The Shifters, The Shifters (Future Folklore)

Les petites maisons de disques indépendantes françaises auraient-elles trouvé une corne d’abondance de groupes en Australie ? Après Polaks et Vintage Crop, S01E02 de notre nouvelle série: Future Folklore et The Shifters. Si le label hexagonal existe depuis 2015, il ne s’agit que de leur second vinyle, en plus de deux cassettes d’Yves Bernard et…  Surprise, The Living Eyes, une formation de Geelong (clin d’œil appuyé).  Autre coup de théâtre, le seul et unique Mikey Young mixe le disque en question, une récurrence presque réconfortante. Il se dispute, avec son collègue de Total Control Al Monfort, la place de figure tutélaire de la scène aussie. Une fois le contexte campé, intéressons-nous de plus près aux Shifters, une formation de Melbourne enthousiasmante. The Shifters est une réédition de leur première cassette publiée en 2015 sur le label local Comfort 35. Elle vient à point nommé, après l’excellent 45 tours publié chez Market Square (Real Numbers, Young Sinclairs, The Creation Factory), épuisé trop rapidement. Remercions donc Future Folklore d’éditer ces neuf morceaux sur un chouette support et de leur donner une jolie visibilité. En un peu plus de trente minutes, The Shifters ravivent la flamme du Dunedin Sound. Le groupe australien convoque dans une cérémonie magick les esprits frappeurs de The Bats et The Verlaines (The American Attitude to Law, Colour Me In). Il corrompt le Velvet Underground en le shootant aux anxiolytiques (Tel Aviv) puis se frotte, dans un corps à corps funeste, aux Television Personalities (Benedicte Man). Les références historiques sont flatteuses, pourtant elles ne font qu’esquisser la musique des Shifters. La formation australienne extirpe de ces icônes guitares rappeuses, batterie trainante, violons disloqués et de basses sépulcrales; elle les étrille dans un élixir venimeux nous plongeant dans une lente agonie. Des entrailles cafardeuses d’un corps en décomposition jaillit la douceur d’un mélodica, piqué à un disque de dub 70’s (les fabuleuses  Creggan Shop et Algeria). Au chaos mélodique succède l’accalmie d’un refrain caressant (Captain Hindsight). Derrière l’épaisse brume se cache ainsi la lumière aveuglante d’un disque pop dont les mélodies se méritent.

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *