Il ne l’a jamais su, il ne le saura jamais mais cet homme-là a changé ma vie. Car cet homme-là était l’une des raisons pour laquelle une dizaine de jeunes gens se sont retrouvés un samedi du mois d’avril 1991 dans un appartement de la rue Boyer-Barret, Paris XIVe, avec pour objectif de pérenniser un fanzine qui avait sorti son numéro 0 quelques semaines plus tôt. Bien évidemment, pour faire le malin et parce que j’étais un peu con, j’avais vite signifié que je préférais la sobriété de Factory à l’exubérance de 4AD – bon, ce n’était pas tout à fait faux mais quand même un peu risible de la part d’un garçon qui chérissait la pochette d’After The Snow de Modern English. Par chance, ni Serge, ni Éric, ni Philippe, ni Jean-Fabien ne m’en ont tenu rigueur… Surtout ce dernier d’ailleurs, qui était l’un des principaux artisans d’une exposition dédiée aux œuvres de 23 Envelope (ou V23), l’agence graphique de Vaughan Oliver, à Nantes, en février 1990.
Trois ans plus tard, le label londonien au parcours incroyable (des mecs qui donnent leur chance à Birthday Party, Cocteau Twins, Modern English, Wolfgang Press, Colourbox, Dif Juz, M|A|R|R|S, Throwing Muses, Pale Saints, Lush et quelques autres savent plutôt de quoi il en retourne) fêtait son… treizième anniversaire. Serge, Philippe et son ami Xavier partaient alors à Londres pour assister à une série de concerts et réaliser une série d’interviews pour un supplément de 32 pages destiné au 8e numéro du fanzine qui était presque devenu pérenne. Parce que sans doute nous avions encore l’âge de l’insouciance, Serge et Philippe avaient demandé à Oliver s’il pouvait réaliser le graphisme de la une de ce numéro. Sans même réfléchir, l’homme a dit oui, sans rien demander en échange. Parce que sans doute tel était son bon plaisir. Parce que bien sûr, il se souvenait de Jean-Fabien, du premier catalogue dédié à son œuvre. Parce qu’aussi il était un type honnête et passionné qui croyait dans les types honnêtes et passionnés. Ce soir, Vaughan Oliver est décédé. Avec son départ – comme avant avec celui de Tony Wilson -, ce sont nos années vertes qui virent au noir. Ce soir, la tristesse durera.
BONUS : L’interview de Vaughan Oliver pour Magic Mushroom n°8 en Automne 1993
Interview : Serge Nicolas et Philippe Jugé pour Magic Mushroom n°8
Très heureux de lire à nouveau d’aussi bons articles !!!
Le livre archive est réédité et dispo
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