Stranger Teens #20 : « Stand By Me » par Ben E. King

Tout l’été, les morceaux qui ont sauvé notre adolescence.

Hiver 1992. J’ai 13 ans, l’air d’en avoir 9, un duffle-coat rouge et des lunettes. Mon collège organise un échange avec Wellington, un pensionnat anglais pour enfants privilégiés. Nous ne sommes presque que des filles à partir, il n’y a presque que des garçons (en uniforme), j’entrevois l’espoir d’un premier baiser. Après presqu’une semaine de rêve dans un cadre magique bien avant l’apparition du sorcier à lunettes, c’est au tour des anglais de venir chez nous. Les premiers couples sont déjà formés, et dans un élan de courage, j’ai osé dire au timide Robbie qu’il me plaît pendant 58 Minutes Pour Vivre, le premier film que mes parents m’ont laissé aller voir seule au cinéma. Pas de réaction. J’ai le cœur brisé, et après que mon correspondant m’ait aimablement signalé que j’étais plus jolie sur la photo que j’avais envoyé, le peu d’estime qu’il me reste est anéanti. C’est déjà le dernier soir, celui de la boum. J’adore Ben E. King, grâce à un CD que ma sœur a acheté, avec des Elvis et des Ray Charles, chez Disc O’King, cette chaîne où l’on pouvait trouver des disques d’assez mauvaise qualité d’artistes des années 50 et 60. Les premières notes de Stand By Me rententissent, et Angus, le meilleur ami de Robbie, un grand brun aux yeux bleus, vient m’inviter à danser un slow, manifestant pour la première fois son intérêt et me réconciliant un peu avec ce qu’il convient d’appeler l’âge ingrat. Je n’aurai plus peur, et je ne pleurerai plus, pas tant que j’aurai ou non le garçon, mais tant que j’aurai la musique. Mon Stand By Me ne sera donc pas une histoire d’amitié entre quatre copains dans une quête mystérieuse, ni une affaire sentimentale, mais le début d’une vie de joie douce-amère et de réconfort trouvés dans les violons (ici de Stanley Applebaum, également responsable des cordes sur Save the Last Dance For Me des Drifters, Spanish Harlem de Ben E. King ou Sealed With A Kiss de Brian Hyland) qui donnent leur charme éternel aux amours juvéniles.


Stand By Me par Ben E. King est sorti en 1961 sur le label ATCO, et a été la bande originale du film du même nom réalisé par Rob Reiner en 1986.

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