Rrrrose Azerty, c’est la vie 4.0, c’est-à-dire ce qui grouille d’encore vivant sous la bannière fière de celle.ux du camp du faire, c’est-à-dire, encore autrement dit, de ce qui reste d’enrichissant et d’autonome sous les échangeurs mornes des autoroutes de l’information siglées GAFAM. Rrrrose Azerty, vous la croiserez au détour d’un clic, tout comme moi un jour enjouée par le vidéo-clip génial et HYPER-rom-CORE de son titre Extrêmement PD de toi mis en images par la vidéaste Sofia Versaveau. Ou bien encore sur Twitch au cours du premier épisode d’un podcast prometteur, Gamedolls Advance, à tirer les fils du lien fort convaincant entre Erik Satie et Hatsune Miku. Rrrrose Azerty, c’est donc la personne à suivre si vous aimez les blips et les bloops du DIY extraordinaire, la musique utilitaire et libératrice accessible à tous.tes, les catalogues infinis de musique noise et improvisée, les oscillations entre dark folk et chiptune, quelque part exactement donc entre Animal Crossing et The Caretaker. Rrrrose Azerty nous fait le plaisir ici de nous faire cliquer sur cette sélecta bien sentie où les lecteur·ices de Section26 seront ravi·es d’y trouver Cindy Lee ou bien Ada Rook de Black Dresses ainsi que quelques pistes pour suivre d’autres lapins blancs. De Rrrrose Azerty, vous avez donc ensuite toute la vie pour cliquer sur son site ici, sur son bandcamp là, et de jouer à loisir à ses jeux vidéo sur itch.io. Et de découvrir également, car ils sortent aujourd’hui même, deux nouveaux albums PPPPPINK QWERTY est un·e skateureuse de guitare et DOG COVERS, au programme duquel vous attendent, comme une cerise sur le gâteau, des reprises de bon aloi de Noir Boy George ou bien de Nirvana.
01. Cindy Lee, Wandering & Solitude
Le travail de Patrick Flegel en Cindy Lee m’impressionne à chaque écoute. Sa voix, spectrale, camouflée dans ce flot brumeux bruitiste, ces synthétiseurs grinçants, ses guitares tranchantes de douceur, cette tendresse dans chaque arpège, brouillon. Wandering & Solitude est pour moi une de ses chansons les plus solaires. Rassurante les jours de soleil comme de pluie.
02. Rook, Graceless
Je ne minimiserai pas l’influence qu’a eu Ada Rook sur mon travail créatif, ça a été massif et continu. Ce qui me fait accrocher à ce premier album particulièrement est que je l’ai vu se construire de mois en mois sur son Soundcloud. Des morceaux apparaissaient, puis disparaissaient, réapparaissaient, changés, de petits détails. Et Graceless faisait partie de ces titres apparitions/disparitions. Je me souviens encore de la puissance de sa mise en ligne, cette intensité dans le rythme, ses guitares tellement appuyées et presque anti-groove, et cette longue évolution qui culmine sur ce fracassement de percussions, et cette basse, cette basse, qui roule sur le temps. Quel fut ce sentiment de vide quand le morceau aussitôt apparu finit par disparaître lui aussi de Soundcloud, comme il était arrivé. Il aura fallu attendre la sortie de l’album pour le réentendre dans toute sa splendeur, son énergie écrasante de nouveau là.
03. Twinsistermoon, House Carpenter’s Daughter
Je ne sais réellement expliquer ce qui me hante le plus dans cette simple chanson. Elle revient, sans cesse, comme une chanson de Programme. Est-ce cet arpège de guitare qui tapisse cette voix qui craquelle au creux des oreilles, si proche, à deux doigts de tomber à l’intérieur de la tête tellement qu’elle s’approche avec douceur de nos tympans ?
04. Dreamcrusher, Youth Problem (Feat. Alice Glass)
C’est un désir commun des noiseureuses de cœur de vouloir habiter le vide. Je me demande ce que je ferai si j’en étais en capacité. Peut-être danser, continuellement, dans cette négation de l’espace, vibrant des beat et vagues noises brutales de Dreamcrusher.
05. RedMuffler, ALL TRACKS NON STOP
(Mais en vrai surtout 大丈夫？声ネタにされない？(MEMEME-SARENAI))
Je triche en proposant l’album complet d’une traite parce qu’en vrai, en vrai… Quelle force, cette hyper eurobeat qui donne une énergie gigantesque. Ces synthés stabs de puissance qui frappent droit au cœur, précision chirurgicale du MIDI pour une accélération infinie. Powerwalk plein gaz, faire avancer avec ténacité, l’effort du drift quand il n’y a plus que ça pour garder la tête au dessus de l’eau.
06. Peace, Sisters
Tout le travail de sampling et d’instrumental que fait Peace est incroyable. Elle compose des beats merveilleux qui m’entêtent sans cesse. Sisters est une de mes préférés par son introduction repris de Magnetic Attractions des Y Pants.
07. hsiu, i miss you.
J’ai toujours trouvé la nightcore fascinante. On ressent parfois une forme de mépris dans les éléments nightcorisés, et il y a pas mal de critiques comme quoi c’est un genre développé avec peu de travail derrière, qu’il suffirait de juste mettre un kick sur une musique accélérée et pitchée, et qu’il serait ridicule d’aimer des voix de chipmunks. Ces voix altérées me parlent, bien souvent plus profondément que ce que je crois. hsiu fait parti de ces entités dont je trouve le travail gigantesque et qui me fait grandir. Cet album dont fait parti i miss you. m’apaise dans ses breakbeats et ses voix accélérées et réverbérées. Comme une impressionnant de souvenir lointain accéléré par l’euphorie du désir d’y repenser et de s’en submerger.
08. XINLISUPREME, I am not Shinzo Abe
Cette chanson, comme cet album, est une performance politique magistrale de XINLISUPREME. L’histoire serait longue à conter, mais que cette chanson existe encore tient d’un désir d’expression puissant. Au-delà de tout ça, cette chanson est un pure déluge de distorsion massive, une euphorie magnifique, une envie de vivre et de se déterminer qui transcende le corps.
09. Happyender Girl, ポッキーゲーム [has already begun]
ポッキーゲーム [has already begun] est une chanson impliquant la vocaloïd Hatsune Miku que je trouve particulièrement triste dans sa sonorité et son évolution. Son refrain me plonge toujours dans une mélancolie traînante. Je l’aime par dessus tout et est un ver d’oreille régulier de fin de soirée solitaire.
