Jamais deux sans trois. Après Lush – dont les trois albums ont été réédités en vinyle cet été – et Piroshka – dont on ne sait pas encore si l’existence a juste été mise entre parenthèses –, Miki Berenyi a profité de la tournée promotionnelle qui a accompagné la parution l’an dernier de son excellente biographie, Fingers Crossed, pour imaginer une troisième voie. En… trio donc, accompagné par son compagnon Kevin J McKillop – plus connu parfois sous son alias Moose – et le bassiste Ollie Cherer, elle continue sa quête d’une pop rêveuse et enchanteresse, nerveuse et entêtante. Car ce projet à l’origine récréatif est en effet devenu une aventure sérieuse. Au Paris Popfest, le groupe donnera son tout premier concert hors de ses terres natales, le temps d’un set qui verra se côtoyer des classiques de Lush, des chansons de Piroshka, de nouvelles compositions et aussi sans doute une surprise le temps d’une dernière… reprise. En attendant une prestation qui qui conjuguera le présent au passé composé et au futur proche, le trio livre ici même quelques-uns de ses morceaux de chevet.
FACE MOOSE
01. Benjamin Biolay, La Superbe
J’ai réécouté récemment cet album pour la première fois depuis des années. J’avais complètement oublié à quel point je l’aimais au moment de sa sortie. Il y a tellement de nouveautés que j’aime découvrir qu’il est finalement facile d’oublier des disques, surtout ceux sortis dans un passé “récent” – mais je ne me plains pas. J’aurais pu choisir n’importe quel titre de ce disque – j’adore Ton Héritage – mais les arrangements sont ici vraiment extraordinaires.
02. Daniel Avery, Higher
C’est un morceau de son dernier album en date, Ultra Truth. C’est un disque génial et une fois encore, j’aurais pu en choisir n’importe quel titre, mais j’ai gardé celui-ci car j’ai vu plusieurs fois Daniel Avery sur scène et Higher résume à la perfection ce qu’il fait de mieux. C’est aussi l’artiste que j’écoute sans doute le plus quand je roule à vélo à travers Londres – mais je vous déconseille de faire ça les enfants, c’est dangereux.
03. Protomartyr, Cowards Starve
Je reviens toujours à l’album paru en 2015, The Agent Intellect, même si tout ce que Protomartyr produit est vraiment excellent. C’est mon groupe de scène préféré de ces dernières années et je ne rate aucun de ses concerts. Cette chansonfait parmis de celles qui résonne toujours dans mon casque – et ce ne sera pas une surprise si je deviens sourd.
04. Makaya McCraven, Sunset
J’ai découvert récemment cet album, Deciphering The Message, grâce à mon fils. Il joue de la batterie et il est toujours sur le qui-vive, à la recheche de choses cool à découvrir et partager. J’adore l’ambiance de ce morceau.
05. Ahmad Jamal, Saturday Morning
Il est décédé récemment et c’est sans doute la raison qui m’a fait me replonger dans ce disque, paru il y a une dizaine d’années. J’ai eu la chance de voir Ahmad Jamal sur scène du Festival Hall peu de temps après la sortie de cet album et c’était fantastique. Malgré le poids des années, son style de jeu était resté d’une habileté folle. Si je reviens souvent à ces pianistes que sont Ahmad et Abdullah Ibrahim, c’est pour la douceur de leur jeu, de leur touché.
FACE OLLIE
01. Jane Weaver, Argent
Cette chanson surgit à chaque fois que l’algorythme prend le pouvoir ! Alors, si les machines sont aussi fiables qu’on veut bien le dire, cela signifie que cette chanson est au cœur même de mes plaisirs musicaux.
02. Föllakzoid, I
Cet album m’accompagne au quotidien depuis sa sortie, il y a deux ou trois ans. Ce sont quatre faces d’un groove sombre et unique, quelque part entre une techno doom et menaçante et l’euphorie d’une danse heureuse. Je ne peux pas m’en passer.
03. Lael Neale, No Holds Barred
Le disque le plus artisanal que j’ai écouté cette année. Absolument charmant avec de très belles mélodies et des paroles intrigantes, à la fois personnelles et sexy. J’aurais pu choisir n’importe quelle chanson de cet album.
04. Tom Tom Club, Genius Of Love
Quand Miki, Moose et moi avons commencé à écrire ensemble, ce disque s’est imposé immédiatement comme une référence. Ça a été une vraie joie de découvrir que nous partagions une même passion pour ce single. Cette chanson me donne toujours le sourire et Tina Weymouth a toujours fait partie des raisons qui rendent la vie plus belle.
BONUS MIKI
01. Stephen Hero, Deciduous Eccentric
L’un des meilleurs côtés de la promo que j’ai pu faire pour la sortie de mon autobiographie, Fingers Crossed, a été de retrouver la trace de vieux amis que j’avais perdu de viue depuis des années. Patrick Fitzgerald de Kitchens of Distinction est venu à la rencontre organisée à Manchester l’année dernière et on se voit assez souvent depuis. Lors de l’un des diners qu’il nous a préparé, il m’a aussi donné un exemplaire de cet album. Je crois qu’il l’a imaginé comme un chant du cygne, mais je n’arrête pas d’essayer de le convaincre de continuer de composer… C’est un disque superbement mélodique, les arrangements sont remarquables. Et même si les textes sont parfois sombres, la voix de Patrick traduit si bien ce que peuvent être les petits plaisirs de la vie – elle résonne comme un poing levé à la face du malheur. Le monde a besoin de plus de chansons de cette trempe !
02. Rozi Plain, Prize
Je ne suis pas très douée pour partir à la découverte de nouveautés – il faut vraiment me les mettre sous le nez, comme le fait Moose, qui est bien plus curieux que moi, ou partager l’affiche avec un groupe. Nous avons joué au Howlin’ Fling cette année, un festival – le terme de rassemblement conviendrait sans doute mieux – organisé sur l’île de Eigg en Écosse. Johnny Lynch (The Pictish Trail/Lost Map Records) nous a invités – disons plutôt que je l’ai harcelé jusqu’au moment où il a fini par cédé. J’y ai vu Rozi Plain jouer dans une petite grange sur une île isolée, puis trinqué, discuté au coin d’un feu avant de rentrer à l’hôtel en flânant sous une voute étoilée – et tout cela en fait l’expérience la plus magique que j’ai pu vivre à un concert. La musique de ce groupe réussit à être en même temps fragile et forte, intime et complexe, sans pour autant donner l’impression de fournir le moindre effort.
