Avec dix albums en 25 ans, Tahiti 80 est toujours là, comme une présence rassurante dans nos existences. Tranquillement, le groupe grandit avec son public. Celui-ci est fidèle au poste, et la formation pop leur rend bien, car Tahiti 80 propose des albums toujours aussi soignés et inspirés. Hello Hello (2024) ne déroge pas à la règle. Comme à l’accoutumée publié sur le label du groupe (Human Sounds), les Français ont fait cette fois-ci appel à Stéphane Laporte (Domotic), déjà croisé sur les disques solos de Xavier Boyer. A l’instar de ses illustres prédécesseurs (Andy Chase, le regretté Richard Swift ou Tore Johansson), le producteur amène quelques idées intéressantes dans sa valise (passer les mixes numériques sur bande) mais ne change pas radicalement l’esprit de la musique des Normands. C’est une constante : Tahiti 80 sonne comme Tahiti 80. Mais chaque album est pourtant différent du précédent.
Le groupe ne renonce jamais à son envie d’explorer et créer une musique résolument contemporaine. Assurément, Tahiti 80 aime la musique millésimée. Soft-rock, baroque pop, sunshine pop, disco, french touch peu importe le flacon tant qu’il y a l’ivresse de belles mélodies. Pour autant, le groupe de Rouen n’a jamais envisagé d’enchâsser sa musique dans un référentiel autre que le leur. Xavier Boyer, Pedro Resende, Médéric Gontier (qui chante ici quelques morceaux), Sylvain Marchand, Raphaël Léger et Hadrien Grange inscrivent ainsi ces nouvelles chansons dans le présent. Hello Hello perpétue l’appétence de Tahiti 80 pour les mélodies pop percutantes (Every Little Thing, Lives of a Cat). Un pied sur la piste de danse (l’excellente Vertigo, le groove nonchalant d’1+1), l’autre dans le salon (les magnifiques harmonies d’About Us), Hello Hello est une réussite de plus à l’actif des français. Ici, le groupe ose un clin d’œil à Peter Bjorn & John (l’introduction de Poison Flowers) ou des petites touches dub (Hello Hello, 1+1), convoquant Wallpaper For The Soul (2002). Le groupe s’autorise (presque) tout mais n’oublie jamais l’auditeur sur le bas-coté. Parfois qualifiée de légère, la musique des Normands l’est certainement dans le soin apporté aux mélodies et arrangements, toujours plein de surprises et détails. Toutefois, Tahiti 80 est surtout un groupe généreux, et quoi de plus élégant que d’apporter un peu d’allégresse aux autres ? Hello Hello est, en tout cas une pierre de plus à la cathédrale que constitue désormais la discographie du groupe. Jamais dans l’auto-parodie, Tahiti 80 a trouvé la recette pour durer sans se répéter.