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Broadcast, Spell Blanket (Warp)

La sortie de ce disque est l’événement le plus important, émouvant, depuis que l’homme a marché sur la Terre ? sur la Lune ? En tous cas, c’est bien plus qu’une collection de démos, c’est un monument, un cénotaphe élevé à la mémoire de Trish Keenan, chanteuse du groupe Broadcast, disparue en 2011 à l’âge de 42 ans, emportée par une pneumonie après avoir contracté la grippe H1N1 au retour d’une tournée en Australie. C’est à James Cargill, son complice, son frère chimique, que l’on doit cet ultime album. Totalement dévoué à chérir la mémoire de son âme sœur, Cargill a collecté dans les mini-discs, cassettes 4-pistes et autres bandes magnétiques laissés par sa compagne cette trentaine d’enregistrements, couvrant 4 ans de recherches sonores, s’aventurant dans toutes les directions. Il les a gardés intact, à l’état brut, en conservant précieusement les souffles, parasites, accidents, fragilités, les mixes sur bande parfois un peu sourds, nimbant ces enregistrements d’un halo surnaturel.

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Les portraits sepia de John Canning Yates

John Canning Yates
John Canning Yates / Photo : DR

En 2004, John Canning Yates embarquait ses Ella Guru dans ses obsessions musicales avec The First Album. Publié chez Banana Recordings (où l’on a aussi pu écouter Art Brut), l’album empruntait des chemins balisés par la lumière qui émanent des disques de Low et de Lambchop. Il y a vingt ans, Liverpool écoutait Magic and Medicine des Coral, Manchester attendait un nouveau miracle dans la boutique Oasis et Sheffield ne s’était pas remise de la tornade Pulp. Ella Guru a publié un disque et est reparti discrètement. Depuis ? Silence radio. Violette Records (responsables de disques notables signés Michael Head, Studio Electrophonique ou The Reed Conservation Society), qui fait fi de la mode des radios FM, a écouté son instinct et permet aujourd’hui à John Canning Yates de faire son retour. Et quel retour. Continuer la lecture de « Les portraits sepia de John Canning Yates »

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Les Fulgurances de Silicone Values

Depuis plus de 20 ans, le label SDZ records trace sa route au gré de sorties de qualité, et a su dénicher bon nombre de groupes : Cheveu, The Limiñanas, The Mantles, Le Villejuif Underground, Exek, pour ne citer qu’eux. Nico, à la tête de cette petite affaire, un appétit musical féroce, ne se restreint à aucun genre, il est capable de sortir la musique expérimentale de CIA Débutante et Ricardo Dias Gomes autant que la pop bricolée des Helvètes Léopardo ou celle de Rose Mercie. Il y a quelque temps, il avait évoqué un groupe anglais obscur de Bristol dont on ne sait que peu de choses : Silicone Values, dont il écoutait attentivement les 45 tours ou morceaux postés sporadiquement sur le bandcamp du groupe depuis 2020. Continuer la lecture de « Les Fulgurances de Silicone Values »

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Sous Surveillance : A Ghost Column

A Ghost Column
A Ghost Column / Photo : DR
Qui ?

Victoria RH (voix, guitares, claviers)
Sophie Ellison (guitares, voix)
Syd Kemp (basse, voix)
Callum Brown (batterie)

Où ?

Hackney, Londres

Hasard des rencontres, nous avons croisé récemment Syd Kemp et Victoria au Motel, le lendemain de leur concert en première partie d’En Attendant Ana au Trabendo à Paris. Malgré leur carrière à ses prémices (un seul titre sur Soundcloud / Youtube), ils ont révélé un univers très prometteur, où on peut sentir une filiation avec les autres projets de Syd, comme le collectif HAHA Sounds ou Ulrika Spacek avec qui il collabore. Voici les tout débuts de leur histoire qu’on leur souhaite très longue, nichée dans un petit quartier de Londres.

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Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings)

Ed Harcourt est le dernier grand romantique. On le savait déjà, mais il nous le confirme avec ce nouvel album au titre évocateur, El Magnifico. Enregistré dans sa maison et dans une église, ce disque nous ramène à la grande époque de cet éternel jeune premier. Alors que le monde s’enflammait pour les Strokes (à juste titre) et pour le premier disque des Libertines (ce qui se discute), Ed Harcourt campait sur ses positions en s’enfermant avec un Death In Vegas et Gil Norton pour faire se rencontrer les disques de Radiohead et les débuts d’Elton John sur son premier album. Continuer la lecture de « Ed Harcourt, El Magnifico (Deathless Recordings) »

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The Mighty Lemon Drops, Happy Head (Blue Guitar, 1986)

En France, pour la musique d’outre-Manche, nous connaissons mieux la région des Midlands de l’Ouest à travers la ville de Birmingham (Black Sabbath, The Move, Dexys Midnight Runners, Broadcast, ELO…) ou Stourbridge (et son improbable scène Grebo). Pourtant, du coté de Wolverhampton, il s’est parfois aussi passé des choses. Dans les années 70, le club The Catacombs fut à l’avant garde de la northern soul, tandis que Slade frayait dans les charts avec leur glam-rock prolétaire. Plus proche de nous, Goldie, Cornershop ou les one-hit wonders de Babylon Zoo viennent du coin. The Mighty Lemon Drops se forment également là-bas en 1985. Continuer la lecture de « The Mighty Lemon Drops, Happy Head (Blue Guitar, 1986) »

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Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique »

Sean O'Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell
Sean O’Hagan (High Llamas) / Photo : Simon Russell

Une semaine s’est à peine écoulée depuis la publication de Hey Panda et dans le Landernau – petit, convenons-en – des passionnés d’indie-pop, le débat commence déjà à faire rage. Sacrilège ! On entend de l’auto-tune sur le nouvel album des High Llamas, ces gardiens consacrés d’un temple dont les piliers semblaient sculptés, depuis plus de trente ans et donc pour l’éternité, dans le marbre inaltérable de Pet Sounds (1966). A chaque époque ses dogmes et ses trahisons, ses Dylan électriques et ses « Judas ! ». Toujours est-il qu’on ne peut pas feindre de s’épancher sur la Rétromanie galopante, déplorer que tout est déjà joué, rejoué et archi-joué et ne pas, au moins, consentir à jeter une oreille intriguée et admirative sur cette tentative pour rebattre aussi vigoureusement les cartes alors même que – coïncidence sans doute – un revival Microdisney bât son plein au Royaume-Uni après la diffusion toute récente d’un documentaire dont Sean O’Hagan pourrait se contenter d’assurer le service après-vente. Continuer la lecture de « Sean O’Hagan (High Llamas) : « Je ne veux pas être qu’un conservateur du musée de la musique » »

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Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records)

Quarante ans d’activité musicale, voilà qui n’est pas rien. Le flux des années s’accélère inexorablement et il est sans doute logique, peut-être inévitable, que les dernières œuvres de Pete Astor en portent la marque. Qu’il s’agisse d’évoquer avec une pointe de résignation sereine ce qui reste encore à créer à l’approche de l’échéance – Time On Earth (2022) – ou bien encore, comme ici, de se retourner quelques instants, le temps de contempler avec un regard différent quelques-uns des fragments impérissables de ce qui demeurera après la fin. Une œuvre, des chansons – douze en l’occurrence – souvent extraites des jalons les moins balisés de son répertoire et qui, rassemblées, semblent former un autre récit. Avec un sens intact de l’élégance et de la précision juste, Astor laisse ainsi le présent recolorer le passé. Continuer la lecture de « Pete Astor, Tall Stories & New Religions (Tapete Records) »