« J’ai repris ma bagnole et j’me suis cassé je remettrai plus les pieds dans cet endroit bondé, dans cet enfer bleuté. »
1. Je l’évoquais pas plus tard que récemment ici à propos de Prince de Perse de Vaillant, l’idée de tube de l’été a toujours taraudé le monde de la musique : idéal pour faire danser dans la chaleur de la saison, il est un enjeu pour le commerce, bien sûr, mais surtout d’image : il s’agit de captiver un public ouvert à la farniente, de lui vendre des tonnes de disques et de devenir la bande-son d’un amour éphémère, d’une rencontre fortuite, ancrée à jamais dans les souvenirs pour finalement s’inscrire dans la culture populaire comme un tatouage estival décidé la cervelle cramée par le soleil.
2. Mon top de cet été 2021, c’est donc Prince de Perse de Vaillant, Casino de Disiz (piqué dans une playlist de la très recommandée Nique La Radio), Retrouvailles de Bertrand Burgalat, Skr Skr de Zuukou Mayzie + Ze Pirouettes et le nouveau pétard (un pirate pour le coup) de DJ Sebb avec Bigg Frankii, Pikot-li. Après, on peut toujours discuter de ce qu’est réellement un tube. Si c’est un véritable succès populaire plutôt qu’une impression intime, ça se mesure objectivement : en vente, en nombre de vues, en likes, au décimètre, au moins. Parce qu’on galvaude beaucoup ce vocable de tube, et qu’en plus on entend souvent cette phrase qui revient souvent dans la bouche des groupes ou de chanteurs, et que j’ai encore lue récemment : « On veut faire un tube pop et le démolir » ou « j’écris des hits et après je les déstructure ». Je ne pense pas qu’on puisse avoir cette prétention, d’abord parce qu’un tube tant qu’il n’en est pas un, eh bien, il n’existe pas, et du coup on ne peut pas le démolir a priori. Et puis à part les Beatles, Jean-Jacques Goldman ou xxxxxxxx (si, ok, je sais il y en a plein d’autres, on peut mettre celui qu’on préfère à la place des croix), je ne vois pas qui peut dire qu’il écrivait des tubes. On peut écrire une belle chanson, intro-couplet-pont-refrain-outro, une super danse, du gros son étudié en laboratoire, le livre de recette sur les genoux, mais si le public s’en fiche, ça ne sera jamais un tube, ou alors si : « sur la lune », « sur Mars », « dans une dimension parallèle » comme on dit, nous, critiques, quand le réel nous résiste. Ne nous déplaise, La Lambada est un tube, Les garçons ont toujours raison n’en sera jamais un. Et même si notre cœur balance si peu.
3. En venir à cette sortie en catimini (à cheval entre juillet et août) d’Yves Bernard, groupe de Grenoble, punks sensibles que j’adore : sur le bien nommé 15 août EP, la petite bande balance quatre petites bombes dont 15 août justement : motif de guitare électrique entêtant, orgue qui traîne, paroles chantées à l’unisson, énergie noire, pour un petit hymne vénère qui rejoint fissa ma liste des chansons préférées de l’été. A égalité avec Nique la bise, tiens, aussi. Tubes ou pas, l’avenir nous le dira, donc.