rustin man, Drift Code (Domino)

Rustin Man Drift Code DominoC’est peu dire que ce premier véritable album de Rustin Man était attendu par une frange de connaisseurs patients qui ont suivi le parcours de Paul Webb en différents endroits au fil du temps. Chez Talk Talk d’abord, pour un phénoménal travail d’épure qui fera passer la new wave au post rock, chez .O. Rang ensuite, où il donna cours en compagnie de Lee Harris (le batteur de Talk Talk) à son goût pour une opération très étudiée sur des rythmiques inspirées des musiques du monde, puis finalement sous l’alias Rustin Man en compagnie de Beth Gibbons (Portishead, qu’il avait d’ailleurs fait débuter sur un album d’.O. Rang) pour un Out Of Season  (2002) dont certains attendent encore la suite avec des cailloux dans les bottes à force de trouver le temps long. Dès l’ouverture, l’ombre portée est impressionnante, elle nimbera pourtant l’album d’une bienveillance passionnante. Car c’est effectivement l’influence de Robert Wyatt qui fait tourner la tête aux premières notes de Vanishing Heart, le fantôme de Bowie, rôdant également en nuisette sur le balcon. Et comme nous succombons toujours volontiers aux délices, maléfices et autres sortilèges du vieux barde, on ne se plaindra pas de cette présence en filigrane dans ce disque de music-hall contrarié (Our Tomorrows), profondément britannique jusque dans son côté parfaitement suranné (Euphonium Dream, The World’s In Town). Jusqu’à sa pochette aux teintes brou de noix, il y a là un vrai refus de la modernité, et la sensation d’un type qui se plaît plus en artisan chevronné mais pas moins méticuleux, que celui qui tend consciemment vers une œuvre dantesque et ampoulée. C’est justement en tournant autour de cet artisanat que Paul Webb esquisse ce qui se patinera probablement au fil du temps comme un chef-d’œuvre. Avec une grande patience et en toute intimité.

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