Debbie Harry, Face it (Harper Collins)

Debbie Harry
Debbie Harry

Icône punk, sex-symbol, blonde atomique… Les clichés sur Debbie Harry sont aussi nombreux et inévitables que les innombrables représentations qui existent de son visage parfait. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussée à choisir ce titre, Face It, pour ses mémoires illustrées de photographies connues (celles de Chris Stein) et d’œuvres envoyées par les fans, conservées par l’intéressée au gré des déménagements. Si de prime abord, l’inclusion de cet « artwork » semble un peu mièvre (« Merci mes fans, rien n’aurait été possible sans vous… »), il est en fait le vrai révélateur du mystère Debbie Harry et de sa dualité, où se côtoient le culte punk (les photos de Chris Stein avec le t-shirt Vultures) et le glamour international (le premier visage « imprimé par ordinateur » de Andy Warhol), le comique naïf (les dessins franchement hideux) et le turpide (même discrète, la drogue est souvent « visible »).

Face it signifie également « regarder la vérité en face », et c’est ce que Debbie Harry fait avec plus ou moins bonne foi. Ainsi Face It oscille constamment entre franchise et discrétion, bravade et humilité, enthousiasme adolescent et perfidie… Franchise lorsqu’elle raconte sa naissance – fruit d’amours illégitimes – et son adoption, discrétion sur sa rupture avec Chris Stein ou le fait de ne pas avoir eu d’enfant. Bravade lorsqu’elle évoque, même à juste titre, l’impact global de Blondie sur la culture populaire, et humilité dans la conscience warholienne de n’être qu’un produit parfaitement marketé. Enthousiasme pour les pionniers de toute forme de culture underground, de Candy Darling à Shepard Fairley en passant par Basquiat ou Fab 5 Freddy, perfidie lorsqu’elle évoque à demi-mot -ou pas- Patti Smith agressive, venue sans y être invitée lors des auditions de Blondie pour un batteur, et jugeant finalement too much Clem Burke, le numéro 50.

Peut être à l’exception de cette dernière – dont elle reconnaît toutefois le talent vers la fin, dans une phrase qui semble avoir été ajoutée pour éviter les reproches – le livre est dédicacé « aux filles de l’underground », à la fois manifeste et hommage. C’est là que réside l’intérêt du livre, dans la manière dont Debbie Harry raconte une histoire extraordinaire, celle de New-York de la fin des années 70 à celle des années 80, dont elle fut à la fois protagoniste et témoin amusée, et sur laquelle elle s’interroge avec le lecteur, sans jamais sombrer dans une nostalgie incompatible avec son goût inassouvi de l’inédit. C’est ainsi que son récit, qui démarre par sa naissance imprévue à Miami en 1945 et son enfance heureuse bercée de culture« pop » dans une banlieue du New Jersey (ça aurait pu être le Baltimore de John Waters), nous fait partager ses aventures souvent rocambolesques, dans lesquelles se retrouvent presque tous les hommes et les femmes culturellement les plus influents des cinquante dernières années. Ce qui est très agréable dans la perspective de Miss Harry, c’est une certaine honnêteté intellectuelle, qu’elle doit surtout au peu de cas qu’elle accorde à ce qu’on pense d’elle.

Debbie Harry
Debbie Harry

Cette « pionnière du rock féminin » reconnaît volontiers avoir eu conscience de son physique dès son plus jeune âge, et qu’il a toujours été un atout majeur dans sa carrière, mais raconte sa fureur lorsque sa maison de disque l’a placardée sur les murs de Times Square dans une blouse transparente. Elle admet sans aucune difficulté qu’avoir été en couple avec Chris Stein l’a considérablement aidée et préservée, mais ne manque pas de rappeler à quel point elle a contribué à l’écriture des plus grands hits de Blondie. Elle revendique son identité punk, mais regrette également avoir laissé son ego et l’attrait de la célébrité mondiale prendre trop de place dans sa vie, encore aujourd’hui. « Quand j’étais une morveuse, je menaçais mes parents ou quiconque me maltraitait d’un « Tu seras désolé quand je serai riche et célèbre ». Et on peut savoir qui exactement est désolé aujourd’hui ? Je me le demande alors que je m’agrippe à ma célébrité avec mes doigts parfaitement manucurés. »

Elle retrace donc aussi toutes les frustrations qu’elle a pu rencontrer au fil des années, pas spécialement parce qu’elle était une femme, mais parce qu’en tant que vache à lait de la maison de disques, elle ne pouvait accepter tous les projets musicaux ou cinématographiques qui lui tenaient à cœur. L’exemple le plus frappant de son attachement à la création est peut être sa conclusion glaçante lorsqu’elle raconte l’épisode épouvantable de son viol, en présence de Christ Stein, par un drogué qui s’était introduit chez eux en les menaçant d’un couteau : « Au bout du compte, les guitares volées me firent plus de mal que le viol. »  Face It n’est donc pas une ode au féminisme, mais à une forme d’indépendance d’esprit bien plus universelle, qu’elle n’a de cesse de glorifier au fil des pages.

Debbie Harry ne verse donc pas non plus dans la nostalgie facile. Elle témoigne sans complaisance de la violence et de la saleté de New York, des promoteurs véreux, de la promiscuité, de la drogue… Elle insiste aussi sur le travail acharné, le découragement, et les déceptions qui ont émaillé l’ascension de Blondie parmi la multitude d’autres groupes de la scène de l’époque. Ce qu’elle regrette, c’est surtout la liberté de créer et la spontanéité que permettaient les loyers bons marché et les magasins de deuxième main. « Le monde d’alors était immédiat, plus petit, plus étroit, plus privé. C’était une époque d’expériences ressenties – pas d’effet spéciaux, juste une vie brute, viscérale, sans filtre ». Fervente partisane d’une sexualité libre et libérée, elle déplore à cette exception près la fin des barrières culturelles « aujourd’hui disparues, au profit d’une « ouverture » souvent rasoir ». C’est finalement le lecteur qui en viendra à déplorer le plus cette époque qu’il n’a pas connue. Pour elle « Où que j’aille je compare toujours avec New York. Rien n’est plus comme avant (aucun d’entre nous non plus), mais c’est toujours aussi vibrant et en pleine ébullition. Mes amis sont à New York, ma vie sociale est à New York, et tout ce qui m’a toujours attirée et que j’ai voulu être est à New York. New York est mon pouls. New York est mon cœur. Je suis toujours une punk de New York. »

NDLR : Attention, les commentaires des vidéos ci-dessous contiennent des spoilers.

Culture Pop

Debbie Harry, née Angela Trimble, grandit à Hawthorne dans le New Jersey, où elle est élevée par des parents qui l’adorent. Bien que très (trop) tôt, on lui fasse remarquer qu’elle a des « bedroom eyes ». Debbie a un chien, joue dans les bois, regarde la télévision, travaille bien à l’école. Elle est élevée pour devenir une bonne épouse, mais son père lui fait remarquer régulièrement qu’elle est « trop indépendante pour son propre bien ». Car Debbie, élue plus jolie fille de son année de terminale aime aussi beaucoup les garçons et la musique pop. Elle ne se doute pas que 15 ans plus tard, sa reprise de Randy and the Rainbows devenue Denis, sera le premier international de Blondie.

Randy and the Rainbows, Denise (1963)

Kill all hippies

En fait, elle ne sait pas encore qu’elle sera chanteuse. Avec un diplôme d’art en poche (comme tant d’autres), elle trouve un job dans des entrepôts et finit par déménager à New York pour devenir « artiste ». Elle ne peint pas vraiment, mais devient secrétaire à la BBC, dont les locaux sont situés dans le Rockefeller Center, ce qui lui permet d’apercevoir Mohamed Ali, et de graviter dans un milieu « artistique ». Elle rejoint donc le groupe The Wind in the Willows, où elle joue principalement le rôle de pot de fleur flanquée d’un tambourin, et se voit encouragée à prendre de l’acide pour « se rapprocher » des autres membres du groupe. Après l’enregistrement du premier album, et frustrée de ne chanter qu’un seul morceau, elle sait désormais ce qu’elle ne veut pas.

The Wind in the Willows, Djini Judy (1968)

Personality crisis

Elle quitte le groupe et emménage avec Gil Fields, le batteur du groupe lui aussi déserteur, pour emménager sur la 52è rue (comme tous les New-Yorkais, Debbie Harry accorde une grande importance à l’immobilier). Il l’emmène chez Max’s Kansas City, lui fait prendre de l’héroïne. Elle devient serveuse chez Max’s, où tous les artistes se côtoient. Elle sert Janis Joplin (généreuse en pourboire), et surtout Miles Davis. Elle prend alors conscience que malgré l’excitation de voir toutes ses idoles, elle ne fait que les observer. Lasse, elle suit un amant pour Los Angeles, où elle s’ennuie à Bel Air. De retour à New York plus vite que prévue, elle devient bunny au Playboy Mansion pendant quelques mois. Elle rencontre le catcheur Gorgeous George, une autre de ses idoles. Mais au bout de 5 ans à se « chercher », et usée par la fête, elle retourne dans le New Jersey où elle travaille dans un club de remise en forme. Mais voilà, elle adore les New York Dolls, et plus particulièrement David Johansen. Elle va de plus en plus régulièrement à New York les voir en concert, au grand dam du petit ami de l’époque.

New York Dolls at Max’s Kansas City (1973)

One way or another

Debbie a une voiture, et elle aime conduire, elle sert donc de chauffeur aux Dolls et à leur entourage, notamment lors d’escapades à Coney Island. Elda Gentile, la copine de Syl Sylvain, la fait rejoindre son groupe. Cela donne l’expérimentation The Stillettos. Debbie s’amuse, elle est fascinée par les travestis de chez Max’s, Jackie Curtis, Candy Darling, Holly Woodlawn, véritable « œuvres d’art vivantes ». Debbie se cherche encore. Fascinée depuis toujours par Marilyn Monroe, à laquelle elle s’identifie, Debbie est alors blonde, et commence à s’inspirer de ces « uber-femmes » qui l’entourent. Avec le recul, elle dira que son personnage de Blondie était « comme une drag queen ». Elle est en train d’émerger, non sans peine. Son petit ami, jaloux, la harcèle et s’introduit chez elle par effraction, armé. Debbie ne le sait pas encore, mais il sera sa source d’inspiration pour les paroles de One Way or Another. Lors d’un concert, elle rencontre Chris Stein, qui vient jouer de la basse dans le groupe.

The Stilletos, Anti-Disco Song (1974)

From Angel and the Snake to Banzai Babies to Blondie

Chris la débarasse enfin de son harceleur, et s’ensuivent treize ans d’amour, puis toute une vie partagée de collaboration artistique. Chris et Debbie ont en commun une approche joyeuse du punk, plus proche des Ramones que de Television, pour lesquels Fred Smith les quitte d’ailleurs. Le punk new-yorkais est divisé, « art/intellectual people vs pop/rock people ». « Mon idée était de ramener la danse dans le rock reprises des Shangri La’s, des Beach Boys, de Patti Labelle » Malgré les concerts qui s’enchaînent au CBGB’s, personne ne prend Blondie au sérieux, le groupe étant jugé trop pop et amateur. Debbie est lucide sur le fait qu’à défaut de venir pour la musique, une partie du public vient surtout admirer la culotte rouge qu’elle porte souvent sur scène. Le batteur Clem Burke les encourage à persévérer, et ils commencent à jouer sur scène leurs premières compositions, sans savoir ce qu’elles deviendront.

Blondie, The Disco Song (demo)

Platinium Blonde

Encouragée par Chris, qui est également très protecteur avec elle, elle pousse encore plus loin son personnage de « Blondie » idiote inspirée par une bande-dessinée du même nom, et surtout Marilyn, exaspérée par l’hypocrisie du statut de sex-symbol à qui on n’a jamais accordé le crédit qui lui revenait pour son talent comique. Elle devient donc une « Barbarella on speed », selon les termes d’Iggy Pop, une « poupée gonflable agressive » selon les siens. Pour elle, il était « plus transgressif d’être féminine que de s’habiller en garçon ». Prend ça dans les dents, Patti. Mais Chris la pousse surtout à écrire, et à s’affirmer. Debbie écrit donc Platinum Blonde, son premier morceau. Il est question d’une collaboration avec Ellie Greenwich du Brill Building, une des idoles du couple. Cela ne se fait pas (encore), mais peu importe, les choses commencent à bouger. Debbie et Chris emménagent sur the Bowery, juste à côté de CBGB’s.

Blondie, Platinum Blonde (footage)

(Se) X-Offender

Après la sortie du premier single, X-Offender, (la maison de disque avait jugé le titre original Sex-Offender trop agressif), la « carrière » de Blondie décolle enfin. En février 77, le groupe part pour Los Angeles, où une résidence au Whisky a Go Go leur permet de gagner de nouveaux fans, notamment le jeune Jeffrey Lee Pierce pré-Gun Club, qui fonde le premier fanclub du groupe et suggère à Debbie la reprise de Hanging on the Telephone du groupe The Nerves. Le second (et non le moindre) est Phil Spector, qui exige que le groupe vienne lui rendre visite à domicile entre deux concerts. Egal à lui-même (armé donc), il s’installe au piano et lui force la main pour qu’elle chante Be My Baby assise à ses côtés. Malheureusement aucune trace ne subiste de l’enregistrement. Ils partent également en tournée avec Iggy Pop accompagné sur scène par David Bowie. En manque de cocaïne, Debbie (peu fan de cette drogue) les dépanne, et dans un geste de gratitude enthousiaste, Bowie sort sa bite. Comme ça. « C’était drôle adorable et sexy ». Rétrospectivement, elle regrette que « ce ne soit pas Iggy qui la lui ait montré». La tournée suivante, en première partie de Television, ne sera pas aussi fun, mais c’est à cette occasion, à Londres, que le groupe prend la mesure de son succès.

Blondie, Funtime (1979)

Punk in the face of Punk

Le succès finalement assez tardif du groupe le rend imperméable aux critiques, et renforce son esprit Do It Yourself. Pour leur apparition à Top of The Tops où ils doivent interpréter Denis, Debbie élabore elle-même sa robe, qui sera refusée par la maison de idsque. En studio, alors que les punks crachent sur le disco, le groupe, qui s’est pris de passion pour Kraftwerk, réenregistre The Disco Song qui deviendra Heart of Glass, sans se soucier d’une quelconque crédibilité musicale, à gagner ou à perdre. Entre deux tournées, le couple emménage dans un appartement à l’angle de la 7e avenue et de 58th street. Chris en profite pour planter de la marijuana, et c’est lors d’un visionnage nocturne de la télévision locale avec son copain Glenn O’Brien qu’il se rend compte que pour 50 $, il peut faire sa propre émission de télé. Avec les copains Fab 5 Freddy et Basquiat, ça sera TV Party, émission hebdomadaire diffusée pendant 4 ans, à partir de 1978 avec comme invités (entre autres) David Byrne, David Bowie, Mick Jones, Klaus Nomi, Nile Rodgers, George Clinton… L’émission n’est visible qu’au-délà de la 23è rue, mais comme le dit Debbie, « si vous habitiez en dessous, vous faisiez probablement partie du programme. »

TV Party : Debbie explique le pogo.

Rapture

Rétrospectivement, Debbie compare cette époque au Montparnasse des années 20, un bouillonnement culturel où l’essentiel est de créer, même n’importe comment, en allant piocher des idées à droite et à gauche. Après le succès disco de Heart of Glass, le groupe décide de reprendre le standard reggae The Tide is High de The Paragons. L’inspiration vient aussi des copains, comme Basquiat, à qui le groupe achète pour 300 $ sa première « toile » vendue pour le dépanner d’un peu de cash, Self Portrait with Suzanne. Attention, le groupe ne s’intéresse pas au graffiti et au hip-hop naissant par opportunisme, mais parce que Fab 5 Freddy, habitué du CBGB’s et copain de longue date (et qui graffe des Campbell’s Soup cans sur les métros new-yorkais) les avait emmené dans le Bronx voir un concert de rap dès 1977. « C’était une autre scène punk parallèle à la nôtre et on adorait ça » Musicalement, cela donnera Rapture, premier morceau contenant un rap (improvisé par Debbie) à se classer numéro 1 des classements américains.

The Paragons, The Tide is High (1967)

Blondie, Rapture (1981, avec Basquiat en DJ)

The hardest part ?

En 1979, Blondie accède au panthéon des megastars avec l’album Eat to the Beat, qui a la particularité d’être le premier album vidéo dont les douze titres sont accompagnés de « clips ». A Londres le groupe rencontre même Paul McCartney, venu les saluer, un type « gentil et détendu resté là pour bavarder jusqu’à ce que sa femme Linda se pointe et le traîne dehors. » Dans la foulée suit le succès atomique du single Call Me, co-écrit par Debbie et Moroder leur vaut même une nomination aux Golden Globes. Autre signe de leur succès, Debbie Harry se voit invitée à enregistrer trois morceaux avec Kermit pour le Muppet Show, ce qu’elle accepte car « Dizzie Gillespie avait également fait l’émission ». Malheureusement comme pour n’importe quel groupe, la réussite est aussi synonyme de tensions, de jalousie, que la consommation effrénée de drogues ne font qu’accroître. Debbie Harry écrit qu’avec le recul, son égo l’avait emporté, lui faisant oublier qu’il s’agissait « d’un business comme les autres, et qu’on peut vendre n’importe quoi avec une machine bien huilée ». Or la machine bien huilée n’a pas l’intention de laisser filer la poule aux œufs (cheveux ?) d’or, et lui refuse une collaboration avec King Crimson (Robert Fripp jouera quand même sur Fade Away and Radiate), et de jouer dans le film Blade Runner dont Debbie a reçu le scénario. Dans les projets qui ne verront jamais le jour, un remake d’Alphaville de Godard (qui leur cède les droits du film qu’il n’a pas) avec Robert Fripp dans le rôle de Lemmy Caution et Debbie Harry dans celui de Natacha Von Braun.

Chris Stern a publié quelques images de préparation d’Alphaville avec Robert Fripp et Debbie Harry ici.

Blondie, Call Me avec les Muppets

Fade away and Radiate

Debbie, « trop indépendante pour son propre bien » d’après son père, souhaite expérimenter en solo, toujours avec Chris Stein à ses côtés. Elle s’entoure entre autres de Nile Rodgers et Bernard Edwards, ains que des membres de Devo pour donner naissance à KooKoo (1981), son premier album solo dont la pochette imaginée par H.R Giger est aux antipodes de l’image pop de Blondie. Si on est loin de l’échec commercial, ça n’est pas non plus un franc succès. Il en est de même pour l’album suivant de Blondie, The Hunter (1982). C’est à cette période que Chris Stein apprend qu’il souffre de pemphigus vulgaris, une maladie auto-immune rare qui manque de l’emporter. Debbie veille à ses côtés, mais le couple trouve également refuge dans l’héroïne. La carrière musicale du groupe est mise sur pause, et Debbie est autorisée à tourner dans Videodrome (1983) de David Cronenberg. Elle s’essaie également au théâtre, dans une pièce avec le comique Andy Kaufman qui ne tiendra à l’affiche qu’une soirée. Debbie est désormais plus une célébrité qu’une chanteuse, une femme dont Andy Warhol réalise le portrait sur ordinateur (une première mondiale) et qui passe sur MTV non pas en tant qu’artiste. John Waters, qui la fera tourner plus tard dans Hairspray (1988), l’explique ainsi « Debbie a fermé les yeux deux minutes quand elle s’occupait de Chris et Madonna lui a volé sa carrière. » Le jour de la mort d’Andy Warhol, Chris Stein et Debbie se séparent, marquant définitivement la fin d’une époque.

Andy Warhol’s 15 minutes avec Debbie Harry (MTV, 1985)

Malgré leur rupture, le couple ne cessera jamais de travailler ensemble et de s’encourager. Entre albums solos, concerts de jazz intimistes et défense des abeilles et de la planète, Debbie Harry ne voit pas sa carrière s’arrêter en 1987. Le groupe se reforme en 1997 à la seule condition que de nouveaux morceaux soient produits et qu’il ne s’agisse pas d’une réunion d’anciens. En 1999 sort No Exit, dont le single Maria sera le sixième numéro 1 des charts britanniques pour Blondie, qui continue encore aujourd’hui à faire des concerts régulièrement et incarnera à jamais une célébration joyeuse des fêlures et du chaos, une forme de perfection glamour et punk.

Blondie, Maria (1999)

Face It, de Debbie Harry est sorti en octobre dernier chez HarperCollins et n’a pas encore été traduit en français.

Une réflexion sur « Debbie Harry, Face it (Harper Collins) »

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