Sharp Pins, Balloon, Balloon, Balloon (K Records / Perennial)

A peine moins d’un an après la sortie de Radio DDR – le second album étincelant de Sharp Pins qui nous a mis une claque étourdissante -, nous étions dans l’attente fébrile du nouveau disque de Kai Slater. Mais nous pouvions avoir quelques appréhensions quant à la capacité du jeune prodige de Chicago à tenir la distance à un tel niveau. Après tout, des débuts tonitruants ne garantissent pas inévitablement le maintien de l’inspiration et du feu sacré. Combien de groupes en lesquels nous avions placés de trop grands espoirs ont épuisé toutes leurs réserves au bout de deux disques et sont par la suite devenus l’ombre d’eux-mêmes ou ont soudainement disparu des écrans-radars…

Kai Slater (Sharp Pins) / Photo : Bandcamp
Kai Slater (Sharp Pins) / Photo : Bandcamp

Avec l’éblouissant Balloon, Balloon, Balloon, Kai Slater nous laisse tout simplement sur notre séant et s’impose à seulement vingt ans et des poussières comme un compositeur-interprète touché par la grâce. Car ce n’est pas d’une poignée de chansons sympathiques dont il a ici accouché, mais d’un album entier d’authentiques petits bijoux pop, où l’exigence mélodique est sublimée par une musique des plus racées, servie par une production artisanale et intimiste, comme on les appréciait chez un Tim Presley. On ne peut qu’être sidéré par des tubes en forme de classiques instantanés comme Popafangout, I Don’t Have the Heart, Fall in Love Again, I Wanna Be Your Girl, Takes So Long ou Stop To Say Hello, qui montrent l’insolente constance de l’inspiration de Slater sur tout le disque, qui ne laisse aucune place à la médiocrité.

Par son ambiance générale, Balloon, Balloon, Balloon a quelque chose de la spontanéité joyeusement bordélique de Like Flies On Sherbert d’Alex Chilton, tout en retrouvant la magie des premiers Beatles, à tel point qu’on semble parfois entendre un jeune Lennon, mais qui aurait été biberonné à Guided By Voices et aux Byrds.
On ne trouvera peut-être pas meilleur album de pop à mettre au pied du sapin de Noël 2025 et je vais personnellement prier Jah, Vishnou ou Belzebuth pour que Slater viennent faire retentir les accords carillonnants de sa douze-cordes magique en France l’an prochain, dans quelque festival. Allo ? TINALS, tu nous écoutes ?


Balloon, Balloon, Balloon par Sharp Pins est disponible chez K Records / Perennial

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