussi, s’engueulait pendant le concert avec Martin Rev. Ils avaient vraiment l’air en désaccord, et du coup, Rev a quitté la scène, mais Vega a continué tout seul. »

Votre disque fétiche d’Alan Vega ?

« Le premier album de Suicide à cause de Frankie Teardrop et Ghost Rider, c’était comme… What the fuck is that !?« 

Une anecdote au sujet d’Alan Vega ?

« Pour notre troisième album Stop And Start, on a eu l’idée de demander à Alan vega de chanter sur le morceau Ceremony, qui est un morceau-clé de cet album, et qui a donné la vision et l’atmosphère du disque. En général, on n’aime pas  l’idée de featuring, mais ce morceau nous faisait penser à lui et à sa voix, on trouvait que cela aurait été parfait. Notre label manager Marc de Record Makers a contacté son management, et nous étions très excités, mais il est malheureusement décédé avant que cela ne puisse se faire. »

Votre moment Alan Vega sur scène ou dans la vie ?

« On aime son côté intègre vis à vis de la musique, en fait envers l’art. Il nous a beaucoup inspirés. C’est l’une de nos plus grandes influences communes. »

Pour la soirée Alan Vega, pouvez-vous en dire plus sur votre participation ?

« Marc Hurtado a contacté notre label. On se sent vraiment privilégiés de pouvoir faire une version de Ghost Rider pour la soirée. »

 

Pedro Penas Robles

 (HIV+ et fondateur du label Unknown Pleasures Records)

Votre premier souvenir d’Alan Vega ?

« Alan Vega et Suicide ont toujours fait partie de l’inconscient collectif des ex-punks et new wave de ma génération – je suis né en 1968 -, ils font partie de mon ADN. Cela dit, quand j’étais jeune, je ne comprenais pas qu’on voue un tel culte à un vieux groupe proto-electro new-yorkais dont le chanteur scandait façon rockab’. Puis, je les ai vu en concert le 17 juin 1999 au Sonar Festival de Barcelone, et là, je me suis pris une grosse claque. Depuis ce jour, je voue moi aussi un culte à Alan Vega et au legs qu’il a laissé à la musique contemporaine, avec son attitude et leur son ultra minimaliste souvent copié, jamais égalé. »

Votre disque fétiche d’Alan Vega ?

« J’aurais envie de dire le premier LP en solo, avec le tube Juke Box Baby qui a cartonné en France en 1980 et que j’ai entendu plein de fois à la radio sans faire le lien avec Suicide… Mais non, en fait, car l’album que j’écoute le plus c’est Resurrection River de VVV qu’Alan a fait avec les deux mecs de Pan Sonic en 2005 et qui terriblement futuriste. Le premier Endless (1998) est très bien aussi, car je l’ai acheté justement au moment où j’ai vu Suicide sur scène pour la première fois. »

Une anecdote au sujet d’Alan Vega ?

« J’étais à deux mètres devant lui lors du concert de Suicide sur l’Ile du Frioul à Marseille (festival Mimi 2014) et j’ai reçu un glaviot qu’il a balancé l’air de rien… (rires) Sinon, j’ai fait la première partie de Martin Rev au Trolleybus de Marseille le 19 mai 2012 avec mon projet HIV+, ce qui m’a permis de pouvoir discuter un peu avec lui toute la soirée en sirotant quelques verres de vodka. Martin Rev fait très attention à sa santé d’ailleurs, c’est un type adorable et très accessible. »

Comment s’est passé la réalisation de votre compilation hommage sur Unknown Pleasures Records ?

« C’est d’abord parti tout simplement d’une envie de rendre hommage à cet immense artiste, avant qu’il ne meure. J’ai choisi les groupes et les titres qu’ils devaient reprendre en fonction de l’univers sonore de chacun. Une fois achevée la sélection et la production, j’ai fait distribuer la compilation par La Baleine. Parallèlement j’ai eu le contact et l’adresse de Vega par Marc Hurtado, et je lui ai demandé son aval, puis une fois que la compilation est sortie, je lui ai envoyé un beau colis, je sais qu’il a aimé et apprécié les reprises d’après ce que m’a dit sa femme Liz Lamere. Deux ans plus tard, après ce Tribute, il nous a quitté paisiblement. Je suis très fier de cette compilation. « 

Votre moment Alan Vega sur scène ou dans la vie ?

« Au début des années 2000 moi aussi j’ai vidé quelques salles de concerts sous le nom d’HIV+ tout comme Suicide à la fin des années 70. » (rires) 

Pour la soirée Alan Vega, pouvez-vous nous en dire plus sur votre participation ?

« Je ferai une version énergique de I Remember (face B du single Cheree en 1978), que nous avions déjà reprise avec Usher de Norma Loy sur un maxi vinyle intitulé Black Monolith en 2012.  Ce sera une version plus courte et assez intense avec des effets en direct des mini Korg Monotron et Korg Monotron couplés. »

 

Alice Botté

Alice Botté / Photo : Christophe Zahm

Votre premier souvenir d’Alan Vega ?

« J’avais 18 ans, le premier album venait de sortir et j’ai vu cette pochette incroyable, cette tache de sang et ce nom définitif. J’ai acheté le disque sans l’écouter. Et de retour à la maison, après une première écoute, j’ai su que ma vie venait de basculer. »

Votre disque fétiche d’Alan Vega ?

« Le premier donc, Suicide, « l’album éponyme », comme on dit en journalisme. La raison : je l’écoute depuis tant d’années, dans ma voiture, chez moi, c’est ma bande-son vitale. Quand je suis perdu en musique, c’est le seul disque au monde qui me remet sur pied. Pas une semaine sans l’écouter. »

Une anecdote au sujet d’Alan Vega ?

« J’ai eu la chance de le rencontrer en 2000, j’étais alors guitariste de Christophe et nous partagions le plateau pour deux dates. Nous avons joué ensemble, et le soir de la deuxième et dernière, après le show, nous sommes restés dans la loge Alan et moi, oui rien que lui et moi … à parler, boire du whisky, j’étais sur un nuage. Il s’est levé, m’a écrit son adresse sur un bout de papier (un manuscrit que j’ai encore évidemment, beau fétiche), et il a disparu. Je suis resté hébété un long moment seul, à méditer sur la rencontre de cet artiste immense qui a bouleversé ma vie de musique. Sur sa chaise, il ne restait qu’un coussin léopard. Je l’ai pris, comme un trésor… Ce coussin est depuis sur mon fauteuil de studio. »

Votre moment Alan Vega sur scène ou dans la vie ?

« Je l’ai vu cinq ou six fois, seul avec un ghettoblaster, ou avec Suicide, et ensuite avec Marc Hurtado. Chaque concert était unique, et chaque fois, j’étais en transe sans bouger, comme figé par une expérience initiatique. Un soir, seul avec son ghettoblaster, il est monté sur scène, a jeté un coup de pied dans le tas de cassettes qui lui servait de son. Il a continué sans musique, car les cassettes étaient éparpillées partout sur scène. Le génie à l’état pur. »

Pour la soirée Alan Vega, pouvez-vous en dire plus sur votre participation ?

« Je suis très touché par l’invitation de Marc Hurtado qui l’accompagnait, et dont j’admire le travail de musicien et de cinéaste. Je jouerai Che, du premier album, seul avec ma voix et ma guitare. Une improvisation, comme lors de mes live solos. J’ai hâte. Cela me rend heureux d’être présent à cet hommage à Alan, le Grand. »

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