Après un détour chez Alive Records (Left Lane Cruiser, Beechwood) pour le disque précédent (Alter Echoes, 2021), les Californiens de Triptides rejoignent une autre écurie nord-américaine : Curation Records. Ils y côtoient désormais GospelbeacH ou Beachwood Sparks. Comme ces derniers, la formation menée par Glenn Brigman, explore les voix célestes de la Cosmic American Music chère à Gram Parsons (The Byrds, Flying Burrito Brothers). Si au fil des années, le line-up a évolué, la musique de Triptides réconforte par sa régularité et sa précision. Triptides s’est trouvé, mais ne manque jamais de verve. Leur écriture délicate et intemporelle fait mouche à chaque fois. So Many Days ne déçoit pas. Mieux, il confirme que Triptides est une formation indispensable du rock underground américain contemporain. Huit albums en une douzaine d’années : les Californiens alignent toujours de superbes mélodies qui saisissent instantanément. Le groupe ne cherche pas à épater avec des effets de manche scintillants mais simplement à composer de bonnes chansons. Si l’intention semble candide, il est parfois bon de revenir à ces fondamentaux. La pop vit à travers ses mélodies ; le reste disparaît un jour ou l’autre. Arrangements élégants (pianos électriques, douze cordes etc.) pour compositions distinguées, le mariage est parfait. La voix de Glenn a pris aussi une certaine profondeur, s’autorisant davantage de nuances.
Enregistré dans les montagnes de San Bernadino (Californie), So Many Days ravive une douce chaleur analogique, à l’image de la magnifique photo au verso du disque. Triptides creuse ainsi son propre cheminement, empruntant beaucoup aux années soixante mais sans jamais les pasticher. Le pedal steel de So Many Days vous trimbale sur les routes perdues du sud-ouest des États Unis, réchauffé par un vibrant soleil. Un air frais parcourt If You See My Girl tandis que Revelation Blues plonge dans un fiévreux concert sur le Sunset Strip en 1968. La magnifique Happily Hopeless invoque l’esprit de Big Star. Blow Away est un très bon trip, sa sitar ruisselle en milliers de fragments éclatants. En onze chansons, So Many Days explore ainsi un camaïeu de couleurs aux tons chauds. Triptides varie les sensations, en gardant toujours le cap, sur l’horizon. Ce huitième album, n’est certes pas le plus surprenant mais certainement un des plus consistants et réussis de leur carrière. La maturité va bien à ce groupe, et Triptides dessine une discographie aux détails magnifiques. So Many Days en est un des plus beaux ornements.
