The Quick, Mondo Deco (Mercury, 1976)

the quickAvant l’explosion commerciale de la powerpop à la fin des années 70 (The Knack, The Romantics, The Cars, Shoes), les groupes ont navigué à vue, souvent sous les radars du grand public. C’est notamment le cas des Californiens de The Quick : Mondo Deco (1976), leur unique album, avait pourtant l’envergure d’un classique. Les Young Republicans (leur premier blase) se forment autour de Danny Wilde (chant, guitare rythmique), Steven Hufsteter (guitare et principal compositeur), Billy Bizeau (claviers), Ian Ainsworth (basse) et Danny Benair (batterie), et la formation est repérée par Kim Fowley. Fort d’une carrière déjà riche depuis les années 60 (The Hollywood Argyles, B. Bumble and the Stingers…), le producteur lunatique connaît alors un second souffle (voir même une tempête) avec les Runaways. Les Young Republicans, devenus entre temps The Quick, signent chez Mercury et sont envoyés en studio, en compagnie de Kim Fowley et d’Earle Mankey, ancien membre d’Halfnelson/Sparks, une des influences principales de la formation.

The Quick / Photo : DR
The Quick / Photo : DR

Une reprise lance Mondo Deco (1976). The Quick ne s’attaque pas à du menu frottin et s’approprie The Beatles ! Leur réinterprétation d’It Wont Be Long ne démérite pas. Ce choix culotté est à l’image de la musique du groupe : un pied dans le passé, l’autre fermement ancré dans le présent, comme la powerpop en somme. Ici elle courtise le glam-rock tandis que la production souligne la nature new wave de Mondo Deco. Pas trop proprettes, un peu fripouilles, les perçantes guitares sont flanquées d’une batterie sèche, d’une basse sans chichis et de claviers rococo. Tout concourt à valoriser l’écriture d’Hufsteter. Les chansons de ce dernier ne s’embarrassent pas d’excès de pudibonderie. The Quick est homérique, le groupe est là pour épater la galerie et en a les moyens. À travers la voix sous hélium de Wilde, un monde vibrant et survolté se dessine. Si votre truc c’est la musique qui rase les murs pendant la récré, passez votre tour. Mondo Deco est flamboyant et excessif. L’album vous attrape comme une vague et vous essore. The Quick enquille les occasions manquées de tubes. Comment ne pas être happé par les montagnes russes de No No Girl ou les mélodies d’Hillary ou la fantastique Hi-Lo ? Cette dernière imagine Left Banke se compromettre avec T-Rex. C’est aussi répugnant (pour les ascètes académiques du sixties) que jubilatoire (pour les autres).

Parfois les Californiens sortent de leur zone de confort. Sur Anybody ils musclent leur jeu dans un exercice rock que ne renierait pas Cheap Trick tandis qu’à travers My Purgatory Years, ils font feu de tout bois. Là est d’ailleurs toute la singularité de The Quick. La formation donne corps et âme à travers Mondo Deco, et aucun retour n’est alors possible. Peut-être le groupe avait-il conscience que l’album n’aurait pas de suite ? En dehors d’un modeste single édité pour le plaisir du fan club (In Tunes With Our Times), The Quick ne donnera plus de nouvelles et se séparera. Ses membres continueront cependant dans la musique, nous les retrouvons ainsi en vrac chez les Rembrandts (Danny Wilde), Cruzados (Steve Hufsteter) ou les Three O’Clock (Danny Benair). L’aventure The Quick ne fut cependant pas un feu de paille, elle déclencha de nombreuses passions. Nous comptons ainsi dans ses héritiers des groupes comme The Dickies ou Redd Kross qui tous les deux reprirent Pretty Please Me.


Mondo Deco par The Quick est sorti en 1976 sur le label Mercury

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