Selectorama : Delodio

Delodio
Stéphane Bodin et François Marché

François Marché et Stéphane Bodin (plus connu sous le sobriquet de Fa Fane par les amateurs du Rochelle, le bar océanique et chic de la rue de la Folie Méricourt dans le onzième arrondissement de Paris) multiplient les collaborations depuis l’adolescence. Après avoir fondé Bosco à Niort, leur ville d’origine, on les retrouve désormais derrière le rock synthétique de Blackmail. Les deux compères s’emploient également depuis 2017 à publier l’œuvre expérimentale d’illustres inconnus sur le label Delodio. 1983-1985, la formidable compilation des travaux de la Confirmation (et son livret épatant écrit par Benoît Sabatier sur la jeunesse provinciale des années 80) inaugure la discographie du label, avant le maxi de FM (un projet en solitaire de François Marché), la seule atteinte à cet enthousiasmant travail d’archivistes iconoclastes, et l’incroyable découverte sur une brocante d’une cassette sans titre, Early Sampling Puzzle. A l’occasion de la sortie de Synthétiseurs, Samplers & Polarweiss de Patrick Michaud, François et Fa Fane concoctent une playlist forcément de travers de groupes fantastiques et méconnus d’une France pleine de folie.

1. Francisco Semprun et Michel Christodoulides, Les Miroirs Mentent (1974)

Disque à la croisée de la musique expérimentale et de la library music facile à écouter, réalisé par deux musiciens originaires de Madrid et Chypre, travaillant à Paris. Superbe pochette hyper seventies de Yves Setton et Dominique Liné. Pour les amateurs de vinyle, en cherchant bien, on trouve ce disque assez facilement et pour pas cher !

2. ZNR, Seynete (1977)

Z pour Zazou et R pour Racaille. Hector Zazou et Joseph Racaille étaient derrière ce projet expérimental basé à Marseille, qui flirtait avec le spoken word, le folk et le jazz. Actifs au milieu des années 70, ZNR demeure une vraie bouffée d’air frais, et aussi l’un de nos disques préférés découverts ces dernières années.

3. Un Département, Je Serai Clément En Tant Que Dictateur (1983)

Un Département serait un genre de Suicide à la française avec pour mot d’ordre absolu « éviter le succès à tout prix ». On ne peut que constater que ce trio iconoclaste mené par Marcel Kanche y est bien arrivé.

4. Club Cactus, Rue De Seine (2017)

Pas de superflu pour ce groupe français composé de Jean-Michel Pires et Anthony Laguerre, qui jouent de la batterie face-à-face en concert. Club Cactus invite un chanteur différent sur chaque titre, et particulièrement sur celui-ci G.W. Sok, membre fondateur et chanteur de The Ex.

5. La Chorale, Saucisson Mécanique (1985)

La Chorale était originaire de Poitiers, avec 2 filles et 4 garçons qui abordaient les concerts comme des événements à mi-chemin entre fêtes et performances, d’où leurs déguisements sur scène… Le morceau est à l’origine sorti sur la compilation cassette In The World Of Faith Fear sur le tout petit label italien Tribal Cabaret en 1985. « Plutôt jouir, que de trahir la cause », orgasmique.

6. Valerie Gee’s Car Band, Un Président Pour La France (1981)

Hector Zazou dans ses œuvres une nouvelle fois. On dirait une version française de Ciccone Youth, le side project de Sonic Youth. La face B du 45 tours aussi est bien : Pensées Et Maximes De V.G.E. avec 6 mn de silence.

7. Nu Creative Methods, Grand Hôtel Et Des Palmes (1984)

Récemment rééditée par SouffleContinu Records, la musique improvisée et imaginée par Pierre Bastien et Bernard Pruvost est chaotique, acoustique mais bizarrement toujours en équilibre entre laisser-aller free et régularité mécanique. À l’écoute, on a du mal à identifier quels instruments ont été utilisés pour enregistrer ces morceaux ; probablement des instruments fabriqués pour l’occasion.

8. Thierry Meyer, Trip (1981)

Unique titre existant de ce musicien. On trouve donc très peu de documents et d’infos sur lui. Une des rares photos visibles du bonhomme le présente au milieu de son parc de matériel très conséquent pour l’époque. Quand on sait qu’une seule de ces machines devait coûter six mois de salaire, l’imagination s’enflamme et on se demande comment le gars a pu s’équiper de la sorte. En tout cas, miam miam boîtes à rythmes et synthétiseurs en home studio !!! (NDLR : réédité en 2015 par le label Camisole)

9. Serge Reggiani – Rue De Seine (1962)

Tiré de l’album Poètes 2&3 de 1973. Le texte de Jacques Prévert est à tomber par terre .« Le cri d’un être les doigts pris dans la portière… » !!! A écouter dans cette même playlist, la version de Club Cactus.

10. Ptôse, Flabby Shell (1986)

Ptôse est vraiment le groupe qui a été notre moteur numéro 1, notre impulsion de base. Avec François, on les a découverts tous les deux au même moment, vers 1986. Après plus rien n’a été pareil. Sans Ptôse, pas de Bosco, pas de Delodio. On a tout de suite trouvé que le groupe était génial et en plus ils venaient de la même ville que nous, Niort dans les Deux Sèvres ! On a été fans instantanément, on a commencé à s’y intéresser et à suivre tout ce qu’ils faisaient. C’était un peu notre équipe de foot à nous, et nous on était supporter. François a même fait la sécurité à un de leurs concert une fois. 🙂

11. Kosa, For Dance (1984)

Extrait de la compilation Alternative Funk : Folie Distinguée sortie en 1985 (et également réédité récemment par les Anglais de Platform 23), ce morceau est un gros must have pour nous : du funk déglingo qui se danse de biais, c’est tout ce qu’on aime. Et cette pochette !

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