Hovvdy, Heavy Lifter (Double Double Whammy)

HovvdyForme abrégée de « How do you do? », howdy est la salutation des cow-boys, une formule typique du Sud américain et pour cause ; c’est dans les banlieues de Dallas, Texas, qu’ont grandi Charlie Martin et Will Taylor. C’est pourtant à Austin, capitale du Lone Star State où ils vivent leur vie de jeunes aspirants musiciens, qu’ils se rencontrent en 2014. Les deux batteurs se reconnaissent l’un en l’autre et, en quelques semaines, délaissent leurs groupes respectifs, réunissent leurs ébauches et enregistrent un EP sous le nom de Hovvdy (à prononcer « Howdy », donc). Deux ans plus tard, ils confirment l’essai avec un album, Taster, auquel succède l’excellent Cranberry en 2018.

Hovvdy
Hovvdy / Photo Bronwyn Walls

Troisième album du duo, Heavy Lifter se retourne sur cette adolescence des quartiers pavillonnaires. Devenus adultes, les deux amis fouillent dans leur passé avec une empathie particulière pour ce qu’ils ont été, et une gratitude pas si courante dans les albums du genre. Sur Sudbury, le rêve de devenir joueur de baseball professionnel ou celui de tout plaquer pour aller vivre sur la côte sont remémorés avec tendresse, et quand Charlie Martin entonne ses premiers mots – After school / I’ll comme break the rules with you –, on pense à la naïveté crève-cœur de Thirteen, le joyau pop de Big Star. Thirteen, morceau fameusement repris par Elliott Smith, dont l’influence inonde chacune des balades de cet album, au travers d’un pont (1999), d’une suite d’accords de guitare (Cathedral), ou dans la fragilité d’une poussée de voix (So Brite). Coïncidence sans doute, Elliott Smith a lui aussi, de ses 4 à ses 14 ans, vécu dans la banlieue de Dallas.

Si l’éclatant Cathedral, plus amplifié que les autres titres, s’impose comme un single évident, Watergun, avec son piano emporté, avive la seconde moitié de l’album. Les balades les plus calmes sont, comme souvent, les plus belles (les mélancoliques Sudbury et feel tall), et la magie survient lorsque les percussions, si discrètes, suggèrent le rythme plus qu’elles ne le marquent (un comble pour des batteurs) et que le minimalisme, dans les arrangements aussi, laisse certaines phrases se détacher et s’accrocher à l’esprit. Impossible de ne pas penser à Whitney ou à (Sandy) Alex G, avec qui ils ont partagé cette année un goût pour les explorations sonores (Mr. Lee ou Tools zieutent du côté du RnB). Charlie Martin voulait un album qui fasse du bien, et les texans ne se sont à nouveau pas loupés : tout en diversifiant leur son, Heavy Lifter garde un caractère familier, réconfortant ; comme une caresse.

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