Au milieu des années quatre-vingt, les membres d’XTC s’offrent une pause en enregistrant 25 O’ Clock (1985) avec l’aide précieuse de John Leckie (Stone Roses, Human League, Felt, The Posies…) À la surprise du groupe, l’EP se vend mieux que The Big Express (1984), le disque précédent de la formation de Swindon. Derrière l’alias The Dukes of Stratosphear, nous trouvons ainsi les têtes pensantes d’XTC (Andy Partridge et Colin Moulding) accompagnées du fidèle Dave Gregory (membre quasi-permanent du groupe à partir de 1979) et de son frère Ian à la batterie. Les prémices du projet remontent à la fin des années soixante-dix.
Partridge et Gregory découvrent leur intérêt réciproque pour le rock psychédélique des sixties, ils envisagent d’enregistrer quelque chose dans le style mais sont freinés par le contexte (XTC tournait encore, leur contrat avec Virgin était en cours, sans compter l’état d’esprit des punks vis à vis de la musique du passé). L’idée s’impose ensuite d’elle même en 1984, lors d’une disponibilité de Partridge et Leckie. The Dukes of Stratosphear enregistrent alors un EP six titres en respectant le plus possible un cahier des charges dans l’esprit de la période : matériel d’époque (mellotron, pédale fuzz…), peu de prises, etc. Le disque sort quelques mois plus tard, le 1er avril 1985. Il ne révèle pas l’identité de ses auteurs. Virgin vend d’ailleurs 25 O’Clock comme un authentique artefact d’époque. Le groupe finit malgré tout, quelques mois plus tard, par dévoiler le pot aux roses. Au delà du caractère novelty de l’histoire, le succès du disque réside dans ses excellentes chansons. Andy Partridge, débarrassé de la pression d’un groupe à succès et de l’obligation d’être moderne, s’amuse comme un petit fou. Il se lâche complètement et signe cinq des six chansons. Son compère Colin Moulding, plus porté sur le heavy metal dans son adolescence, compose néanmoins l’excellente What In The World??… et ses faux airs de Beatles période Revolver (1966, entre Taxman et Tomorrow Never Knows).
Si The Dukes of Stratosphear glisse de nombreux clins d’œil aux classiques, 25 O’Clock dépasse l’exercice de style grâce à l’inventivité et la qualité d’écriture du groupe. Plus qu’un pastiche, l’EP est une célébration des années psychédéliques. Les références, parfois très explicites, ne nuisent pas à l’ensemble, mais créent au contraire une connivence spontanée avec l’auditeur. Loin d’être un calcul, la démarche s’apparente plus à une évocation sincère et presque naïve. La chanson titre 25 O’Clock nous remémore au bon souvenir des Electric Prunes (I Had too Much Too Dream Last Night) tandis que Bike Ride to the Moon regarde d’avantage du coté de Tomorrow (My White Bicycle) et des premiers singles de Pink Floyd. Ailleurs (My Love Explodes) nous croisons les Yardbirds. L’EP se conclue sur la superbe Mole From The Ministry, aux allures de The Walrus. En six chansons, The Dukes of Stratosphear offre un digest joyeux et érudit des lysergiques années soixante, sans renoncer tout à fait à être XTC. À travers cette récréation, les quatre musiciens (et particulièrement Partridge) ont retrouvé du plaisir à composer et enregistrer librement. Ils ont ainsi donné le meilleur d’eux dans cette collection qui dépasse la somme de ses influences. Le succès de The Dukes of Stratosfphear est tel que 25 O’Clock est suivi d’un véritable album, Psonic Psunspot en 1987, presque aussi bon. Les deux disques sont ensuite compilées en compact disc sur Chips from The Chocolate Fireball (1987). Au-delà du plaisir retrouvé, le succès commercial de cette parenthèse enchantée a des conséquences positives pour XTC. En effet, Virgin réaffirme sa confiance au groupe de Swindon, aboutissant à des disques comme Skylarking (1986) et Oranges and Lemons (1989).
Hello,
Merci pour cette belle decouverte, c’est super sympa, j’ai une petite preference pour le lp Psonic Psunspot que pour le ep mais on sent qu’ils se sont bien amuses et leurs morceaux comme shiny cage sentent vraiment la belle Albion a 100%.